La France doit répondre à l’appel d’Aung San Suu Kyi en apportant son soutien financier aux réfugiés birmans

Le 16 juin, Aung San Suu Kyi a finalement été en mesure de livrer son discours d’acceptation du prix  Nobel de la Paix, 21 ans après sa nomination. 

Elle a choisi cette journée historique pour présenter un plaidoyer émouvant en faveur d’une augmentation des fonds destinés aux réfugiés birmans dans les camps thaïlandais. Ayant récemment visité l’un d’entre eux, elle s’est montré préoccupée par la situation de ces réfugiés qui doivent faire face à une baisse de 25 % de leur aide alimentaire et ne reçoivent plus aucune aide pour leur besoins quotidiens élémentaires.

Relatant sa récente visite au camp de Mae La en Thaïlande, Aung San Suu Kyi, évoque « des personnes dévouées qui luttent chaque jour pour rendre la vie des réfugiés la moins difficile possible ».

 « Elles m’ont parlé de leur préoccupation face à la ‘démotivation des donateurs’, qui pourrait aussi se traduire comme une ‘usure de la compassion’. La ‘démotivation des donateurs’ s’exprime précisément dans la réduction des financements. ‘L’usure de la compassion’ peut se traduire, de façon moins évidente, dans la réduction de la préoccupation. L’une est la conséquence de l’autre. Peut-on se permettre de se livrer à l’usure de la compassion ? Le coût de la satisfaction des besoins des réfugiés est-il plus élevé que le coût [moral] de notre indifférence face à leurs souffrances ? Je lance un appel aux bailleurs de fonds dans le monde entier pour répondre aux besoins de ces personnes qui sont à la recherche d’un refuge, ce qui doit bien souvent leur sembler une vaine recherche », a-t-elle déclaré lors de son discours d’acceptation du prix  Nobel de la Paix.

Environ 150.000 réfugiés Birmans vivent dans des camps à la frontière thaïlandaise. La baisse de l’aide qui leur est consacrée affecte directement leurs conditions de vie au quotidien ainsi que les efforts des organisations humanitaires[1] chargées de la coordination de la gestion des camps de réfugiés.

Info Birmanie rappelle que si le processus de démocratisation, bien qu’embryonnaire, est une réalité en Birmanie, il ne saurait servir de justification à des coupes drastiques dans l’aide destinée aux réfugiés birmans.

La situation des droits de l’Homme reste dramatique : les combats continuent dans l’État kachin, et plus de 60000 personnes ont été déplacées par les violences dans cet État et reçoivent une aide au compte-goutte, très loin de répondre aux besoins de première nécessité. Les accords de cessez-le-feu sont un premier pas important, mais ils risquent de péricliter rapidement si le gouvernement ne parvient pas rapidement à proposer la participation des groupes ethniques au processus politique.

Info Birmanie exhorte les autorités françaises à faire écho à l’appel lancé à Oslo par Aung San Suu Kyi et à apporter un soutien financier aux réfugiés birmans.

Contact presse :

Célestine Foucher
Chargée de mission
Infobirmanie@gmail.com


[1] Thailand Burma Border Consortium (TBBC), alliance d’organisations humanitaires œuvrant pour les réfugiés birmans en Thaïlande – vous pouvez télécharger le rapport de TBBC  “Displacement and Poverty in South East Burma/Myanmar” à cette adresse : http://www.tbbc.org/resources/resources.htm#idps