En Birmanie, les négociations de paix progressent entre le gouvernement et les groupes armés ethniques

En Birmanie, les négociations de paix progressent entre le gouvernement et les groupes armés ethniques

Le 9 mars, après 2 jours de réunion, la Nationwide Ceasefire Coordination Team (NCCT) qui représente 16 groupes groupes armés ethniques, et la Commission Gouvernementale pour le processus de paix, l’Union Peacemaking Working Committee (UPWC) ont publié une déclaration annonçant la création d’un comité mixte, constitué à part égale de membres du gouvernement et de représentants ethniques. Le comité a pour mandat de négocier un accord de cessez-le-feu national. Depuis les derniers pourparlers en novembre 2014, le gouvernement avait annoncé à plusieurs reprises, mais sans succès, la tenue de telles négociations.

Le 7e cycle de négociations s’est déroulé la semaine du 17 mars pour 4 jours de discussions intenses. Ces pourparlers ont été facilités par un entretien préalable entre l’armée Kachin et le gouvernement. Toutes les parties prenantes semblent être sorties satisfaites de ces débats et un accord sur la structure d’un cessez-le-feu a été trouvé.

1114722740_title0h

Le 30 mars, les négociations entre l’UPWC et la NCCT ont repris et ont donné lieu à une ébauche d’accord de cessez-le-feu. Après 60 ans de conflits armés, il s’agit d’un accord historique, toutefois, il doit encore être signé par le gouvernement et par chaque groupe armé ethnique avant d’être proposé au Parlement. Les groupes armés ethniques ont décidé de se réunir entre le 20 et le 30 avril avant de signer l’accord de cessez-le-feu.

Mais le succès de cet accord fait l’objet de préoccupations :

–       Les combats font toujours rage dans plusieurs régions de la Birmanie, notamment dans la région Kokang, au nord de l’État Shan, où l’armée nationale affronte 3 membres de la NCCT : l’armée Kokang (MNDAA), l’armée Arakan et l’armée Ta’ang (TNLA). La TNLA, ouvertement alliée aux rebelles Kokang, affirme que les armées rebelles ne font que se défendre contre les offensives du gouvernement qui tente de reprendre le contrôle de la région. Elle estime que ces pourparlers n’ont pas de sens tant que l’armée nationale continuera de les attaquer. De plus, les combats continuent de façon régulière avec l’armée Kachin (KIA), partie essentielle aux négociations de paix. Ces conflits peuvent constituer un frein non négligeable au processus de paix en cours.

–       Tous les groupes armés ethniques n’ont pas pu ou pas voulu participer aux négociations : La liste des membres de la NCCT fait l’objet de désaccords avec le gouvernement qui ne reconnait pas l’armée rebelle Kokang comme membre de la NCCT. Les autorités se justifient en affirmant que l’armée Kokang avait refusé de se joindre aux pourparlers de paix en 2011 et qu’elle a été à l’origine de la reprise du conflit le 9 février. De plus, l’Arakan Army, membre de la NCCT ainsi que l’United Wa Solidarity Party (UWSP) et la Ta-ang National Liberation Front (TNLA), qui sont des membres observateurs des négociations de paix, n’ont pas assisté aux négociations du 30 mars. Alors que la NCCT estime qu’il est indispensable pour une paix durable d’inclure tous les groupes ethniques, on ne sait pas si l’organisation acceptera de signer un accord de cessez-le-feu sans ces 4 organisations.

Même si les leaders des différents groupes ethniques acceptaient de signer l’accord de cessez-le-feu, le processus de paix pourrait prendre plusieurs mois avant qu’un accord définitif soit conclu. En effet, les négociations de paix se heurtent toujours à certains désaccords, comme le rôle des militaires en politique et l’établissement d’une armée fédérale. Enfin, bien que ce premier accord soit un signe positif, tant que les combats continuent dans l’État Shan et l’État Kachin, aucun réel accord de cessez-le-feu ne sera possible.