En Birmanie, les femmes sont souvent cantonnées au rôle de mère et de cuisinière quand elles ne sont pas victimes de violences sexuelles

En Birmanie, les femmes sont souvent cantonnées au rôle de mère et de cuisinière quand elles ne sont pas victimes de violences sexuelles

Ce 8 mars 2016, dédié aux droits des femmes dans le monde entier est l’occasion d’aborder la situation des filles et des femmes birmanes qui ne cessent de subir discriminations et violences sexuelles. Lors de sa mission sur place pendant les élections législatives, Info Birmanie s’est penchée sur la question des droits de la femme.

femme arakanaise

La vision de la femme en Birmanie

En Birmanie, et particulièrement dans les régions reculées tel que l’État Kachin, les femmes sont victimes de violences et de discriminations par la culture, la politique, la religion ainsi et la loi. Culturellement, une femme kachin a le devoir de se taire et de servir, elle ne peut intervenir dans les affaires économiques, elle dépend donc du chef de famille qui possède tout. Côté religion, les leaders sont des hommes et restent très influents dans les régions peu éduquées.

On notera que la vie politique est essentiellement marquée par la présence masculine. Le succès d’Aung San Suu Kyi aux élections est certes positif pour la place de la femme dans la vie politique, il n’en reste pas moins que les principaux leaders sont des hommes. Moins de 5% des sièges parlementaires et des postes ministériels étaient occupés par des femmes avant les élections de 2015 et sur 1120 parlementaires élus en novembre, seul 64 sont des femmes. Celles-ci ne sont pas non plus présentes dans l’armée, et très peu dans la police. En outre, à travail égal, une femme sera moins bien payée qu’un homme (du simple au double).

Ces discriminations souvent soulevées par la communauté internationale restent trop peu dénoncées par la population – peu informée – qui manque de sens critique et accepte souvent sans sourciller.

Pour Myint Swe, de l’association Ratana Metta : « Il faut changer ces attitudes. Ce ne sera pas simple, mais nous devons sensibiliser le peuple. Les femmes ne devraient plus être vues comme des machines à enfants, des cuisinières ou des personnes à enfermer à la maison. Si nous gardons les femmes dans la cuisine, notre pays sera en retard en terme de développement »

Des violences sexuelles comme arme de guerre

Depuis des décennies, des centaines femmes et jeunes filles birmanes sont violées et/ou disparaissent dans des affaires en lien avec l’armée. Ces violences sexuelles récurrentes sont utilisées comme une véritable arme de guerre contre les minorités ethniques du pays. Ces agressions sont aggravées par l’impunité dont bénéficient les soldats. Ainsi, même si les victimes des violences sexuelles connaissent le nom et l’immatriculation de leur agresseur, il est presque impossible de les faire condamner.

Dans le nord de Myitkyina, la capitale de l’État Kachin, les femmes qui habitent près du centre militaire sont victimes d’un harcèlement quotidien : vêtements arrachés, violences sexuelles, provocations etc.  Même dans Myitkyina certains cas de viol par des militaires ont été rapportés. Les femmes ont peur de les dénoncer. Celles qui osent le faire sont souvent jugées par la communauté qui estime qu’elles ont cherché l’agression et que ce sont de mauvaises kachin.

Avec l’élection de la LND, les femmes espèrent qu’Aung San Suu Kyi s’attaquera enfin à ce problème. Et si ce n’est pas directement elle, cela viendra peut-être des leaders religieux. En effet, la semaine dernière, des représentants bouddhistes, musulmans et chrétiens se sont réunis à Rangoun pour discuter des solutions afin de mettre fin aux violences et aux discriminations infligées aux femmes et aux jeunes filles. Une avancée importante à mettre en avant dans un pays où la religion reste l’une des causes de ces discriminations.

La résolution 1325 des Nations Unies souligne l’importance de la participation des femmes aux processus de paix. C’est d’ailleurs en ce sens que des organisations de femmes se battent pour être entendues dans les négociations de paix entre les groupes ethniques armés et l’armée birmane. Premières victimes de ces conflits, leurs voix ne semblent pas compter. En effet, alors que les associations locales demandaient à ce que le dialogue politique entre les groupes armés ethniques et l’armée birmane compte sur la participation d’au moins 30% de femmes, seulement 7% ont pu participer à la conférence pour la paix du mois de janvier.

Rappelons que la convention sur l’élimination des discriminations des femmes a été signée par le gouvernement birman en 1997.

Ce 8 mars, journée mondiale pour les droits des femmes marque l’importance de soutenir chaque femme dont les droits sont bafoués. Aujourd’hui 110 femmes célèbres se sont ainsi engagées  à soutenir les femmes birmanes contre les violences sexuelles qui leur sont infligées.