Condamner la traite d’êtres humains : un travail de longue haleine pour la Thaïlande

Condamner la traite d’êtres humains : un travail de longue haleine pour la Thaïlande

InfoBirmanie, en partenariat avec Terre des Hommes France (TDH), la Fédération Internationale Terre des Hommes (FITDH), et Foundation for Education and Development (FED) participe à un projet visant à réduire la vulnérabilité des migrants entre la Thaïlande et la Birmanie. Cet article d’Info Birmanie est le sixième de notre série qui vise à rendre compte de la situation pressante des migrants birmans en Thaïlande et du contexte de cette migration.

Depuis quelques années maintenant, la Thaïlande tente de rendre justice aux victimes de la traite, parmi lesquelles on compte de nombreux birmans.

Les premières condamnations pénales ont vu le jour en 2017 à Bangkok, lors d’un procès sans précédent impliquant un haut gradé de l’armée thaïlandaise, des politiciens locaux et des policiers. L’étendue de ce trafic (in)humain est dénoncée depuis des années par de nombreuses ONG (Human Rights Watch, Fortify Rights…). C’est en 2015 qu’il éclatera sous le regard de la communauté internationale suite à la découverte de fosses communes en pleine jungle thaïlandaise, là où se cachent les camps de transit pour migrants. Parmi les victimes, de nombreux Rohingya.

La volonté de rendre justice…

Le 21 octobre 2019, la Thaïlande a “remis” à la Birmanie plus d’une cinquantaine de victimes birmanes de la traite d’êtres humains. La lutte contre ce phénomène est une entreprise de longue haleine. 

En août dernier, le directeur de la Division Thaïlandaise de la Lutte Contre la Traite des Personnes, annonçait qu’au cours de ces deux dernières années, le nombre de victimes birmanes était le plus élevé, comparé aux ressortissants d’autres pays (Laos, Cambodge…).  En parallèle à ce trafic illégal, il faut noter qu’environ 20 000 travailleurs birmans entrent légalement en Thaïlande chaque mois afin de trouver du travail, dans le cadre d’un accord visant à favoriser les déplacements par voie légale. 

Depuis 2014, la justice thaïlandaise a connu environ 1335 affaires de traite d’êtres humains et ordonné aux trafiquants de régler aux victimes une indemnisation totale de plus de 130 millions de bath (soit 4,3 millions USD) pour les dommages subis. 

Cette année, la Thaïlande a par ailleurs secouru plus de 1000 victimes de ce trafic. Il y aurait, à l’heure actuelle, plus de 550 victimes placées dans des centres de réhabilitation thaïlandais qui attendent d’être reconnues dans leur citoyenneté birmane. Le nombre de victimes est bien sûr supérieur, mais difficile à chiffrer précisément. Selon l’index de la Fondation Walk Free, la Thaïlande compterait environ 610 000 personnes réduites en esclavage, pour une population de 69 millions d’habitants.

Mais une volonté parfois ralentie

Le rôle du gouvernement, en théorie, est d’accompagner les victimes dans leurs démarches en justice. Mais le cadre ne semble pas encore très établi à ce niveau. De plus, dans 99 % des cas, les trafiquants d’êtres humains ignorent les condamnations rendues par les juges et très peu de procès aboutissent réellement. Les victimes n’ont reçu leur indemnité que dans 5 des 1335 affaires évoquées ci-dessus. 

Le gouvernement thaïlandais envisage de modifier une loi de 1999 concernant la lutte contre le blanchiment d’argent. L’objectif serait d’utiliser les avoirs des contrevenants, saisis par le Bureau de lutte contre le blanchiment d’argent (AMLO), afin d’indemniser les victimes. Quatre séances publiques ont eu lieu cette année pour discuter de l’éventuelle modification législative. Car les avoirs saisis sont actuellement, selon la loi, propriété de l’Etat. Le gouvernement doit encore examiner cette possibilité de réforme, mais aucune date n’a été annoncée pour l’instant.

Un avocat qui a suivi plusieurs affaires sur cette problématique souligne que, bien souvent,  les victimes ne reçoivent jamais l’indemnité à laquelle elles ont droit. Les trafiquants ne possèdent en général pas la somme exigée. Et la peine de prison à laquelle ils peuvent être condamnés rend la collecte des fonds impossible. Précarisées, les victimes encourent le risque d’être de nouveau ciblées et touchées par le trafic. 

