Arrestation de Kyaw Hla Aung, militant Rohingya

Arrestation de Kyaw Hla Aung, militant Rohingya

Thein Sein continue de persécuter les défenseurs des droits de l’homme, malgré sa promesse de libérer tous les prisonniers politiques.

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U Kyaw Hla Aung,  éminent avocat Rohingya et ancien salarié d’une ONG humanitaire, a été arrêté le 15 juillet. Il est accusé d’avoir incité des déplacés internes Rohingyas à manifester contre leur recensement de force en tant que « Bengali » par les autorités.

Selon Info Birmanie, « Il est inadmissible que le gouvernement actuel continue de mettre en place des restrictions sur les libertés fondamentales et sur ??le travail des défenseurs des droits de l’homme ».

Si des centaines de prisonniers politiques ont été libérés, le nombre croissant de détentions arbitraires donne à réfléchir. « Depuis janvier 2012, il y a eu au moins 200 arrestations politiquement motivées. Le gouvernement actuel utilise en effet la législation et les lois répressives pour persécuter et intimider les personnes qui osent exprimer des opinions contraires aux intérêts de l’État », a indiqué Info Birmanie

L’arrestation de Kyaw Hla Aung a eu lieu, le jour même où le Président birman, en visite en Europe, déclarait : « Je vous garantis que d’ici la fin de cette année, il n’y aura plus de prisonniers d’opinion en Birmanie. ». Cette promesse, mise en cause immédiatement, illustre l’hypocrisie des déclarations de Thein Sein. Malgré les demandes, le bureau du Président n’a fait aucun commentaire.

Depuis qu’il a été arrêté, U Kyaw Hla Aung, n’a pas eu le droit à un avocat et n’a pas pu contacter sa famille. Les charges retenues contre lui l’accuse d’avoir organisé une « émeute menée avec des armes mortelles », et d’avoir « incité des individus à prendre part à une assemblée illégale ». Il est également accusé d’avoir blessé volontairement un agent de la fonction publique, pour le détourner de son devoir.

Le 26 avril un groupe de jeunes Rohingyas du camp de réfugiés de Boduba, dans l’Etat d’Arakan, avait refusé de remplir un formulaire les forçant à renier leur origine ethnique et les excluant de leur nationalité birmane. La situation a dégénérée jusqu’à ce que les jeunes attaquent plusieurs agents de la police de l’immigration.

U Kyaw Hla Aung est accusé d’avoir ordonné par téléphone aux jeunes, d’attaquer les officiers. Selon sa famille, U Kyaw Hla Aung tentait au contraire de calmer la foule en colère. U Win Myaing, le porte-parole du gouvernement dans l’Etat d’Arakan, a déclaré qu’il n’était pas au courant des détails du cas de U Kyaw Hla Aung, mais que la police n’aurait pas arrêté un activiste, seulement pour ses convictions. « Je ne crois pas que cela arrive » a-t-il ajouté.

U Kyaw Hla Aung  a déjà passé plus de 16 ans en prison en Birmanie, en raison de sa participation à des activités pacifiques. Il a également été accusé par la police birmane d’être lié à Al Qaeda, sa maison a été brulée et il est surveillé et harcelé chaque fois qu’il n’est pas en prison. En juin 2012, il a été placé en détention arbitraire avec plusieurs travailleurs humanitaires Rohingyas, à la suite des violences qui avaient opposé les communautés bouddhiste et musulmane dans l’État d’Arakan. Il a été relâché en août 2012.

Aujourd’hui âgé de 74 ans, il souffre d’hypertension et de problèmes gastriques nécessitant un traitement médical. Il devrait comparaître en justice le 15 août.