La communauté internationale doit prendre en compte les recommandations des Nations unies face à des violations des droits de l’homme persistantes

 
Communiqué de presse d’Info Birmanie – 20 février 2013

 

Tomas Ojea Quintana, Rapporteur spécial des Nations unies, a fait part de sa préoccupation concernant la persistance de violations des droits de l’homme en Birmanie malgré les réformes engagées par le pouvoir.
« Le processus de réformes a beau continuer dans la bonne direction, des manquements importants sur le plan des droits de l’homme persistent sans qu’aucune réponse n’y soit apportée », a-t-il déclaré le 16 février au terme d’une mission de cinq jours en Birmanie

Tout en se réjouissant de la libération d’un grand nombre de prisonniers politiques l’année dernière, l’émissaire de l’ONU a souligné qu’un grand nombre d’entre eux demeurent toujours incarcérés. M.Quintana s’est rendu à la prison d’Insein à Rangoun, où il a rencontré cinq prisonniers d’opinion. Il s’est également entretenu avec plusieurs membres des familles de personnes décédées à la suite de tortures lors des interrogatoires. Quintana a exprimé sa préoccupation au sujet de tels abus dans les prisons à travers le pays et a déclaré qu’il s’agissait « d’une pratique courante » mettant en évidence les écarts qui existent entre les réformes venant des plus hautes sphères dirigeantes de l’Etat et la réalité sur le terrain.

Le rapporteur de l’ONU a aussi visité des camps de réfugiés internes et des prisons dans l’Etat Kachin, au Nord de la Birmanie, où le conflit entre le groupe armée kachin et l’armée birmane fait rage depuis juin 2O11. Il a dénoncé de graves violations des droits de l’homme par l’armée birmane. Et ce, en dépit des pourparlers en cours avec le bras politique du groupe armé, la Kachin Independance Organization. « Je suis préoccupé par les arrestations arbitraires et de la torture pratiquée par les militaires pendant les interrogatoires d’hommes Kachin accusés d’appartenir à l’Armée indépendante Kachin », a-t-il déclaré.

Par ailleurs, M.Quintana a longuement fait part de sa préoccupation face à « la crise profonde » qui touche l’Etat d’Arakan, où des violences confessionnelles ont surgi entre les Rohingyas musulmans et les bouddhistes Rakhines. Il a pu aller à la rencontre d’une partie des 110 00 réfugiés internes.
Tomas Ojea Quintana a regretté la persistance de discriminations contre les musulmans Rohingyas de l’Etat de l’Arakan. Il s’est indigné du fait que les équipes médicales locales comme internationales se voient barrer l’accès des camps musulmans par la majorité bouddhiste. Le personnel médical ferait l’objet de harcèlement et de menaces. Quintana a affirmé que le camp de Taung paw à Myabon ressemblait plus « à une prison qu’à un camp de réfugiés ».

Quintana a lancé un appel au Parlement birman pour qu’il  amende la loi sur la citoyenneté de 1982 afin de « s’assurer que toutes les populations de Birmanie aient un accès égal à la citoyenneté et ne soient pas discriminées en raison de leur ethnicité ou de leur religion ».  Quintana a aussi exprimé son inquiétude face à la situation dans la prison de Buthidaung, au Nord de l’Etat d’Arakan, où des prisonniers musulmans auraient été torturés et battus à mort.

Selon Info Birmanie, la visite de M. Quintana démontre clairement que le gouvernement birman  n’a pas pris de mesures concrètes pour remédier aux violations des droits de l’homme et que le chemin à parcourir est encore long. Nous espérons que sa visite résonne comme une sonnette d’alarme pour la communauté internationale qui a fait preuve de beaucoup trop d’optimisme face aux réformes en Birmanie.

Nous exhortons la communauté internationale, notamment la France, à prendre des mesures immédiates conformément aux recommandations de M.Quintana concernant les violation des droits de l’homme persistantes dans le zonespeuplées par les minorités ethniques, et les discriminations contre les minorités ethniques et religieuses ; la suppression des libertés fondamentales (la liberté d’expression, de rassemblement et d’association) ; et la libération des prisonniers politiques.