Le devoir de protéger son peuple

Le devoir de protéger son peuple

Refus de l’aide humanitaire, refus de reconnaissance et de protection des minorités ethniques et exclusion des Rohingyas : le gouvernement ne fait rien pour protéger les personnes qui sont le plus en difficultés.

Dans les décombres d’une maison incendiée à Sittwe... @ AFP
Dans les décombres d’une maison incendiée à Sittwe…
@ AFP

REFUS DE L’AIDE HUMANITAIRE

Depuis que Thein Sein est président, au moins 250 000 personnes ont été déplacées par les conflits, les violations des droits de l’homme et les violences.
Dans l’Etat Kachin seulement une poignée de convois humanitaires ont été autorisés à pénétrer dans les territoires non-contrôlés par le gouvernement, où la plupart des déplacés internes vivent dans des refuges temporaires. Bloquer l’aide humanitaire est une violation du droit international.

Le président Thein Sein empêche le libre accès humanitaire à près de 140 000 Rohingyas déplacés, ayant fui les attaques. Selon les termes de Valérie Amos, Secrétaire générale adjointe des Nations unies, chargée des affaires humanitaires et coordonnatrice des secours d’urgence, les conditions de vie des Rohingyas dans les camps restent pourtant « désastreuses », avec des camps surpeuplés et des conditions sanitaires catastrophiques.

Dans la plupart des régions des restrictions ont été mises en place par le gouvernement qui contrôle la nature de l’aide, ses bénéficiaires et ceux qui la livre. La Birmanie est notamment, tristement célèbre pour avoir bloqué l’accès de l’aide humanitaire après le passage du cyclone Nargis en 2008 qui a fait plus de 100 000 morts (Thein Sein était alors en charge de la situation pour le gouvernement).

 Du 10 au 13 juin 2013 s’est tenue à Strasbourg la session plénière du Parlement européen. Par le biais de l’article 5, il a invité « de nouveau, le gouvernement de Birmanie / du Myanmar à accorder aux agences des Nations unies et aux ONG humanitaires, ainsi qu’aux journalistes et aux diplomates, un accès sans entrave à toutes les régions du pays, y compris à l’État de Rakhine, et à permettre à l’aide humanitaire d’atteindre sans restriction toutes les communautés affectées par le conflit et la violence sectaire (…)[1].

REFUS DE RECONNAISSANCE ET DE PROTECTION DES MINORITÉS ETHNIQUES

Thein Sein a été en charge du processus d’élaboration de la Constitution de 2008 et a rejeté toutes les propositions permettant d’accorder des droits, une protection et un certain niveau d’autonomie aux groupes ethniques de Birmanie.

Il refuse de reconnaître les droits des Rohingyas à la citoyenneté en vertu de la Loi 1982. Cette loi contrevient aux obligations de la Birmanie relatives aux traités internationaux et constitue un facteur majeur de la situation actuelle des droits de l’homme et de la crise humanitaire. En outre, le déni de leur identité ethnique et les témoignages indiquant que des Rohingyas sont obligés de se faire enregistrer comme « bengali » ont des conséquences immédiates et à long terme pour les communautés Rohingyas. Pourtant, Thein Sein a déclaré en mars 2013 : « Je pense réellement que la loi (loi 1982 sur la citoyenneté) est faite pour protéger le pays et le gouvernement n’envisage pas de l’amender » (Interview pour la Democratic Voice of Burma).

Parallèlement à cette situation, aucun dialogue ou changement constitutionnel n’a réduit le pouvoir de l’armée, ni permit de faire de la Birmanie un pays plus démocratique. Les trois quarts des membres du nouveau comité créé par le Parlement pour examiner la réforme constitutionnelle, sont issus de l’armée et du parti politique pro-junte. Les représentants des mouvements ethniques et pour la démocratie en sont exclus.

Enfin, aucune mesure n’a été prise pour promouvoir une forme de réconciliation entre les communautés et assurer la sécurité des populations.

EXCLUSION DES ROHINGYAS

Plutôt que de mettre en place les mesures nécessaire à la protection de son peuple, le Président birman préfère demander l’aide de la communauté internationale pour en expulser une partie : « La solution à ce problème est qu’ils (les Rohingyas) soient installés dans des camps de réfugiés gérés par le UNHCR et que le UNHCR les prennent en charge. S’il y a des pays qui les acceptent, ils pourraient y être envoyés » a-t-il déclaré en juillet 2012, lors d’une discussion sur le problème des Rohingyas avec le Haut-Commissaire des Nations Unies pour les Réfugiés, António Guiterres.

En mai 2013, le Président Thein Sein alimentait encore davantage la haine à l’encontre d’une partie de son peuple, en déclarant lors d’une interview pour le Washington post : « Il n’y a pas de race Rohingya en Birmanie. Nous avons seulement des Bengalis qui ont été amenés pour travailler dans l’agriculture [sous la domination britannique] ».

Pour en savoir plus:
Sur la situation des Rohingyas : lire notre article « Focus sur la situation des Rohingyas« 


[1] Sources : Reporters Sans Frontières