Si on peut constater une certaine volonté de rendre justice aux victimes du fléau de la traite d’être humain en Thaïlande, il reste donc encore un long chemin à parcourir pour permettre à toutes les victimes d’obtenir effectivement réparation et justice. 

 Le 27 novembre 2019

Margot Meyer

Exposition d’art sur la justice à Rangoun : mérites, limites… et discorde

Exposition d’art sur la justice à Rangoun : mérites, limites… et discorde

Rangoun, 24 novembre 2019

Dans un pays marqué par tant de violence et d’injustice(s), visiter une exposition d’art à Rangoun sur le thème de l’accès au droit peut sembler dérisoire. Info Birmanie a franchi le pas de cet espace de micro-expression, boycotté par un artiste birman exilé qui ne mâche pas ses mots.

L’accès au droit s’expose actuellement à Rangoun dans le Old Tourist Burma Building. L’exposition multimédia « Everyday Justice » marque les quatre ans du programme d’accès au droit « MyJustice », mis en œuvre par le British Council. Financé par l’Union Européenne, il a été mené en partenariat avec près de 50 organisations de terrain, engagées dans des actions d’accès au droit pour les populations les plus vulnérables et démunies (1).

L’exposition « Everyday Justice » dans le Old Tourist Burma Building à Rangoun

(In)justice : perceptions et vécus individuels

On peut voir dans cette exposition des œuvres (plastiques, photographiques, vidéos) qui interrogent le lien entre la représentation qu’une personne peut avoir de la justice, son identité et les normes de la société dans laquelle elle évolue. Elle aborde notamment les inégalités homme-femme, la situation des personnes LGBT et livre des informations révélatrices sur la perception qu’ont les birmans de la notion de justice. Une enquête de terrain dans le cadre du programme Myjustice, menée auprès de 3365 personnes à travers le pays, livre des résultats évocateurs : la représentation qu’ont les birmans de la justice reste à l’image d’un pays façonné par des décennies de dictature et dans lequel la défiance vis-à-vis de l’institution judiciaire reste de mise. Car tout reste à faire pour que celle-ci devienne indépendante et garante de droits.

Il ressort de l’étude que, pour la très grande majorité des birmans, la loi est un moyen de contrôle de la population et vise à assurer la sécurité publique. Elle ne vise ni à résoudre les différends, ni à protéger les droits. La notion de droits de l’Homme (« Lu A Kwint Ayay »)  est largement méconnue : 44,6% des personnes interrogées (73,5 % des femmes vulnérables en milieu rural) déclarent ne pas savoir ce qu’elle signifie. Et ce sont les autorités locales villageoises qui restent des figures centrales en matière de justice, loin devant le juge. Tous les acteurs des programmes d’accès au droit doivent donc intégrer ces représentations et faire évoluer les mentalités, sur fond d’institutions sources d’injustice en l’absence d’Etat de droit. Htein Lin, l’un des artistes exposé, a réalisé une œuvre à ce sujet représentant l’institution judiciaire. Des briques représentant des murs de prison, des mains tendues et le bureau du juge équipé d’une machine à écrire un peu particulière : si l’on y tape le mot « justice », c’est le mot « indignation » qui apparaît.

Mais peut-on parler de justice librement en Birmanie?

Que montre l’exposition? L’œuvre de Ko Z, qui s’intitule « deux femmes », est ainsi légendée : « Chaque jour des femmes sont victimes de violence et bien souvent personne n’est traduit en justice pour ces crimes. Et si c’était vous ou votre famille ? Que feriez-vous ? Avec quelles difficultés et quel traumatisme ? Comment recherchiez-vous justice ? » Cette œuvre monumentale est en réalité consacrée au sort tragique de Maran Lu Ra et Tangbau Hkawn Nan Tsin, deux jeunes femmes Kachin violées et assassinées par l’armée le 19 janvier 2015.

