Notre réponse aux organisateurs du colloque de Locarn

Notre réponse aux organisateurs du colloque de Locarn

Le 7 Juillet 2022 – Vous décidez de maintenir la venue de l’Ambassadeur de Birmanie en France à votre événement, après avoir été alerté tant par la société civile que par la délégation française du Gouvernement d’unité nationale (NUG) du caractère inapproprié d’une telle invitation.  

Votre argumentaire élude malheureusement le sujet de notre interpellation, puisque ce ne sont ni votre objet social ni vos intentions qui sont en cause. C’est précisément parce que l’objet de votre colloque ne relève pas à la base d’un grand enjeu diplomatique qu’une position de principe envoyant un message fort en soutien au peuple birman, aux principes démocratiques et aux droits humains est accessible et nécessaire.

Pour les raisons suivantes :

  • Inviter l’Ambassadeur de Birmanie en France revient à reconnaître la légitimité de la junte militaire, que vous le vouliez ou non.
  • En tant qu’organisation aux valeurs humanistes, vous devriez prendre position en faveur du peuple birman, des principes démocratiques et des droits humains.
  • La position de l’ASEAN elle-même face à la situation en Birmanie est que seul des représentants non politiques sont associés aux engagements diplomatiques. En conséquence, à titre d’exemple, le Ministre des affaires étrangères birman est exclu du prochain sommet de l’ASEAN qui doit avoir lieu au Cambodge.
  • Le Sénat français encourage le Gouvernement français à reconnaître le NUG comme gouvernement légitime dans une résolution du 5 octobre 2021.

Pour toutes ces raisons, votre position reste contestable. Vous prétendez pouvoir fermer les yeux sur le contexte politique dans lequel se tient votre colloque, mais il ne vous viendrait sans doute pas à l’esprit d’accueillir l’Ambassadeur russe lors d’un événement destiné à promouvoir les produits de votre région. Vous vous défendez de faire de la politique, mais vous êtes rattrapés par le politique et décidez sciemment d’en faire abstraction.

Nous soulignons enfin que l’usage que vous faites de l’intermédiation d’un moine nous interpelle tout autant, comme si le statut de vénérable de votre conseiller dans l’organisation de ce colloque validait votre position. Il n’en est rien, et le contexte birman illustre malheureusement les conséquences dramatiques de l’instrumentalisation du religieux dans le champ politique.

Les acteurs économiques bretons désireux d’investir en Birmanie sous le joug de la junte devront garder à l’esprit que celle-ci est infréquentable et qu’elle possède de vastes intérêts dans l’économie birmane, lesquels sont visés par des sanctions internationales.

Laurence Fehlmann Rielle,

Présidente de lAssociation Suisse Birmanie

Mathieu Flammarion

Président de l’association Info Birmanie