Le régime fait définitivement marche arrière en termes de libertés civiles et politiques

Le régime fait définitivement marche arrière en termes de libertés civiles et politiques

Au mois d’octobre, la persécution des prisonniers politiques, activistes et journalistes a continué de s’intensifier.

Prisonniers politiques :
Le 7 octobre le Président Thein Sein a accordé une amnistie à 3 073 prisonniers. Comme les précédentes annonces de libération de prisonniers, elle est intervenue stratégiquement juste avant une échéance internationale importante : le 25ème sommet de l’ASEAN organisé à Nay Pyi Daw. Malgré le chiffre annoncé, l’amnistie n’a permis de libérer que 5 prisonniers politiques, soit 0,16% des détenus, les autres libérations n’ont concerné que des prisonniers de droit commun. Parmi les prisonniers politiques libérés, on peut citer le défenseur des droits de l’homme Rohingya Kyaw Hla Aung, incarcéré suite à de fausses accusations et le paysan Kachin La Ring condamné notamment pour manifestation illégale. 75 prisonniers politiques sont toujours derrière les barreaux, notamment le défenseur des droits de l’homme Rohingya Tun Aung, et le leader communautaire Michaungkan Sein Than. Au moins 130 personnes font également l’objet de poursuites pénales pour leurs activités politiques.

Activistes :
Le gouvernement a condamné 9 paysans à 7 ans de prison ferme chacun pour intrusion et destruction de propriété dans l’État Mon. Leur tort ? Avoir essayé de labourer leurs terres confisquées.
L’activiste Htin Kyaw, leader de l’organisation Movement for Democracy Current (partenaire d’Info Birmanie) a vu sa peine s’allonger de 2 ans. Il s’agit de la 13ème condamnation prononcée contre lui depuis le 4 juin, élevant sa peine de prison à 13ans et 4 mois de prison. Après avoir été inquiété pour son activisme pour le droit à la terre, il est cette fois-ci accusé d’avoir participé à la création et à la distribution de matériel indiquant à tort qu’Aung San Suu Kyi et d’autres figures de l’opposition avaient formé un gouvernement intérimaire.
Selon son avocat, il ne pas être impliqué puisqu’il était déjà incarcéré dans la prison d’Insein au moment des faits.

Médias :
Ce mois-ci, 4 journaux ethniques ont été forcés de suspendre leurs publications dans l’État Mon et 3 journalistes et 2 propriétaires du journal BI Mon Te Nay ont écopé chacun d’une peine de prison de 2 ans pour avoir publié la fausse déclaration du groupe d’activistes MCDF sur la formation d’un nouveau gouvernement intérimaire.

Les militaires de la Tatmadaw ont également tué un journaliste en freelance. Aung Kyaw Naing (aussi connu sous le nom de Par Gyi), couvrait la reprise du conflit entre le gouvernement et un groupe armé karen, pour plusieurs médias de Rangoun. Arrêté fin septembre après avoir visité une zone sous contrôle rebelle dans le sud-est de la Birmanie, il avait été placé en prison. Selon les autorités, il aurait été tué le 4 octobre alors qu’il essayait de voler une arme pour s’échapper. Son corps aurait été enterré aussitôt.  Sa femme pense qu’il est mort suite aux tortures des militaires.Aung Kyaw Naing
Des défenseurs des droits de l’homme se sont mobilisés dans tout le pays en faveur d’une enquête sur les conditions de son décès. Toutefois, les autorités locales n’ont pas autorisé leurs manifestations et le gouvernement a ouvert des actions en justice contre les activistes qui n’ont pas tenu compte de ces interdictions, comme Moe Thway, un activiste de l’association Generation Wave avec lequel Info Birmanie travaille depuis longtemps.