« Two Women » de l’artiste Ko Z

L’un des films présentant les parcours de bénéficiaires du programme MyJustice traite de la situation d’un paysan Shan dépossédé de ses terres par l’armée dans le nord du pays et qui a pu se les voir restituer. Un tableau écrit évoque en pointillés la corruption et la violence des forces de sécurité. Une œuvre plastique représente un camp de personnes déplacées entouré de barbelés. Une autre évoque les restrictions très fortes qui pèsent sur la liberté d’expression…

Mais le titre de l’œuvre dédiée aux deux jeunes femmes Kachin a dû être changé et une œuvre a dû être retirée. Bien des enjeux de justice en Birmanie ne peuvent tout simplement pas être abordés dans cette exposition, qui traite d’un sujet très sensible. La correspondante de RFI a rencontré des artistes et la commissaire de l’exposition, qui s’expriment à ce propos.

Discorde : un artiste birman refuse d’exposer ses œuvres et pointe du doigt l’Union Européenne

Ces derniers temps, cette exposition fait parler d’elle dans la presse pour une toute autre raison. Sawangwongse Yawnghwe, qui réside aux Pays-Bas, a refusé d’y exposer ses œuvres pour dénoncer l’incohérence de l’Union Européenne (UE). Cet artiste n’est autre que le petit-fils du premier président birman, Sao Shwe Thaike, arrêté la veille du coup d’Etat du Général Ne Win en 1962 et décédé en détention huit mois plus tard.

Sawangwongse Yawnghwe remet sur la table une situation connue : Depuis que l’UE a ouvert des bureaux permanents en Birmanie, son Ambassadeur a élu résidence dans une propriété qui appartient à la famille du feu dictateur Ne Win, au pouvoir de 1962 à 1988. La presse rapporte qu’à l’époque une autorisation spéciale a dû être demandée à Bruxelles en raison du coût exorbitant du loyer de cette résidence, qui se chiffre à plusieurs dizaines de milliers de dollars par mois.

Pour Sawangwongse Yawnghwe, l’UE ne peut pas d’un côté financer le train de vie fastueux de la famille de Ne Win, dont tout le pays a terriblement souffert, et de l’autre promouvoir la transition démocratique et la justice. Progressive Voice y voit « l’hypocrisie des faiseurs de paix » et nombreux sont ceux qui sont choqués par la présence de l’UE dans cette résidence. Dans un pays où le revenu mensuel moyen avoisine les 70 dollars US, le faste n’est pas qu’une affaire de goût…

Les bureaux de l’UE à Rangoun, situés dans le Hledan Center, sont également en cause. Ce bâtiment est détenu par Asia World, un conglomérat proche de militaires et d’anciens du régime, épinglé dans un récent rapport de la Mission d’établissement des faits de l’ONU sur la situation en Birmanie, consacré aux intérêts économiques de l’armée (Tatmadaw). Une armée accusée de génocide, de crimes contre l’Humanité et de crimes de guerre… Les enquêteurs de l’ONU mettent à l’ordre du jour la nécessité de cesser de financer la Tatmadaw en rompant tout lien économique et financier avec son vaste réseau d’entreprises connexes. Cette recommandation est très favorablement accueillie par les défenseurs des droits humains et par de simples citoyens qui voient d’un bon œil tout ce qui peut mettre un terme au pouvoir exorbitant des militaires.

Si l’UE vient d’annoncer qu’elle allait changer de bureaux, elle ne s’est pas encore prononcée sur la résidence de son Ambassadeur… Quant à l’artiste Yawnghwe, il a encore beaucoup de choses à dire et il serait bon de l’écouter : sa radicalité exprime aussi une forme de vérité.

(1) Le programme MyJustice a touché plus de 73000 personnes et compte près de 9000 bénéficiaires directs. Il se termine à la fin de l’année 2019.  

Contact : Sophie Brondel sophie@info-birmanie.org

 

L’enfance volée des jeunes birmans sur le chemin de la Thaïlande

L’enfance volée des jeunes birmans sur le chemin de la Thaïlande

InfoBirmanie, en partenariat avec Terre des Hommes France (TDH), la Fédération Internationale Terre des Hommes (FITDH), et Foundation for Education and Development (FED) participe à un projet visant à réduire la vulnérabilité des migrants entre la Thaïlande et la Birmanie. Cet article d’InfoBirmanie est le cinquième d’une série mensuelle : retrouvez tous les mois une publication thématique pour rendre compte de la situation pressante des migrants birmans en Thaïlande et du contexte de cette migration.

