Des organisations de la société civile exhortent l’Union Européenne à prendre des mesures fermes en réponse à la crise Rohingya

Des organisations de la société civile exhortent l’Union Européenne à prendre des mesures fermes en réponse à la crise Rohingya

Dans une lettre ouverte adressée aux Ministres des Affaires Étrangères de l’UE, 24 organisations de la société civile birmane et internationale appellent l’UE à prendre des mesures fermes en réponse à la crise Rohingya.

Les Rohingya ont fait face à une campagne de nettoyage ethnique. Au cours des derniers mois, les autorités birmanes ont empêché la Rapporteuse Spéciale des Nations Unies pour la Birmanie, Mme Yanghee Lee, et la Mission indépendante et internationale d’Etablissement des faits, d’entrer dans le pays. Elles ont également placé en rétention plusieurs journalistes qui couvraient la crise.

Mark Farmarner, le directeur de Burma Campaign UK, ajoute : « Nous sommes particulièrement inquiets qu’en dépit de la situation déplorable des Rohingya à la fin de l’année 2017, il semble que l’UE a d’autres priorités ». Farmarner  complète, « Nous envoyons cette lettre aujourd’hui afin de mettre l’accent sur le fait que la Birmanie ne sera pas discutée au Conseil des Affaires Étrangères qui se tient à Bruxelles aujourd’hui, le lundi 22 janvier. La situation reste pourtant désastreuse pour les milliers de Rohingya qui ont été forcés de fuir leurs propriétés, et pour ceux qui restent dans l’état d’Arakan. L’absence persistante d’une réponse concrète envoie un mauvais signal à l’armée birmane et au gouvernement birman, laissant entendre qu’ils peuvent commettre de graves crimes, pas seulement contre les Rohingya mais aussi contre d’autres minorités ethniques à travers le pays  ».

Iniyan Ilango, Chargé de Programme Plaidoyer – Nations Unies de l’Asian Forum for Human Rights and Development (FORUM-ASIA) a ajouté : « Le gouvernement birman continue de défier les efforts internationaux pour la vérité, la justice et la responsabilité du pays. Au niveau des Nations Unies, l’UE doit immédiatement renforcer sa réponse pour faire face à la gravité de la situation, et aux graves violations qui ont été rapportées. L’UE devrait également considérer des sanctions à l’encontre des militaires haut-gradés et des entreprises liées aux militaires, mais aussi jouer un rôle moteur afin d’initier un embargo global sur les armes envers la Birmanie. L’EU devrait respecter le principe du droit international de non-refoulement et ne devrait pas supporter les efforts de rapatriement des réfugiés Rohingya jusqu’à ce que leur sécurité et leurs libertés fondamentales soient garanties par la Birmanie, et que cela soit vérifiable de façon indépendante ».

A ce stade, il n’est pas certain que les réfugiés auront un statut légal leur permettant d’exercer leur droit d’auto-identification à leur retour. Rien ne garantit aux Rohingya une destination sur le long terme en Birmanie, ni que leur sûreté et leur sécurité soit assurée pendant cette période intérim.

Tun Khin – Président de la Burmese Rohingya Organisation UK – commente : « Comment peut-on attendre un retour dans une zone où ils ont dû fuir pour leur survie, et où les persécutions continuent sans aucune garantie de sécurité ou d’accès à la citoyenneté ». Tun Khin ajoute : « Le plan de rapatriement est prématuré a été conclu sans consultation adéquate avec la communauté réfugiée. Ce plan rappelle le plan précédent mis en place pour faire face aux retours des Rohingya dans les années 1990, qui a mené à de graves violations des droits humains. Les erreurs du passé ne doivent pas être répétées ».

La lettre ouverte appelle l’UE à poursuivre ses efforts pour l’application d’une juridiction universelle liée aux violations de la loi internationale en Birmanie, y compris via le soutien d’une saisine par la Cour Pénale Internationale.

À la suite de la publication de la lette, Khin Ohmar, Présidente du Conseil Consultatif de Progressive Voice : « Des mesures fermes doivent être prises à l’encontre de l’armée birmane, qui continue d’utiliser le viol et les violences sexuelles comme arme de guerre à l’encontre des femmes et des jeunes filles, particulièrement les Rohingya. Les militaires ne doivent pas être autorisés à agir dans une telle impunité.

Contacts presses:

France:
Camille Cuisset, coordinatrice d’Info Birmanie, +33 (0) 7 62 80 61 33, camille@info-birmanie.org
Angleterre:

Tun Khin, Burmese Rohingya Organization UK, +44 (0)7888714866, tunkhin80@gmail.com
Mark Farmaner, Burma Campaign UK, +44 (0)7941239640, mark.farmaner@burmacampaign.org.uk
Asie :
R. Iniyan Ilango, FORUM-ASIA, +41 (0)227402947, iniyan@forum-asia.org
Khin Ohmar, Progressive Voice, +66 (0)818840772, khinohmar@progressive-voice.org