Spirale des violences interreligieuses : le gouvernement doit mettre un terme à l’impunité

Spirale des violences interreligieuses : le gouvernement doit mettre un terme à l’impunité

Les violences contre les musulmans de Birmanie se propagent dans le pays : le 24 août une nouvelle explosion de violences a entraîné la destruction d’au moins une vingtaine de maisons, d’une dizaine de commerces et d’une usine, dans la région de Sagaing.

Les violences ont commencé après l’arrestation d’un musulman soupçonné de tentative de viol sur une bouddhiste, dans le village de Kanbalu. Des centaines de personnes, dont des moines bouddhistes, s’étaient rassemblées devant le poste de police où il était retenu, pour demander à ce qu’il leur soit livré. Face au refus des forces de sécurité, la foule de plus en plus nombreuse s’en est pris aux biens des musulmans.

La police n’est pas parvenue à contenir la foule qui, de plus en plus incontrôlable, a continué à tirer avec des lances pierres, d’incendier et de détruire les maisons, usine, et magasins des musulmans.

En réaction à cet événement, le moine Wirathu, bouddhiste radical et leader du mouvement nationaliste et islamophobe 969, a commenté sur sa page Facebook « Les kalars sont des fauteurs de troubles. Quand il y a un kalar quelque part, il y a forcément un problème aussi». Le mot «kalar», est un terme péjoratif, qu’il utilise pour qualifier les Rohingyas quand il ne s’agit pas de « chiens » ou de « sous hommes », comme on l’entend aujourd’hui dans le pays.

Malheureusement, cet événement, n’est pas un cas isolé. En 2012, plus de 200 personnes auraient été tuées (un chiffre officiel qui sous-estime largement la réalité) et au moins 140 000 personnes ont dû fuir les violences menées par les bouddhistes. Tout au long de l’année 2013, les violences contre les musulmans se sont propagées dans tout le pays, notamment dans la région de Mandalay, dans l’État Shan, et au nord de Rangoun. Le pays a aussi été marqué par une campagne de haine contre les musulmans, qui représentent 4% de la population mais qui sont considérés comme une menace pour l’identité birmane.

Les autorités birmanes ont montré leur incapacité à contenir cette violence, et ne semblent pas employer les moyens nécessaires pour les prévenir. L’attaque du convoi de l’envoyé spécial des Nations unies pour la Birmanie le 19 août, illustre ce manque de volonté. En visite officielle en Birmanie, Tomas Ojea Quintana devait se rendre dans un camp de réfugiés regroupant 1600 musulmans déplacés par les violences de mars dernier, mais bloqué par une foule hostile de plus de 200 personnes à Meiktila, il n’a jamais pu l’atteindre. « L’Etat a manqué à son devoir de me protéger » a-t-il déclaré, après l’événement.

Pendant son séjour, Tomas Ojea Quintana, a exprimé ses préoccupations à plusieurs reprises quant aux discriminations subies par les musulmans de Birmanie.

« Ma préoccupation principale est que la séparation et la ségrégation des communautés de l’Etat d’Arakan ne cesse de s’accentuer, cela rend tout retour de la confiance difficile », a-t-il ajouté.

Il a déclaré que les restrictions de mouvement et de liberté des musulmans des camps de déplacés internes, étaient toujours en place et que dans les camps, notamment celui de Sittwe, un grand nombre de personnes vivaient dans un espace confiné, enfermées par des barbelés et des gardes armés. Il a ainsi dénoncé les conséquences d’une telle situation sur les droits fondamentaux des personnes, et souligné leur difficulté d’accès à l’éducation, la santé, et aux moyens de subsistance.

« Je dois souligner l’obligation du gouvernement d’agir immédiatement pour contrôler la violence et le débordement des foules, et de protéger tout son peuple, sans distinction de religion ni d’origine ethnique ».

Les violences meurtrières se propagent de façon alarmante, visant à présent toutes les communautés musulmanes de Birmanie, et non plus seulement les Rohingyas.

Selon Info Birmanie « le gouvernement birman a échoué à protéger les populations vulnérables, et a instauré une culture de l’impunité extrêmement dangereuse qui entraîne de nouvelles violations des droits de l’homme. Le gouvernement birman doit mettre en place une enquête indépendante et des poursuites à l’égard des auteurs de ces terribles attaques et employer les moyens nécessaires pour protéger les populations vulnérables et les groupes marginalisés. »

Info Birmanie, appelle en outre le gouvernement birman à suivre les recommandations de M. Quintana et à coopérer pour faire cesser les campagnes de haine et les pratiques discriminatoires.