Les combats continuent dans les Etats Shan et Kachin

Les combats continuent dans les Etats Shan et Kachin

En Birmanie, les conflits se sont largement intensifiés au cours des dernières semaines dans les États Shan et Kachin. Les affrontements continuent entre les forces armées gouvernementales (la Tatmadaw) et les groupes ethniques armés de l’Alliance du Nord (l’Arakan Army, la Kachin Independence Army, la Myanmar National Democratic Alliance Army et la Ta’ang National Liberation Army).

Malgré les négociations de paix, avec une nouvelle rencontre qui devrait se tenir en février, les combats continuent. L’armée birmane utilise de l’artillerie lourde et met en danger la vie de milliers de civils. Les populations de déplacées internes (IDPs) vivent actuellement dans des conditions extrêmement difficile et dépendent de l’assistance humanitaire qui n’est pas autorisée à pénétrer dans toutes les zones.

Info Birmanie relaie, ci-dessous, le communiqué publié par le Joint Strategy Team regroupant plusieurs organisations locales. Pour des perspectives de paix et une réelle transition démocratique, les droits des populations doivent être respectés et le nouveau cycle du processus de paix doit être inclusif.

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Évolutions de la situation humanitaire dans l’État Kachin et le nord de l’État Shan 

A.      État Kachin

Les récents combats à Gidon et Lai Hpawng entre les forces armées du gouvernement (la Tatmadaw) et l’Armée Indépendante Kachin (KIA), avec l’utilisation d’obus de mortiers de la part de la Tatmadaw à côté des camps de déplacés internes (IDP) Zai Awng et Munga Zup, ont amené les familles à fuir les camps depuis le 27 décembre 2016. Les combats continuent dans les zones limitrophes à Lai Hpawng et les attaques au mortier ainsi que les frappes aériennes ont lieu tous les jours.

Le 8 janvier 2017, tous les déplacés internes ont été évacués des camps Zai Awng / Mungga Zup. Actuellement, les familles se réfugient dans la zone de Lungbyen, sur la route entre Hkau Shau et ces deux camps, à environ 16 km. La plupart d’entre elles ont eu à fuir immédiatement lorsque les obus de mortier ont été lâchés et sont restées à environ 4 km de leurs camps. Elles ont tenté de récupérer leurs affaires en retournant au camp le jour suivant. Le Comité de gestion des camps a organisé le transport local et appuie les déplacés internes afin qu’ils puissent amener leurs effets personnels sur le nouveau site ou l’emplacement temporaire afin que les IDPs se sentent en sécurité. Ils ont commencé à construire des tentes avec des bâches comme abris temporaire. Les IDPs sont divisés en trois groupes à côté les uns des autres le long de la route. D’autres sont encore en route et attendent l’assistance de transport afin de pouvoir emporter leurs affaires, dont leurs animaux d’élevage.

La santé est une préoccupation majeure, notamment pour les personnes âgées, les enfants et les femmes enceintes et allaitant. Les familles IDPs vivent dehors avec des abris limités alors que les températures sont  très froides en raison de précipitations inattendues ces derniers jours. Les organisations humanitaires locales font de leur mieux pour répondre aux besoins immédiats : pour l’instant, elles ont fourni bâches, lanternes solaires et kits d’hygiène. Des « toilettes d’urgence » sont en train d’être construites. Plus de 800 étudiants voient leur éducation interrompue en raison des conflits actuels et de l’évacuation forcée. Il est urgent que leurs cours reprennent. Ainsi, une assistance afin de mettre en place une « éducation d’urgence » est nécessaire. Les IDPs sont traumatisés à la suite des obus de mortiers lâchés auprès d’eux et pour avoir vu des avions de chasse voler au-dessus de leurs camps. De plus, beaucoup sont perturbés et stressés en raison de l’évacuation de masse en cours.

Depuis que l’armée a repris les avant-postes de Gidon et Lai Hpawng, la sécurité de Mungga ZUP / Zai Awng et Maga Yang est remise en question. De leur côté, les IDPs des camps de Maga Yang se préparent à se déplacer vers un lieu plus sûr.

B.      État Shan du nord

Au 8 janvier 2017, les conflits armés continuaient dans différentes zones de l’État Shan et la militarisation ne cesse d’augmenter.