Le périple des enfants birmans vers la Thaïlande

Avec 2401 km de frontière commune entre la Thaïlande et la Birmanie, on compte aujourd’hui au moins 3 millions de birmans travaillant dans le pays voisin, dans l’espoir de mieux gagner leur vie et d’échapper à une situation politique oppressante. Si une partie de ces migrants laisse leurs enfants à leurs familles et envoie de l’argent régulièrement, d’autres, les emmènent avec eux. Malgré des efforts du gouvernement thaïlandais afin de régulariser l’arrivée et la situation des travailleurs migrants birmans sur le territoire, les personnes à charge sont exclues des voies formelles de migration. Les enfants se retrouvent donc clandestins alors que leurs parents ont entrepris les démarches pour acquérir un statut juridique et les avantages sociaux qui vont de pair. 

D’autres enfants que l’on retrouve sur les chemins de la migration décident de partir seuls, sentant une grande responsabilité envers leurs familles et un désir de leur envoyer de l’argent pour les aider à survivre, rembourser des dettes et pour que leurs frères et soeurs n’aient pas à subir le même sort. Cependant, les enfants voyageant en solitaire sont bien plus vulnérables à l’exploitation ou à la traite d’êtres humains dans plusieurs secteurs, comme les services domestiques, les usines, l’agriculture, la pêche et la construction. De plus, d’après le rapport américain de 2016 sur la Traite des Personnes, les jeunes femmes et filles birmanes continuent à être victimes de traite pour l’exploitation sexuelle.  En utilisant les réseaux de passeurs ou en tombant aux mains des trafiquants, les voyages des enfants sont éprouvants, longs et chers. Ils passent par des zones montagneuses et dangereuses durant la nuit pour éviter d’être repérés, ou sont cachés à plusieurs à l’arrière de camions, exposés à la soif et à la faim et risquant l’asphyxie.  

Les petites mains birmanes au travail en Thaïlande 

L’âge minimum légal pour travailler en Thaïlande est de 15 ans. Les enfants de moins de 18 ans ne sont pas autorisés à exercer des métiers considérés comme dangereux : les casinos, les salons de massage ou le secteur de la prostitution. En réalité, beaucoup d’enfants birmans trouvent un emploi dans le secteur de la construction et de la pêche. Ils suivent leurs parents et ont la réputation d’avoir de petites mains, idéales pour décortiquer les crevettes et nettoyer les poissons. En effet, une enquête de UNACT a trouvé des enfants dès l’âge de 7 ans travaillant dans cette industrie. 

De par leur jeune âge et leur statut irrégulier, ils sont en proie à l’exploitation. Ils ne reçoivent pas le salaire minimum, travaillent de très longues journées, font régulièrement des heures supplémentaires et n’ont peu, voire pas, de jours de repos. Les conditions de travail sont dangereuses, avec beaucoup d’enfants dans le secteur de la pêche qui disent souvent glisser, se couper, se brûler avec de l’huile et coincer leurs doigts dans les machines. Ils sont obligés de payer le matériel de protection et bien qu’il y ait des panneaux de sécurité dans les usines pour les avertir des risques, ils ne savent pas lire pas le thaïlandais. 

Protégés par des droits qu’ils ne connaissent pas

En cas de blessure ou de maladie, les enfants birmans n’ont pas accès aux services de santé. Comme ils n’ont, pour la plupart, pas de papiers, ils ne peuvent avoir d’assurance, même si leurs parents en ont une. En effet, les employeurs n’incluent pas les personnes à charge dans leur couverture. Outre la barrière de la langue qui limite leur utilisation des services, les travailleurs birmans ont peur des répercussions de la part des autorités si elles découvrent l’existence de leurs enfants. L’association partenaire d’InfoBirmanie, Foundation for Education and Development (FED) vise à réduire cette vulnérabilité et à répondre aux besoins de santé et d’hygiène des familles birmanes dans la province de Phang Nga, à travers des visites médicales et la diffusion d’information.  

Cependant, ces craintes n’ont pas lieu d’être : tous les enfants en Thaïlande, qu’ils possèdent ou non des documents, ont droit à la santé, la protection et l’éducation. Ils n’en sont simplement pas informés. Ainsi, de nombreux enfants migrants birmans ne sont pas scolarisés alors même que les écoles sont chargées d’accueillir des élèves de toutes origines et de leur procurer un numéro d’identification s’ils n’en ont pas. A défaut, des organisations comme FED ont mis en place des “migrant learning centers” (MLC) : centres d’apprentissage pour les migrants. Leur nature associative tend à rassurer les parents mais d’autres obstacles financiers et pratiques entravent l’éducation des jeunes, tels que la distance des écoles et le coût des transports ou des dortoirs sur place. Les familles sont souvent découragées par le fait que les cours soient dispensés en thaïlandais, par l’absence d’équivalence entre les diplômes birmans et thaïlandais et par la non-reconnaissance des certificats des MLC. Elles en concluent donc que travailler est une meilleure utilisation du temps.  

