Une banque nationale foncière du climat en Birmanie : une solution pour faire face aux déplacements climatiques ?

Une banque nationale foncière du climat en Birmanie : une solution pour faire face aux déplacements climatiques ?

En ce 05 juin, journée mondiale de l’environnement, Info Birmanie a choisi de mettre en lumière le dernier rapport de l’association suisse Displacement Solutions (DS), qui tire la sonnette d’alarme quant au besoin de préparer au mieux les déplacements climatiques en Birmanie. Paru le 23 mai dernier, l’association exhorte le gouvernement birman à mettre en place une banque nationale foncière du climat en Birmanie. Cette demande se base sur deux études de cas effectuées dans le delta de l’Irrawaddy, zone potentiellement vulnérable aux phénomènes météorologiques et aux changements climatiques en Birmanie.

Dans la foulée du 10ème anniversaire du cyclone Nargis qui a révélé l’absence totale de préparation aux catastrophes en Birmanie, le rapport de l’association DS tente de trouver des solutions pour prévenir les catastrophes naturelles attendues dans le pays. En Birmanie les conflits fonciers, comme le déplacements des populations, risquent de s’aggraver à mesure que les effets du changement climatique augmenteront. Un grand nombre de personnes vont être touchées par l’élévation du niveau de la mer compte tenu des 2 000 km de littoral qui longe le pays et les tempêtes se feront de plus en plus violente, si bien que les habitants de la côté devront être délocalisé vers des terres plus élevés. Il est important que ces déplacements soient encadrés afin d’éviter des tensions voir de nouvelles formes de conflits.

Selon DS, la création d’une banque foncière nationale du climat constituerait un outil institutionnel central dans ce processus de réhabilitation. L’objectif d’une telle loi serait de mettre en place des programmes de mise en jachère de parcelles de terres de l’état. Si cette dernière est mise en place, la loi sur le droit de la mer servirait de base à l’élaboration de politiques reliant la prévention des conflits, le changement climatique, le déplacement et l’accès à la terre.

Le directeur de la DS, Scott Leckie, a déclaré que « outre le Bangladesh, la Birmanie est clairement l’un des pays les plus touchés par le changement climatique et les changements climatiques imminents, mais le gouvernement est malheureusement mal préparé pour une crise qui va certainement déplacer des millions de personnes de leurs terres. Une Banque nationale foncière du climat permettrai de sortir de cette crise en développant une institution gouvernementale chargée de préparer et de gérer les déplacements climatiques grâce à des programmes nationaux de mise en jachère des terres ciblant les besoins des plus vulnérables ».

Concrètement, le rapport recommande un investissement initial de 10 000 acres, l’étude des forêts dégradées comme zones potentielles de relocalisation et la réalisation d’une cartographie complète des impacts climatiques nationaux. La promulgation d’une loi foncière nationale sur le climat permettrait également de définir plus clairement les droits fonciers coutumiers reconnus dans le pays en 2016.

Du 26 avril au 2 mai 2017, DS s’est rendu dans les villages côtiers de Shwe Sar Yan et Boe Tauk Khone dans la région de Bogalay. Les habitants ont été consultés pour évaluer les défis auxquels ils sont actuellement confronté en raison de changements climatiques et la quasi-totalité d’entre eux, touchés par le cyclone Nargis, déclarent qu’ils «restent déterminés à rester sur la terre de leurs ancêtres jusqu’à ce que cette position ne soit plus sûre et durable».

Pour mesurer la brutalité du cyclone Nargis, le Myanmar s’est classé aux côtés d’Haïti et du Honduras dans les trois pays les plus touchés par les phénomènes météorologiques extrêmes entre 1997 et 2016 selon l’indice mondial du risque climatique publié par l’ONG allemande Germanwatch.

Dans le monde, il y a trois fois plus de personnes déplacées chaque année pour des raisons météorologiques que de personnes déplacées pour cause de conflit. Les personnes les plus touchées vivant dans des pays en développement, dont 81% en Asie. Le changement climatique est devenu l’une des plus grandes menaces à la jouissance des droits humains et plus largement à la paix et à la sécurité en Birmanie. Aussi, la BMCLB pourrait être transposée dans d’autres pays.

P.A.