La situation ne s’améliore pas dans les États Shan et Kachin

La situation ne s’améliore pas dans les États Shan et Kachin

Les combats continuent dans certaines zones du nord de l’Etat Shan et de l’Etat Kachin. L’armée birmane utilise de l’artillerie lourde et continue les bombardements. Les affrontements ont fait de nombreux déplacés internes (IDPs) et les populations civiles, terrifiées, sont en danger. Les populations qui avaient réussies à se réfugier en Chine sont sommées, en fonction de leurs villages d’origines, de prendre le chemin du retour alors que l’accès humanitaire est restreint et que de nombreuses habitations ont été détruites par les conflits. Info Birmanie se joint aux organisations du Joint Strategy Team[1], à l’origine de ce communiqué pour demander la protection des populations civiles, l’arrêt immédiat des hostilités ainsi qu’un accès humanitaire régulier.

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Le 27 décembre 2016

1. État Kachin

La militarisation, les combats, l’utilisation de frappes aériennes et de l’artillerie lourde se poursuivent dans l’État Kachin, particulièrement dans les zones de Gidawn et Laihpawng, d’In Jang Yang et Shwe Gy. Le 27 septembre 2016, des combats intenses entre les forces armées gouvernementales et l’Armée Indépendante Kachin (KIA) ont eu lieu dans la zone de Laihpawng. Des obus de mortier ont été lâchés plus de cinq fois à proximité des camps de déplacés internes (IDP) Zai Awng/Mugga Zup en fin d’après-midi. Les IDPs sont terrifiés par ces incidents et certains commencent à fuir les camps, au sein desquels la situation devient chaotique. Jusqu’à maintenant, aucun blessé n’a été rapporté.

Les forces armées gouvernementales ont augmenté le nombre de postes de contrôle le long de la route principale de l’État, ainsi que dans sa capitale Myitkyina. Les arrestations de civils qui se déplacent la nuit représentent une inquiétude majeure pour la population. Des bombardements ont eu lieu dans le village Aura le 16 décembre et dans la zone d’In Jang Yang le 18 décembre. Suite à ces incidents, 60 nouveaux IDPs sont arrivés dans le camp Waingmaw KBC et il pourrait y avoir de nouvelles arrivées prochainement.

Les IDPs ont été traumatisés par les affrontements récents, particulièrement dans les camps de Zai Awng/Mugga Zup et Maga Yang. Suite aux dernières évolutions, la situation est très tendue. Les IDPs qui se trouvent dans les zones affectées par les conflits sont en état d’alerte (en particulier les zones de Zai Awng, Maga Yang, Hkau Shau, Laiza et Ja Yang). Malgré la peur et la panique, ils ont préparés leurs affaires afin de pouvoir fuir à tout moment. Les populations sont très inquiètes d’un nouveau déplacement pendant l’hiver, ce qui serait très difficile. Si la situation s’empire, les IDPs n’auront nul part où aller excepté en Chine, ce que les populations souhaiteraient éviter.

2.    État Shan du nord

Le 27 décembre, les conflits armés se sont poursuivis dans différents lieux du Nord de l’État Shan et la militarisation augmente.

Les zones de Mungkoe, Hpawng Seng et Kyu Kodke – Pang Hseng : la plupart des IDPs sont en train de retourner dans leurs villages. Les autorités chinoises insistent auprès de tous les civils qui avaient trouvé refuge dans les camps chinois de Manhai et Wan Din pour qu’ils retournent dans leurs villages. Les écoles rouvrent dans la région. Cependant, les étudiants de l’école de Mungkoe, détruite pendant les conflits, étudient actuellement dans les locaux de la mairie. Les marchés reprennent mais les villageois ne sont pas encore en mesure de retourner dans leurs fermes. Il est à nouveau possible d’emprunter la route de Mungkoe à Muse, en passant de nombreux postes de contrôle.  Les villageois de retour à Mungkoe ont besoin d’aide alimentaire, ainsi que pour le logement. Leurs maisons ont été incendiées ou détruites pendant les conflits et ont besoin réparées et/ou reconstruites. Alors qu’ils sont rentrés à Mungkoe, certains continuent de louer une chambre en Chine au cas où ils devraient fuir encore. Cependant, seuls les titulaires d’un passeport sont autorisés à rester. Actuellement, il semblerait qu’environ 2 500 IDPs soient toujours dans les zones frontalières en raison des conditions de sécurité dans leurs villages d’origines à Nawng Jang, Nawng Hpai, Man Pying, Hpai Kawng ainsi que la zone de Hpawng Seng.

Deux civils de Mungkoe – Mr. Dumdaw Nawng Lat et Mr. Langiaw Gam Seng – sont portés disparus depuis le 24 décembre. Ils accompagnaient et assistaient des journalistes pour un certain nombre de médias nationaux à Mungkoe.

La zone de Kutkai : plusieurs conflits armés ont eu lieu dans cette zone la semaine dernière, notamment avec de l’artillerie lourde, affectant les populations civiles dans la zone. Le 17 decembre, 121 villageois de Manlung ont été détenus par les forces armées gouvernementales dans une église pendant une nuit, et ont été déplacés de leur village à Kutkai le 20 décembre. Le 24 décembre, en raison des obus de mortier tirés par les forces armées gouvernementales, cinq civils du village de Namhpalun ont été gravement blessés et sont actuellement hospitalisés à Lashio.

La zone de Sipaw : le 20 décembre, les combats entre la Restauration Council of Shan State (RCSS) et la Ta’ang National Liberation Army (TNLA) sont survenus dans le village de Panglung, qui est entre Mansam et Sipaw, où vivent les Ta’ang et les Shan. Actuellement, 1 849 IDPs se sont réfugiés à Sipaw.

La zone de Namtu : les combats continuent autour de Namtu, et  le retour des IDPs est impossible pour l’instant. Étant donné la militarisation croissante, les conflits pourraient s’intensifier, ce qui pourrait créer plus de déplacement des populations civiles.

Les principales préoccupations sont la protection et la sécurité des IDPs et des populations civiles de la région. Un accès humanitaire régulier et une réaction immédiate sont nécessaires pour les IDPs et les populations civiles dans les zones affectés par les conflits dans le nord de l’État Shan et dans l’État Kachin. L’alimentation pourrait être le principal défi pour les IDPs.

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