Nord de l’état Shan : EDF doit se retirer de Shweli 3 / Stop aux projets de barrage dans les zones de conflit

Nord de l’état Shan : EDF doit se retirer de Shweli 3 / Stop aux projets de barrage dans les zones de conflit

Alors qu’Amnesty international publie un nouveau rapport sur l’ampleur des violations des droits humains subies par les populations civiles dans le cadre des conflits actifs en cours dans le nord de l’état Shan, Info Birmanie relaie la campagne qui vient d’être lancée par Burma Campaign UK.

Celle-ci demande à EDF de se retirer du projet de barrage Shweli 3 et de s’engager à ne pas participer à des projets de barrage dans les zones de conflit en Birmanie, tant qu’il n’y aura pas de cessez-le-feu effectif et de négociations politiques garantissant qu’ils n’entraînent pas davantage de conflits et de violations des droits humains.

Voici la campagne de UK Burma Campaign :

« Le barrage Shweli 3 est situé dans le nord de l’état Shan, dans une zone sous le contrôle de différentes organisations ethniques armées. Une fois les travaux préparatoires lancés, des bataillons de l’armée birmane sont arrivés dans la région et ont déclenché des conflits qui ont forcé des centaines de civils à fuir leur domicile. Le projet Shweli 3 s’approche désormais de la phase de développement et de construction, ce qui fait craindre davantage de conflits et d’abus.

La « Ta’ang Students and Youth Union » (TSYU) affirme que « la mise en œuvre du barrage Shweli 3 va mettre en danger les vies de la population locale, prolonger la guerre et compromettre tout processus de paix. » Des douzaines d’organisations de la société civile ont appelé à un moratoire sur les barrages et les projets de développement d’envergure dans les états ethniques dans le contexte actuel, en raison des liens qui existent entre ces projets et les conflits / les violations des droits humains.

Burma Campaign UK avait déjà inscrit EDF (le 20 août 2019) sur sa « Dirty List » d’entreprises internationales liées à l’armée ou à des violations des droits humains/dégâts environnementaux en Birmanie. EDF n’a pas répondu aux courriers de Burma Campaign UK. « EDF ne tient pas compte des préoccupations et des souhaits exprimés par la population locale et poursuit son implication dans ce projet, en sachant qu’il alimentera le conflit et les violations des droits de l’Homme » affirme Mark Farmaner, Directeur de Burma Campaign UK. « EDF doit s’engager à ne pas investir dans les zones de conflits en Birmanie ».»

Pour relayer cette campagne, vous pouvez interpeller directement EDF en signant la pétition en ligne lancée par UK Burma Campaign : https://action.burmacampaign.org.uk/edf-life-threatening-dam-burma

Quelques compléments d’information :

En décembre 2015, EDF a signé un protocole d’accord relatif au projet Shweli 3 avec le gouvernement birman. Il implique un consortium composé d’EDF, d’une société japonaise (Marubeni) et d’une société birmane (Ayeyar Hinthar), dans le cadre d’un partenariat public-privé. En septembre 2018, le Ministère birman de l’Energie et de l’Electricité a signé une « Notice to Proceed » désignant ce consortium, chargé du développement de ce futur barrage Shweli 3. Interrogé en septembre 2018 par Frontier Myanmar sur le fait que le projet se situe en zone de conflit actif, le directeur d’EDF pour l’Asie avait alors déclaré « s’en remettre aux autorités de l’Etat birman pour commenter la situation politique de la région et ajouté que la sécurité de ses employés et partenaires était la priorité numéro 1 » de EDF. Questionné sur le déplacement possible de milliers de villageois dans le cadre du projet et sur leur éventuelle protestation, il avait souligné qu’EDF avait de « très hauts standards » et « portait une attention particulière à la réduction des impacts sociaux et environnementaux ». Ajoutant qu’EDF « attendait de partager son expérience en la matière avec le Gouvernement birman, qui sera chargé du dialogue avec les acteurs locaux et en sera responsable ».

Dans son récent rapport consacré aux intérêts économiques des militaires, la Mission d’établissement des faits de  l’ONU demande à tous les investisseurs et à toutes les entreprises étrangères dans les zones de conflit en Birmanie, notamment dans l’état Shan, de respecter les « Principes Directeurs de l’ONU sur les entreprises et les droits humains ». Les entreprises et les investisseurs étrangers ne peuvent pas faire abstraction des spécificités du contexte birman : poids politique et économique de l’armée, violations massives des droits humains en toute impunité, prévalence de conflits actifs.

24 Octobre 2019

Contact : Sophie Brondel 07 62 80 61 33 sophie@info-birmanie.org