PRISONNIER POLITIQUE DU MOIS : THANT ZIN HTET

PRISONNIER POLITIQUE DU MOIS : THANT ZIN HTET

La communauté internationale doit appeler à la libération immédiate et inconditionnelle de tous les prisonniers politiques

Thant Zin Htet est un jeune étudiant de 22 ans, originaire de Nattalin, dans la division de Bago. Il étudie l’anglais à l’Université de Pyay. Avant d’être arrêté, il militait pour la promotion de la démocratie, des droits de l’homme et des droits des paysans.

Agissez ! Écrivez à l’Union Européenne pour demander la libération de Thant Zin Htet !

Le 10 juin 2013, accompagné de deux autres activistes, il s’est rendu dans le village de Pae Ma Khan, dans la division de Bago, pour soutenir les paysans qui occupaient les terres qui leur ont été confisquées par l’armée il y a presque vingt ans.

Le lendemain de la manifestation, les trois militants  ont été appelés à rencontrer le chef des autorités locales du district de Nattalin. À leur arrivée, ils ont été arrêtés et conduit par la police devant la Cour de Nattalin. Lors de son arrestation, Thant Zin Htet a été accusé à tords d’avoir participé à une organisation illégale et de manifester sans autorisation.

Il a été inculpé sous deux chefs d’accusation différents : la Section 6 de la loi relative à la formation d’une organisation, ainsi que l’Article 18 (b) de la loi sur les manifestations et les rassemblements pacifiques. Détenu dans la prison de Paungde, il attend toujours son procès. S’il est déclaré coupable, il risque de purger une peine de 6 ans de prison. Le fait d’avoir un casier judiciaire lui interdirait notamment de poursuivre ses études une fois libéré.

Depuis plusieurs mois on assiste à une  augmentation spectaculaire du nombre de personnes arrêtées en raison de leurs activités politiques pacifiques. Il est encore plus préoccupant de noter que ces arrestations ont lieu en vertu de nouvelles lois, notamment la loi autorisant les manifestations. Il est aussi maintenant clair que le comité chargé d’enquêter sur les prisonniers politiques ne répondra pas de façon substantielle à la question des prisonniers politiques en Birmanie.

LA SECTION 18 DE LA LOI SUR LES MANIFESTATIONS ET LES RASSEMBLEMENTS PACIFIQUES

De nombreux militants ont été arrêtés en vertu la section 18 de la loi sur les manifestations et les rassemblements pacifiques, adoptée le 5 juillet 2012. Elle légalise le harcèlement judicaire et impose de sévères restrictions aux activistes. Elle est contraire aux standards internationaux sur la liberté d’expression ainsi qu’à ceux prévus au sein même de la constitution birmane.

Elle illustre comment le gouvernement utilise le cadre juridique pour parvenir à ses fins : elle peut être utilisée à la fois pour condamner les défenseurs des droits de l’homme et intimider les militants qui osent exprimer des opinions contraires aux intérêts de l’État ; mais aussi pour autoriser les rassemblements qui conviennent aux autorités.

LIBÉRER DES PRISONNIERS POLITIQUES POUR EN ENVOYER D’AUTRES EN PRISON N’A AUCUN SENS

S’il faut se réjouir de la libération de nombreux prisonniers politiques depuis mai 2011, et de l’engagement du président de libérer d’ici la fin de l’année 2013 tous les prisonniers politiques, plusieurs centaines sont toujours détenus dans les prisons birmanes et le nombre croissant de détentions arbitraires donne à réfléchir. Depuis janvier 2012, il y a eu au moins 200 arrestations politiquement motivées. Les militants des droits de l’homme continuent de payer le prix fort pour exposer et mettre en évidence les injustices La libération de 56 prisonniers politiques le 8 octobre dernier, fait suite à une amnistie et non à une grâce présidentielle, la différence réside dans le caractère conditionnel de leur libération. S’ils sont de nouveau arrêtés, les détenus purgeront le reste de leur peine initiale.

Le gouvernement birman continue d’utiliser les annonces de libération comme un outil de relations publiques. Les prisonniers politiques servent de monnaie d’échange pour acquérir une certaine légitimité auprès de la communauté internationale. À titre d’exemple, ce mois-ci la libération des 56 prisonniers intervient alors que la Birmanie vient de prendre la présidence de l’Asean (l’Association des Nations d’Asie du Sud-Est) et que le 23e sommet de l’ASEAN se tenait à Brunei avec pour thème « notre peuple, notre avenir ensemble ».

En plus d’appeler à la libération immédiate et inconditionnelle de tous les prisonniers politiques, la communauté internationale devrait  appeler à la mise en place d’un mécanisme d’examen permanent et véritablement indépendant,  afin d’évaluer si des prisonniers ont été incarcérés injustement. La Birmanie doit également s’engager à suspendre de façon immédiate l’application de toutes les lois répressives jusqu’à ce qu’elles soient abrogées ou révisées, afin que la Birmanie rentre en conformité avec le droit international et les standards internationaux relatifs aux droits de l’homme. 

Agissez ! Écrivez à l’Union Européenne pour demander la libération de Thant Zin Htet !

Vous pouvez aussi:

– Signer la pétition: « un prisonnier de conscience est un prisonnier de trop »
– Écrire à François Hollande pour demander la libération de Kyaw Hla Aung !