Idée reçue n°1: L’ouverture de la Birmanie aux marchés extérieurs profite aux paysans!

Idée reçue n°1: L’ouverture de la Birmanie aux marchés extérieurs profite aux paysans!

esticker1bDécouvrez toutes les idées reçues sur l’investissement en Birmanie 

En Birmanie, toutes les terres appartiennent théoriquement à l’État, laissant les petits agriculteurs sans titres fonciers légaux. Au fil des ans, les entreprises ayant des liens avec le gouvernement militaire du pays ont été en mesure de saisir les terres des paysans et des villageois, la plupart du temps pour construire des projets industriels ou agricoles très lucratifs.

Les nouvelles lois du gouvernement Thein Sein au pouvoir depuis 2011, ont légalisé la confiscation de terres par les autorités pour tout projet considéré d’«intérêt national», permettant au gouvernement d’utiliser tout terrain désigné comme «vacant». Les activistes parlent de 3,6 millions d’hectares déjà saisis par le gouvernement, les entreprises privées et l’armée. Il est donc à craindre, que l’ouverture de la Birmanie aux capitaux étrangers, n’accentue le phénomène.[1]

Enfin, les paysans qui se sont organisés pour protester pacifiquement contre la confiscation de leur terre, ont été les cibles de violences, d’arrestations et de harcèlement judiciaire. Plusieurs centaines d’entre eux sont en prison ou attendent toujours leur procès. Selon le Rapporteur spécial des Nations-Unies sur les droits de l’homme, rien qu’au mois de juin 2013 des poursuites pénales auraient été engagées à l’encontre de 149 paysans et militants.

DSC_0192Le développement rural et la protection de paysans devraient pourtant être prioritaires dans un pays où 40 millions de personnes (70 % de la population) vivent dans les zones rurales et sont dépendantes de leurs terres agricoles et des forêts.

EXEMPLE CONCRET : DAWEI

Dawei est un projet industriel gigantesque dans le sud de la Birmanie qui implique le déplacement de 30 000 personnes appartenant à 19 villages de la région de Nebule. Pour le gouvernement birman ce projet est crucial, en ce qu’il permettrait d’attirer des investisseurs étrangers, alors qu’il offrirait à la Thaïlande un accès direct vers l’Océan indien et les marchés économiques occidentaux.

Pour les populations locales, Dawei symbolise au contraire le début d’un long cauchemar. Il implique la perte de leur terre, de leurs moyens de subsistance, de gros dégâts environnementaux et la mise en péril de leur héritage culturel, sans avoir même été consultés.

Les compensations prévues pour leur terres, ne compensent ni la perte de leur maison, ni de leurs moyens de subsistance, ni leur préjudice moral. Enfin,  personne ne sait quand elles seront versées. Certains habitants ayant déjà été expulsés attendent toujours les sommes promises. En outre, le projet de Dawei a fait exploser le prix de la terre et créer des divisions au sein des communautés. Une villageoise dénonce les menaces dont les populations sont victimes : « ils ont dit que si on ne quittait pas nos terres, ils les détruiraient tout de même et qu’on aurait de gros problèmes »[2]

« Dans le village de Mudu, on peut vivre des produits de la forêt et des récoltes de nos plantations. On ne peut pas quitter nos plantations et partir. Même si on ne peut pas avoir de revenus grâce à d’autres activités, en une journée on peut toujours gagner au moins 5000 kyats en vendant des feuilles de bétel et c’est suffisant pour nourrir ma famille. Après qu’on soit parti, qu’est-ce qu’on va manger ? L’argent qu’ils veulent nous donner ne sera pas suffisant. Ici toute ma vie, j’ai toujours eu de quoi manger, c’est pour ça que je ne veux pas partir. »[3]

Pour en savoir plus :

– Une journée à Letpadaung (lire)
– DAWEI : un projet autant inéquitable qu’irresponsable (lire)
– Une augmentation des cas de confiscation de terres directement liée à l’afflux d’investissements (lire)
– Terres confisquées sous la junte et sous le gouvernement de Thein Sein (lire)
– La Mine de cuivre de Monywa (lire)

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[2] Tavoyan Women’s Union, DDSP Project and Local Villagers’ Desire, vidéo, septembre 2013
[3] idem