Idée reçue n°10 :  En Birmanie, lorsque le  président s’engage devant la communauté internationale, il tient parole

Idée reçue n°10 : En Birmanie, lorsque le président s’engage devant la communauté internationale, il tient parole

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Le président Thein Sein a promis la paix dans tout le pays. Il s’est même engagé pendant l’été 2013 à y parvenir « dans les prochaines semaines ». Les accords de cessez-le-feu conclus avec plusieurs groupes ethniques armés ont été salués par la communauté internationale comme l’un de ses plus grands succès. Pourtant, depuis qu’il est devenu président, les conflits se sont intensifiés ; notamment dans les états Shan et Kachin où des trêves ont été rompues. L’armée birmane y cible des civils et commet des violations des droits de l’homme qui ont déjà entrainé le déplacement de près de 150 000 personnes uniquement pour ces deux conflits.

Depuis que Thein Sein est président, plus de  250 000 personnes ont fui leurs maisons à cause  des attaques et des abus des droits de l’homme.

Les exactions commises dans les États Shan et Kachin sont nombreuses : viols, tortures, exécutions et détentions arbitraires, incendies criminels, tirs de mortiers sur des villages, pillages, travail forcé, passages à tabac, utilisation d’enfants soldats etc

21% du budget gouvernemental est consacré aux  dépenses militaires. C’est plus de cinq fois le budget alloué à la santé, qui ne représente que 3,9% du  budget total. Les annonces du gouvernement laissent à penser que les dépenses militaires diminuent,  toutefois c’est leur pourcentage par rapport aux  dépenses globales du gouvernement qui est en  baisse, et non leur montant. Les dépenses militaires  auraient même augmenté sous la présidence de  Thein Sein qui n’a pas caché son ambition de se doter d’une réelle puissance militaire..

La suspension des sanctions européennes en 2012, devaient récompenser le gouvernement birman pour ses avancées démocratiques, et l’engager à redoubler d’effort pour mettre un terme aux violations des droits de l’homme et notamment aux violences sexuelles. Ces sanctions ont été définitivement levées en 2013 sans que le président birman n’ait accompli quoi que ce soit dans ce sens : le nombre de cas de viols et les violences sexuelles commis par les forces gouvernementales  a augmenté depuis que Thein Sein est arrivé au pouvoir. La moitié des femmes violées par les soldats de l’armée birmane dans les États Kachin et Shan, auraient également été torturées, mutilées et tuée.

Thein Sein a même assumé sa volonté de ne pas lutter contre les violences sexuelles dans les conflits : en septembre 2013 il a refusé de signer la nouvelle Déclaration d’engagement à mettre fin aux violences sexuelles dans les conflits présentée par les Nations Unies et signée par 115 pays.  

La fin de l’année 2013 a de nouveau été marquée par son hypocrisie et sa mauvaise foi. Lors de sa visite en Europe en juillet, le président Thein Sein s’était engagé devant François Hollande et David Cameron à libérer tous les prisonniers politiques. Pourtant tout au long de il a continué de harceler les voix dissidentes. Il a ciblé spécifiquement les personnes s’élevant contre les violations des droits de l’homme résultant de projets industriels menés par le gouvernement birman et soutenus par des entreprises étrangères. Il a également arrêté des centaines d’individus issus des minorités ethniques pour des raisons politiques.

Le 30 décembre, le dernier jour où il aurait pu  honorer son engagement,  Thein Sein a ordonné la libération de tous les détenus condamnés ou en attente d’être jugé pour trahison, sédition, manifestation illégale et d’autres lois utilisées par la junte contre ses opposants. Il n’a toutefois pas précisé combien de prisonniers étaient concernés ni quand ils seraient libérés. Suite à cette déclaration, son porte parole a déclaré que la promesse du Président avait été tenue et qu’  « il n’y avait plus de prisonniers politiques » en Birmanie. Pourtant, personne n’a eu accès à la liste des prisonniers libérés et selon l’Association pour les Prisonniers Politiques en Birmanie (AAPPB), au moins une trentaine de prisonniers politiques sont toujours derrière les barreaux. Ils seraient bien plus nombreux en réalité : un nombre inconnu de membre de la minorité Kachin est en prison et le gouvernement refuse d’inclure les Rohingyas à la liste des prisonniers politiques. Enfin, une centaine d’activistes sont toujours dans l’attente de leur procès et les premières arrestations ont déjà eu lieu en 2014.

Le fossé qui existe entre les déclarations de Thein sein et la politique de son gouvernement est de plus en plus grand. Cependant, la communauté internationale semble se baser sur des promesses plutôt que de s’intéresser à leur mise en œuvre.

Pour en savoir plus :

– Le président Thein Sein n’a pas honoré sa promesse de libérer tous les prisonniers avant la fin de l’année 2013 – Lire
– Ce que dit Thein Sein – juillet 2012 – Lire le rapport
– « Les violations des droits de l’homme en Birmanie sous la Présidence de Thein Sein » – Lire le rapport
– Le fédéralisme, seul garant d’une véritable paix – Lire

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