L’heure est venue pour l’Europe de s’attaquer au commerce des minerais du conflit

L’heure est venue pour l’Europe de s’attaquer au commerce des minerais du conflit

Particulièrement riche en ressources naturelles, la Birmanie est un pays où une part importante des revenus de l’extraction est captée par les militaires qui opèrent un contrôle sur les mines et les opérations de négoce et d’exportation. On estime ainsi que la seule exploitation des pierres précieuses (jade, saphir, rubis) aurait permis de financer les généraux à hauteur de 750 millions de dollars entre 1964 et 2007.

mineral conflict

Encore aujourd’hui, l’armée reste un acteur incontournable de l’exploitation minière grâce aux « entreprises d’État » qui permettent aux militaires de toucher un pourcentage des bénéfices des activités d’extraction. Sous couvert d’assurer la sécurité sur les chantiers, les militaires se rendent coupables de violations des droits humains (recours au travail forcé, à la torture, confiscation des terres et expulsions massives) et d’une violente répression des résistances (pressions, arrestations). Enfin, des ressources naturelles comme le jade et l’or sont au cœur des conflits opposant l’État aux groupes armés ethniques, qui se battent pour le contrôle des terres et des ressources naturelles.

Nous avons aujourd’hui une formidable occasion de nous attaquer au commerce meurtrier des minerais du conflit. Ces minerais sont bien souvent obtenus dans des conditions déplorables, par l’exploitation, la violence et dans un climat que l’on peut qualifier d’esclavage moderne.

Signez la pétition en ligne !

La Commission européenne a présenté une proposition visant à encourager les entreprises à veiller à ce que les minerais dont elle font commerce, s’ils proviennent de zones de conflit ou de zones à haut risque, soient obtenus de manière responsable, c’est-à-dire sans que cela ne finance ou n’entraîne de violence ni de souffrance.

Cette proposition est une opportunité historique, mais en l’état actuel, elle ne va pas assez loin. En effet, elle fait état d’un fonctionnement sur la base du volontariat. Il est par conséquent très peu probable qu’elle ait le moindre effet sur les méthodes d’approvisionnement en minerais des entreprises européennes concernées. De la même manière, elle n’aura vraisemblablement pas d’effet considérable sur la problématique du commerce de ces minerais.

C’est ici que vous entrez en scène. Le Parlement européen doit prochainement procéder à un vote sur cette proposition, et nos représentants à Bruxelles ont la possibilité de prendre une décision historique et d’inscrire dans la loi l’obligation de responsabilité des entreprises européennes à s’approvisionner en minerais de manière responsable. Mais ne vous y trompez pas, cette décision sera prise seulement si nous faisons savoir à nos représentants à quel point cette problématique nous tient à cœur.

Si vous avez déjà douté de l’origine des matières premières utilisées dans la production de votre téléphone ou de votre ordinateur portable, si vous avez déjà douté des conditions de travail des mineurs qui les extraient, faites entendre votre voix aujourd’hui.

Exigez du Parlement européen que l’Europe devienne un exemple dans la lutte contre les abus alimentés par le commerce des minerais du conflit.

Signez la pétition en ligne !

Mesdames et messieurs les responsables de groupe au Parlement européen,

J’appelle le Parlement européen à montrer l’exemple dans la lutte contre le commerce meurtrier de minerais du conflit.

Je suis préoccupé par le fait que le dispositif non contraignant proposé ne va pas assez loin : il ne garantit pas que les minerais originaires de zones de conflit ou à haut risque sont acquis de manière responsable et non dans des conditions d’exploitation et de violence extrêmes s’apparentant à de l’esclavage moderne.

En tant que consommateur/trice, je veux avoir la garantie que les entreprises qui fournissent les produits que j’utilise au quotidien ne sont pas impliquées dans des activités portant atteinte aux droits humains. Je note avec satisfaction que de nombreux dignitaires religieux, dirigeants d’entreprise et responsables politiques partagent ce point de vue.

Je vous demande d’encourager votre groupe parlementaire à renforcer la proposition actuelle, et à voter pour une législation qui :
* comporte des dispositions juridiques obligeant les entreprises à reconnaître et à combattre les risques qu’il y a à avoir des minerais du conflit dans leurs chaînes d’approvisionnement,
* garantisse que ces règles s’appliquent aussi aux entreprises qui importent des minerais dans l’Union européenne, que ce soit sous la forme de matières premières ou de composants de produits finis.

Le Parlement européen a aujourd’hui l’occasion de montrer son engagement pour un commerce durable et une économie responsable, mais aussi de produire un impact positif sur la vie de ceux qui sont en début de chaîne pour produire des ressources que nous tenons trop souvent pour acquises.

Pétition adressée aux responsables des différents groupes politiques au Parlement européen :
•    Manfred Weber, Parti populaire européen
•    Gianni Pittella, Alliance progressiste des socialistes et démocrates
•    Syed Kamall, Conservateurs et réformistes européens
•    Guy Verhofstadt, Alliance des démocrates et des libéraux pour l’Europe
•    Gabriele Zimmer, Groupe confédéral de la Gauche unitaire européenne/Gauche verte nordique
•    Rebecca Harms et Philippe Lamberts, Groupe des Verts/Alliance libre européenne
•    Nigel Farage et David Borrelli, Groupe Europe de la liberté et de la démocratie directe

 Info Birmanie est signataire de cette pétition

Pour en savoir plus : 

Regarder la vidéo « Minerais des conflits » de Justice et paix : ici
Lire l’article « En Birmanie, les ressources naturelles font le malheur des minorités ethniques » : ici