D’après un rapport de l’ONG Campagne Internationale pour l’Interdiction des Mines (ICBL), la Birmanie est l’un des trois pays le plus touché par les mines antipersonnel au monde, avec l’Afghanistan et la Colombie. Mais, contrairement à ces derniers, la Birmanie a refusé de signer la Convention sur l’Interdiction des Mines de 1997. D’après Human Rights Watch, c’est le seul régime qui continue à produire et à disposer régulièrement des mines sur son territoire depuis 2006.
Les soldats birmans n’hésiteraient pas à placer les mines antipersonnel devant les maisons, autour des plantations de riz et le long des chemins menant aux champs afin que les civils renoncent à procéder aux récoltes. Cette situation impacterait indirectement les rendements agricoles et ainsi l’insuffisance alimentaire de certaines régions. Par ailleurs, il semblerait que 17 groupes ethniques armés utilisent également les mines antipersonnel.
Dans les zones de conflits armés, notamment dans les régions concernées par l’accord de cessez-le-feu signé au mois d’octobre entre l’armée birmane et les groupes ethniques armés, les mines antipersonnel sont enfouies partout dans la forêt et les villages. Le principal problème est que personne ne sait combien de mines sont toujours actives ni où elles sont situées. La tâche de déminage sera extrêmement difficile sans carte de champs de mines.
Le rapport de la ICBL souligne le manque d’information concernant le nombre de victimes des mines. « L’armée birmane et les groupes ethniques armés n’enregistrent pas le nombre de civils tués ou blessés par les mines antipersonnel qu’ils ont placé. Le Ministère de la santé est incapable de compter les victimes des mines en Birmanie », « Les statistiques pourraient exister au niveau local (les cliniques savent combien de personnes elles reçoivent pour ce type de chirurgie) mais elles n’existent pas au niveau national car ils n’ont pas les moyens de regrouper l’information » explique Yeshua Moser-Puangsuwan, chercheur pour le Groupe de surveillance des mines et des sous munition (Landmine & Cluster Munition Monitor).
Bien qu’il n’y ait pas de chiffres officiels, l’ONG Norwegian People’s Aid estime que les mines antipersonnel tuent entre 300 et 500 personnes par an en Birmanie, principalement des civils et des enfants. Le Sud-Est de la Birmanie serait l’une des régions les plus minées au monde.
Ceux qui survivent à leurs blessures sont inévitablement guettés par la pauvreté en raison d’un système de santé délaissé par le gouvernement. Il existe toutefois des initiatives telle que la clinique Mae Tao, côté thaïlandais. Celle-ci a été fondée par Maw Kel, un birman amputé après avoir marché sur une mine. Des prothèses y sont fabriquées et les réfugiés birmans sont soignés et installés dans les camp le long de la frontière.
Les ONGs humanitaires ne sont pour le moment pas en mesure de procéder au déminage car le gouvernement – qui reconnaît pourtant l’ampleur du problème – a déclaré que ces opérations débuteraient après la signature de l’accord de cessez-le-feu national (NCA) et l’adoption d’une loi pour les coordonner. Le NCA a été signé en octobre par seulement 8 groupes armés sur plus de 15 et depuis, les conflits se sont intensifiés entre les groupes armés non signataires et l’armée birmane, rendant toute opération de déminage impossible dans les zones encore en conflit.
Pour les parties prenantes signataires du NCA, l’accord prévoit, du moins sur le papier, qu’elles coopèrent pour déminer les terres. Depuis sa signature, le dialogue a en effet repris entre les groupes ethniques armés et les organisations humanitaires locales et internationales, mais cela n’a pas encore donné lieu aux expertises de terrain nécessaires ni à des actions de déminage. Ceci est d’autant plus regrettable que certaines des zones concernées ont perdu toute valeur stratégique ces dernières années puisque les conflits se sont déplacés dans d’autres zones.