L’importance de l’éducation des enfants migrants : une reconnaissance essentielle au niveau local, national et régional

Lors d’un entretien, Patima Tungpuchayakul et Chutima Sidasatian de la Labour Protection Network (LPN), basée à Bangkok, ont fait part de l’importance de l’éducation pour lutter contre le cycle de l’exploitation et la traite des êtres humains, notamment chez les enfants birmans. Leur association milite pour qu’ils soient intégrés dans les écoles publiques thaïlandaises, malgré une forte résistance et discrimination de la part des parents thaïlandais. Afin de faciliter leur insertion, le LPN organise des centres éducatifs temporaires, des classes bilingues et un dispositif éducatif mobile afin d’encourager les enfants à s’inscrire à l’école. Pour les parents, ils organisent des ateliers afin de renforcer leur confiance en la communauté locale et les services publics proposés sur place. Elles ont évoqué le futur projet de la LPN qui est celui de mettre en place des centres éducatifs sur les lieux de travail car beaucoup d’enfants y restent la journée en attendant leurs parents, ou y travaillent. Cela permettrait à l’organisation de toucher une population souvent exclue de ces initiatives, mais elle a besoin de dons pour réussir à atteindre cet objectif. 

Cette mobilisation associative autour de la situation des enfants birmans en Thaïlande s’inscrit dans le cadre d’un mouvement régional pour lutter contre le cycle de la pauvreté et les risques d’exploitation qui vont avec. Début août 2019, à Bangkok, les ministères de l’Education birman et thaïlandais se sont réunis pour parler de leur coopération au sujet de l’éducation des enfants vivant entre leurs deux pays. Ils ont reconnu que la qualité de cette éducation devait venir de leur étroite collaboration, notamment pour réduire la barrière de la langue, former les professeurs, soutenir la transition entre les systèmes birmans et thaïlandais et renforcer les mécanismes de gestion de données afin de mieux pouvoir appréhender le problème.  

Comme nous l’a si bien dit le LPN, il faut agir : les enfants sont à un âge où l’on peut encore intervenir et c’est une responsabilité que de leur donner l’espoir et les clés d’une vie meilleure. 

20 novembre 2019,

Clara Sherratt, pour InfoBirmanie.

Samedi 7 décembre 2019 : « Femmes birmanes : regards croisés »

Samedi 7 décembre 2019 : « Femmes birmanes : regards croisés »

Exposition Photo et Projection-Débat

Info Birmanie et la photographe Catherine Griss vous donnent rendez-vous le samedi 7 décembre 2019 aux Grands Voisins à Paris. L’événement « Femmes birmanes : regards croisés » vous propose d’échanger sur les mutations et permanences que connaît le pays, à travers des portraits et des témoignages de femmes birmanes.
Au programme de cette journée : 
– 12H-19h00 / Finissage de l’exposition photo de Catherine Griss, avec sa série « Yangon Entretemps » présentée dans son atelier du 15/11 au 08/12 : Déambulation dans une ville en mutation, à travers les portraits de jeunes femmes écartelées entre deux mondes.
>> COUR ROBIN, PORTE 2
– à partir de 18H30 /  Projection-débat autour du film documentaire « Mère, Fille, Soeur » de Jeanne Hallacy (VOSTF 30) : Des femmes Rohingya et Kachin témoignent de leur combat contre les violences sexuelles dans les conflits.  
>> COUR ROBIN, PORTE 4
– 12h-19h00 / Stand Info Birmanie : échanges avec l’équipe de l’association (qui rentrera tout juste de Birmanie), dégustation de saveurs traditionnelles et vente solidaire d’artisanat birman issu du commerce équitable
>> COUR ROBIN, PORTE 2

Cet événement aura lieu durant le Marché des Créateurs des Grands Voisins, qui se tient du samedi 7 au dimanche 8 décembre 2019.

Venez échanger avec nous autour de l’exposition et de la projection!