Les zones de Mungkoe, Hpawng Seng et Kyu Koke – Pang Hseng : en raison de la militarisation et des opérations dans ces zones, les civils sont étroitement contrôlés par les forces armées gouvernementales. Les populations locales ont besoin de posséder une nouvelle carte d’identité délivrée par la Tatmadaw et les autorités lors du retour des IDPs depuis la Chine il y a quelques semaines. Sans cette carte, ils ne peuvent pas se déplacer ni entrer dans ces zones. Chaque famille a été prise en photo par les autorités locales et ces photos doivent être gardées au sein de chaque foyer pour les contrôles surprises. Dans la plupart des cas, les IDPs n’ont pas pu mener leurs activités de subsistance. Les villageois qui sont retournés à Mungkoe ont besoin d’assistance alimentaire ainsi que d’un abri. Leurs maisons ont été brûlées ou détruites  pendant les conflits et nécessitent aujourd’hui réparations et/ou reconstruction. Cependant, la zone est fermée et les organisations humanitaires ne sont pas autorisées à pénétrer dans cette région. Alors que de nombreux IDPs sont retournés à Mungkoe, d’autres continuent de louer une chambre en Chine afin de s’y réfugier de nouveau si besoin mais seuls les titulaires d’un passeport vert délivré par les autorités chinoises sont autorisés à rester en Chine. Les deux civils de Mungkoe qui sont portés disparus depuis le 24 décembre doivent encore être retrouvés.

Actuellement, 3000 personnes sont toujours dans les villages de Lau Min Chin et Bang Wa en Chine. Ils n’ont pas été autorisés à rejoindre leurs villages d’origines (Kawng Buk, Nawng Hpai et Man Pying). Environ 600 civils sont aussi bloqués dans leurs villages de Kawng Lung, Man Kang, Kawn Sam, Ki La Pa, Pang Hkawn, Htingra Hkyet et Nawng Jang, ou la Tatmadaw contrôle la zone. 1754 IDPs restent encore à Hpai Kawng le long de la frontière entre la Birmanie et la Chine en raison des conditions de sécurité dans leurs villages (Hpai Kawng, Hkalen, Kawng Sahti, Hka Lum, Pawng Ra, Namhu, Kawng Wai). Les enfants de ces zones ne sont toujours pas en mesure d’aller à l’école. Les IDPs dépendent tous de l’assistance humanitaire et des donations individuelles pour leur survie quotidienne. L’accès humanitaire et la protection sont les préoccupations principales dans ces zones.

Zone de Kutkai : le 31 décembre 2016, environ 40 obus de mortiers ont été lâchés par la Tatmadow et 8 d’entre eux ont atterri dans des vergers des villages de Manmau, Namkhun et Pangse. De plus, l’armée utilise de l’artillerie lourde à côté des villages de Manyan et Manping Pa, très proche des logements de la population civile. Le 6 janvier, 4 civils qui travaillaient dans une station essence ont été tués par balle par la Tatmadaw et une explosion sur le pont du ruisseau de Sabe a eu lieu. Une jeune fille de 15 ans a également été blessée par les tirs et est actuellement hospitalisée à l’hôpital de Kutkai, duquel elle risque d’être déplacée. Autour de 30 obus de mortier ont été lancés dans les zones environnantes. Suite à ces incidents, les populations civiles étaient paniquées et les parents n’étaient pas en mesure de récupérer leurs enfants à l’école. La plupart des étudiants ont dû rester la nuit à l’école avec les professeurs. Pour le moment, la route qui relie Kutkai à Tamonye a été bloquée. La Tatmadaw et la police ont contrôlé la liste de la population des nouveaux camps d’IDP à Kutkai le 7 et 8 janvier, récemment déplacés de leurs villages de Manlung et Kawnglim. Ceux qui étaient absents pendant l’inspection devront être présents le 9 janvier.

Joint Strategy Team – Bridging Rural Integrated Development and Grassroot Empowerment (BRIDGE), Kachin Baptist Convention (KBC), Kachin Relief and Development Committee (KRDC), Kachin Women Association (KWA), Kachin Development Group (KDG), Karuna Mission Social Solidarity (KMSS), Metta Development Foundation (Metta), Nyein (Shalom) Foundation and Wunpawng Ninghtoi (WPN)

contact presse : camille@info-birmanie.org

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IDPs à Kyaukme, Shan State. Photo: MOI (Myanmar Times)