Vives préoccupations face à l’engagement militaire de pays étrangers en Birmanie

Vives préoccupations face à l’engagement militaire de pays étrangers en Birmanie

Le 17 Octobre 2013, 133 organisations de la société civile, représentant 15 groupes ethniques en Birmanie, ont remis une lettre conjointe au président Barack Obama,  à David Cameron et au Premier ministre australien Tony Abbott, exprimant leurs vives préoccupations quant à leur engagement militaire avec l’armée birmane. Détaillant les graves violations des droits de l’homme que l’armée birmane continue de perpétrer et les conflits en cours, la lettre met en lumière les conditions préalables devant être remplies avant tout engagement militaire avec la Birmanie.

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Les organisations signataires décrivent les abus flagrants commis par l’armée birmane sur les populations locales: « Ils ont détruit nos villages, volé nos terres, nous ont soumis à l’esclavage, forcé à porter leur équipement militaire pendant qu’ils nous chassaient, torturaient, tuaient, asservissaient nos frères et sœurs ethniques, et faisaient subir des violences sexuelles à nos femmes et nos filles … Nous connaissons mieux que quiconque les militaires birmans. Nous parlons du passé, mais aussi du présent. Nous ne voulons pas que ce soit notre avenir ».

« Les attaques incessantes de l’armée birmane contre les minorités ethniques et son incapacité à s’engager honnêtement vers une paix véritable démontrent clairement le manque de volonté de l’armée à contribuer à l’avancée des réformes démocratiques ». L’armée a rompu un cessez-le-feu long de 17 ans avec l’Organisation d’indépendance kachin (KIO) en juin 2011 et continue d’ignorer les demandes pour faire cesser les attaques, entraînant le déplacement de 100 000 personnes. L’armée a violé à plusieurs reprises le cessez-le-feu signé avec les groupes ethniques Karen, Mon et Shan, et continue de commettre des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité.

Le gouvernement de Thein Sein et l’armée birmane cherchent avant tout à gagner une reconnaissance et une légitimité auprès de la communauté internationale. Plus que les réformes démocratiques, leur priorité est le développement économique. Fournir une formation militaire à l’armée birmane ne permettra que de nuire aux populations ethniques.

« L’armée birmane n’a pas commis des violations des droits de l’homme de façon accidentelle, par ignorance, ou parce qu’ils ne sont pas correctement formés. La formation des officiers subalternes et des soldats ne résoudra pas le problème principal: les soldats obéissent aux ordres de leurs chefs militaires et politiques. »

Les organisations signataires suggèrent une liste (non exhaustive) de conditions préalables à tout engagement militaire avec l’armée birmane :

– Demander à l’armée birmane de démontrer un véritable engagement pour les réformes en cessant les attaques dans tout le pays, et en entamant le retrait des forces armées dans les zones de conflit ;

– Exiger que le gouvernement birman et l’armée birmane reconnaissent publiquement les violations des droits de l’homme qui ont été et continuent d’être commises par l’armée birmane et s’engagent dans une politique de « tolérance zéro » ;

– Exhorter l’armée birmane à mettre en place, avec le soutien de la communauté internationale, une force de police militaire indépendante pour enquêter sur des allégations de violations des droits de l’homme commises par les soldats, et à instaurer une procédure judiciaire ouverte où les soldats incriminés ont droit à un procès équitable et des condamnations justes.

« Permettre un engagement militaire avec l’armée birmane sans que cette dernière ne démontre aucune volonté de contribuer à l’avancée des  réformes, accorde une légitimité imméritée à l’armée birmane et compromet tout effort visant à persuader les militaires birmans de s’engager vers une véritable réconciliation nationale ».

Pour lire la lettre (en anglais) et voir la liste des 133 organisations signataires, cliquez ici