Idée reçue n°4: En Birmanie, depuis la fin de la dictature, la corruption c’est fini !

Idée reçue n°4: En Birmanie, depuis la fin de la dictature, la corruption c’est fini !

 

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Tous les indicateurs économiques et sociaux placent la Birmanie parmi les pays les plus pauvres de la planète. Les problèmes économiques et la pauvreté de la population ont pour cause la mauvaise gestion économique des dirigeants militaires qui se sont succédés au pouvoir depuis les années 60. Monopoles économiques gouvernementaux, politiques commerciales inappropriées, corruption généralisée, recours au blanchiment d’argent, absence de règles juridiques et d’une justice indépendante, règles opaques, non-respect de la propriété privée ou encore absence totale de transparence et de responsabilité… Le tableau dressé est catastrophique, à l’image de la situation économique du pays.

Aujourd’hui, la Birmanie est toujours l’un des pays les plus corrompus du monde, à la fois aux niveaux national et local. Le pays est classé 157 sur 177 pays en matière de corruption, selon le dernier classement de Transparency International (2013). La Birmanie compte aussi parmi les pays les moins transparents sur le plan de la culture des affaires, et les réformes des marchés industriels et financiers sont débattues dans des infrastructures inadéquates et dans un contexte de connivence politique et économique dangereux. Avec l’ouverture du pays et les mesures mises en place par le gouvernement birman pour favoriser l’investissement étranger[1], il est à craindre qu’aucune habitude ne change.

La soi-disant vague de privatisation annoncée en 2010 par les autorités et qui visait des pans entiers de l’industrie birmane s’est révélée être une simple vente aux enchères, permettant aux magnats de l’économie proches du régime de s’accaparer d’importants secteurs économiques : gestion des ports, distribution d’énergie…

L’économie birmane reste ainsi majoritairement dominée par les entreprises d’État et les groupes privés appartenant à des «business cronies», des proches de fonctionnaires haut placés au sein de l’exécutif qui contribuent au capitalisme de connivence. Ces entreprises d’État et les «cronies» bénéficieront déjà plus des nouveaux investissements que le commun du peuple.

Depuis la fin de la dictature, La communauté internationale salue les réformes du gouvernement birman. Si les mesures annoncées par Thein Sein sont séduisantes pour la communauté des affaires, elles ne suffiront pas, à elles seules, à guérir la Birmanie de tous ses maux. De profonds changements structurels doivent encore se matérialiser. Comme le note l’Ambassade de France à Rangoon, « la politique économique est chaotique. Les quelques mesures d’ouverture (loi sur les zones économiques spéciales précitée pour les investisseurs étrangers, libéralisation du secteur financier) (…) ne réduisent en rien la complexité et l’imprévisibilité de l’évolution de l’environnement des affaires et des transactions internationales (…), ne suffisent à garantir un environnement des affaires stable et ne peut protéger contre l’arbitraire des autorités».[2]

Outre les réformes, ce sont donc les habitudes qui doivent changer. La culture de la corruption et de l’impunité ne s’est pas envolée et en Birmanie, la triste réalité, c’est que pour faire de l’argent, il faut avoir des contacts chez les autorités locales et leurs sbires. Cela signifie évidemment être en mesure de soudoyer financièrement ces personnes.

Le secteur des hydrocarbures, les mines et le bois, comme celui de la banque et du tourisme vont être très vite assaillis de demandes de licences. L’arrivée massive d’investissements étrangers va nécessiter des terres, des infrastructures, des services publics, et la délivrance d’autorisations. D’importantes transactions financières vont être réalisées et des relations privilégiées vont se créer.

Dans le contexte actuel, tout porte à croire que la corruption, la mauvaise gestion et les déséquilibres de la politique macro-économique resteront monnaie courantes. Pire, elles risquent d’être stimulées par l’appât du gain suscité par des transactions qui se multiplient dans un environnement financier et juridique inadapté.

Pour en savoir plus :
– Les pierres précieuses : une manne pour le gouvernement et les transactions illégales (lire)

 


[1] Exonération fiscale de cinq ans, possibilité d’investir sans partenaire local, facilités pour la création de joint-ventures, et baux de longue durée pour la location des terrains.
[2] Ambassade de France à Rangoun : « La situation économique de la Birmanie » http://www.ambafrance-mm.org