Le nouveau gouvernement birman doit agir vite pour mettre fin à la crise qui touche les Rohingyas

Le nouveau gouvernement birman doit agir vite pour mettre fin à la crise qui touche les Rohingyas

Déclaration des membres du Réseau Européen pour la Birmanie (EBN)

Les membres du Réseau Européen pour la Birmanie (EBN), appellent le nouveau gouvernement de Birmanie, Ligue Nationale pour la Démocratie (LND), à agir rapidement pour faire face à la crise des Rohingyas en Birmanie.

Ces cinq dernières années ont été caractérisées par une aggravation dramatique de la situation des Droits de l’Homme, de la répression, des discriminations et des violences à l’encontre des Rohingyas. Environ 150 000 personnes ont été déplacées et vivent dans des camps dont les conditions de vie seraient parmi les pires au monde, selon les représentants des Nations Unies.

Plus de 100 000 Rohingyas, soit plus de 10% de la population, ont quitté la Birmanie pour fuir une répression toujours plus forte. Des milliers se seraient noyés en fuyant par la mer.

Human Rights Watch et Fortify Rights ont prouvé la perpétration de violations des Droits de l’Homme correspondant aux critères de nettoyage ethnique et de crimes contre l’humanité. Des experts en génocide ont également signalé l’existence de signes avant-coureurs d’un génocide contre la minorité des Rohingyas.  La plupart des Rohingyas se sont vu retirés leur droit de vote lors des dernières élections, ont été exclus du recensement national et sont toujours privés de leur droit à la citoyenneté birmane.

Pendant des décennies, le gouvernement militaire de Birmanie a mis en place une politique axée sur un double objectif : la répression et l’appauvrissement, pour amener la minorité Rohingya à quitter le pays.

Le nouveau gouvernement de la LND est aujourd’hui confronté à un challenge de taille pour faire face à cet héritage.

Etant donné la gravité de la crise humanitaire et des Droits de l’Homme, des actions courageuses et décisives doivent être prises immédiatement pour commencer à mettre fin à cette situation.

Les membres du Réseau Européen pour la Birmanie appuient les 4 mesures proposées par l’Organisation Burmese Rohingya Organisation UK, à la LND, pour que le parti commence à s’attaquer à la crise des Rohingyas.

Ces 4 actions consiste à :

  • Lutter contre les discours de haine et les discours extrémistes : Prendre des mesures pour prévenir les discours de haine et d’incitation à la violence. Manifester un leadership moral via l’implication d’Aung Sann Suu Kyi et d’autres personnalités de la LND qui devraient dénoncer spécifiquement les préjugés et la haine et confronter les discours nationalistes extrémistes.
  • Assurer l’accès humanitaire : Lever immédiatement toutes les sanctions et restrictions imposées aux agences humanitaires internationales et mobiliser davantage de ressources gouvernementales pour venir en aide aux personnes déplacées et aux villageois isolés. Assurer un retour sans danger de toutes les personnes déplacées dans l’Etat d’Arakan.
  • Reformer ou abroger la loi de 1982 sur la citoyenneté : Le déni de citoyenneté est à l’origine de la majorité des discriminations auxquelles sont confrontés les Rohingyas. Les problèmes ne pourront être résolus sans la réforme de cette loi. Celle-ci devrait par ailleurs être prise par le nouveau gouvernement dès le début de son mandat, puisqu’il s’agit d’un étape cruciale où le parti bénéficie d’un récente et forte légitimité, d’une unité solide et de temps avant les prochaines élections. L’amendement de la loi sur la citoyenneté est indispensable, il serait donc plus judicieux qu’il est lieu au moment où le gouvernement de la LND est le plus fort.
  • Justice et responsabilité : Le gouvernement de la LND doit mettre en place une véritable enquête indépendante avec des experts internationaux pour investiguer ces crimes et les punir. Si le gouvernement de la LND échoue, les Nations Unies devront mettre en place leur propre Commission d’enquête. Prendre ces mesures de façon immédiate est essentiel sur le plan des Droits de l’Homme et de la situation humanitaire, mais également d’un point de vue politique. Le gouvernement de la LND, avec sa majorité écrasante, ne sera jamais plus fort que pendant sa première année. Il sera ainsi plus à même de supporter une controverse de court terme dont les mesures, bien qu’impopulaires, sont nécessaires. Si le nouveau gouvernement ne met pas fin à la crise, les souffrances, les violations des Droits de l’Homme et les décès continueront alors qu’ils pourraient être évités et pourraient contribuer à déstabiliser le gouvernement sur le long terme.

Les pouvoirs du gouvernement de la LND sont limités par la constitution – rédigée par les militaires – sur un grand nombre de sujets, il aura donc des difficultés à résoudre les problèmes. Toutefois, les 4 mesures mentionnées ci-dessus, peuvent être prises par le nouveau gouvernement, s’il décide d’agir.

En tant qu’organisations ayant répondu à la demande de soutien international de la LND et des activistes birmans, nous restons engagées à aider à promouvoir les droits de toute personne en Birmanie, quelque soit leur race et leur religion. Nous espérons, que maintenant que le gouvernement de la LND est en position d’agir pour promouvoir les Droits de l’Homme, il le fera.

 Déclaration de :

Actions Birmanie (Belgique)
Association Suisse-Birmanie (Suisse)
Burma Action Ireland (Irelande)
Burma Campaign UK (Angleterre)
Burmese Rohingya Organisation UK
Christian Solidarity Worldwide
Info Birmanie (France)
Society for Threatened Peoples
Swedish Burma Committee (Suède)

BURMA-59