Page Facebook de l’événement « Femmes birmanes : regards croisés »

Accès : Les Grands Voisins, 74 avenue Denfert-Rochereau, 75014 Paris
→ Métro : Denfert Rochereau – lignes 4 et 6
→ RER : Port Royal ou Denfert Rochereau – ligne B
→ Bus : arrêt Saint-Vincent-de-Paul – 38 et N1
→ Station Vélib la plus proche : n°14112 – Méchain – Faubourg Saint-Jacques / n°5029 – Port Royal

Plus d’informations / Contact :
Sophie Brondel, coordinatrice d’Info Birmanie sophie@info-birmanie.org

 

Génocide des Rohingya : L’Etat birman renvoyé devant la Cour Internationale de Justice par la Gambie

Génocide des Rohingya : L’Etat birman renvoyé devant la Cour Internationale de Justice par la Gambie

CP 12 novembre 2019 – La  Gambie vient de renvoyer l’Etat birman devant la Cour Internationale de Justice (CIJ) pour le génocide des Rohingya. Cette initiative, lancée le 11 novembre et portée par l’Organisation de la Coopération Islamique, était attendue depuis des mois. Cette procédure vise à mettre en cause la responsabilité de la Birmanie en tant qu’Etat pour avoir échoué à prévenir et à réprimer le génocide des Rohingya au titre de la Convention de 1948 sur la prévention et la répression de ce crime.

La CIJ, basée à La Haye, est une juridiction qui règle les différends entre Etats. Elle a eu, par le passé, à connaître d’une procédure initiée par la Bosnie-Herzégovine à l’encontre de la Serbie au titre la Convention de 1948. En fonction des suites qui seront données à la procédure, la CIJ pourrait enjoindre à la Birmanie d’adopter des mesures provisoires pour faire cesser les violations à ses obligations, dont les Rohinyga continuent d’être les victimes. La Gambie le lui demande d’urgence.

Le 16 septembre, les enquêteurs de l’ONU ont caractérisé l’intention génocidaire de l’Etat Birman au titre de la Convention de 1948 dans leur dernier rapport présenté devant le Conseil des droits de l’Homme. Ils ont aussi alerté la communauté internationale sur le fait que les Rohingya demeurant en Birmanie y restent exposés à la menace d’un génocide. Il est plus que temps d’agir et de faire rendre des comptes à la Birmanie, dans le cadre d’une procédure qui ne se satisfera pas de son déni caractérisé.

Le Ministre de la Justice de Gambie, Aboubacar Tambadou, rappelle que « le génocide concerne l’humanité toute entière » et que cette procédure devant la CIJ vise à mettre en exergue « la responsabilité de la Birmanie vis-à-vis de son propre peuple ».  Ancien procureur au Tribunal Pénal International Pour le Rwanda (TPIR), il déplore la même faillite de la communauté internationale face au génocide qui se préparait au Rwanda et face au génocide des Rohingya, en germe depuis des années.

Comme le souligne l’ONG Fortify Rights dans un communiqué du 11 novembre, les Etats membres de l’ONU doivent désormais apporter leur soutien à l’initiative gambienne. Son directeur exécutif, Matthew Smith, note que l’initiative de la Gambie est remarquable et que ce pays n’aurait pas dû se retrouver seul à agir. Car tous les Etats membres de l’ONU ont l’obligation, par application du droit international coutumier, de prévenir et de réprimer le crime de génocide. Ils devraient donc apporter leur soutien à cette procédure devant la CIJ. Les Etats qui ont ratifié la Convention de 1948 peuvent par ailleurs intervenir à la procédure en soumettant des interprétations de ce texte s’agissant de la situation des Rohingya.

Soulignons que le Canada – qui s’honore à appeler publiquement le Conseil de sécurité de l’ONU à saisir la Cour Pénale Internationale pour faire juger pénalement les principaux responsables des crimes en question – vient de saluer l’initiative gambienne et de lui signifier son entier soutien.

La France – qui s’était illustrée en 2017 par la voix de son Président qualifiant de «génocide » le nettoyage ethnique subi par les Rohingya – devrait apporter un soutien public à l’initiative gambienne et l’appuyer par tous les moyens possibles (diplomatiques, matériels et juridiques). Il en va de la défense des valeurs portées par cette initiative.

Contact : Sophie Brondel 07 62 80 61 33 sophie@info-birmanie.org