Mercredi 18/09 : Projection-débat autour du film « Mère, Fille, Soeur » de Jeanne Hallacy

Mercredi 18/09 : Projection-débat autour du film « Mère, Fille, Soeur » de Jeanne Hallacy

Des femmes Rohingya et Kachin témoignent de leur vécu et en appellent à la fin des violences sexuelles dans les conflits en Birmanie.

Le mercredi 18 septembre 2019 à 19h30, retrouvez Info Birmanie et l’Alliance des Femmes pour la Démocratie (AFD) au Rêv Café à Montreuil, autour du film “Mère, Fille, Soeur” de Jeanne Hallacy (« Amae, Thamee, Ama » 30 minutes / VOSTF © 2018 #KiranaProductions).

Ce documentaire, présenté pour la première fois en France, donne la voix à des femmes Rohingya et Kachin qui appellent à la fin des violences sexuelles dans les conflits en Birmanie. Il nous livre l’histoire de quatre femmes : Shamima, une thérapeute volontaire qui travaille dans les camps de réfugiés Rohingya au Bangladesh auprès de rescapées des viols commis par l’armée birmane, Dil Kayas une adolescente Rohingya rescapée, San Lung et Lu Ra, la soeur et la mère de deux enseignantes Kachin sauvagement violées et tuées en 2015 dans l’état Kachin, supposément par l’armée.

Ces témoignages poignants de rescapées, de témoins et de militantes révèlent l’impact profond et durable de la violence sexuelle et le traumatisme qu’elle provoque au sein des communautés, tout en livrant les histoires de femmes de courage qui en appellent à la justice et à la fin de l’impunité.

Alors que les enquêteurs de l’ONU viennent de publier un rapport sur les violences sexuelles infligées par l’armée birmane aux minorités ethniques, venez découvrir les témoignages de ces femmes et partager leur combat pour la justice.

La projection sera suivie d’un débat en présence de : 

Véronique Nahoum Grappe, anthropologue

Michèle Idels / Elisabeth Nicoli, avocates membres de l’AFD

Sophie Brondel, coordinatrice d’Info Birmanie

Entrée libre

Informations pratiques : Les Mercredis Associatifs du RÊV, accueillent Info Birmanie et l’Association des femmes pour la démocratie le 18/09. Le RÊV? Un café convivial et une cuisine ouverte place de la République à Montreuil, en lien avec les initiatives associatives et citoyennes.
// Accès RÊV Café : 54ter rue Robespierre – 93000 Montreuil Métro : Robespierre (M9)

La page Facebook de l’événement : https://www.facebook.com/events/733810303738397/

Contact : Sophie Brondel 07 62 80 61 33 sophie@info-birmanie.org

Congrès Mondial Kachin : l’armée doit lever ses accusations non-fondées contre le Révérend Dr. Samson

Congrès Mondial Kachin : l’armée doit lever ses accusations non-fondées contre le Révérend Dr. Samson

3 septembre 2019 – Dans un communiqué du 30 août 2019, le World Kachin Congress condamne la plainte déposée par le vice-commandant de la Région Nord de l’armée birmane, le Lt. Col. Than Htike, contre le Révérend Dr Samson. Le militaire l’accuse d’avoir délibérément donné de fausses informations au Président Trump lors de sa visite à la Maison Blanche le 18 juillet 2019. Ce jour là, le Révérend Dr Samson a informé Trump de l’oppression et de la torture dont sont victimes les chrétiens aux mains de l’armée birmane, par ailleurs privés de leur liberté de culte.

En effet, depuis 2011, plus de 100 000 civils Kachin, presque tous chrétiens, ont été déplacés de force, des centaines torturés et tués, 199 églises détruites, et des prêtres arrêtés, torturés, et tués par l’armée birmane. Certains Kachin ont été forcés de se tenir en position de crucifix et de se moquer de leurs croyances. Des femmes Kachin ont été violées et tuées dans des églises. Les messes ont été bloquées et la construction de nouvelles églises interdite dans certains endroits.

Le témoignage du Révérend devant le Président des Etats-Unis est donc véridique et soutenu par les Kachin du monde entier. Il n’y a aucune raison pour que des accusations soient portées contre lui. Au contraire, il est sûrement victime de représailles pour ses propos honnêtes et pour avoir remercié Trump pour les sanctions prises vis-à-vis du Commandant en Chef de l’armée birmane, Min Aung Hlaing et trois autres haut-gradés. Pour le Kachin World Congress, il n’y a pas de doute: c’est le Général Min Aung Hlaing qui est derrière ces plaintes, même s’il se dissimule derrière une façade de liberté religieuse. En effet, la veille du dépôt des plaintes, il a fait des donations publiques à des chrétiens et à des musulmans à Pyinmana.

Au vu de ces accusations non-fondées et des crimes dont sont victimes les minorités ethniques, le World Kachin Congress demande donc: 

A l’armée birmane :

  • de retirer toute accusation contre le Révérend Dr Samson
  • d’arrêter de créer des tensions avec les minorités ethniques en persécutant les défenseurs de droits humains
  • d’inviter l’équipe internationale et indépendante de monitoring de l’ONU à valider  les affirmations de l’armée soutenant qu’il n’y a pas d’oppression religieuse en Birmanie

Au gouvernement LND :

  • de soutenir et protéger les personnes qui oeuvrent pour la paix, la justice et l’égalité ethnique
  • d’agir immédiatement pour que l’armée birmane soit mise sous contrôle civil

A la communauté internationale : 

  • de faire pression sur le gouvernement birman pour qu’il fasse rendre des comptes à l’armée pour crimes contre l’Humanité et génocide
  • d’imposer  un embargo sur les armes
  • d’imposer des sanctions contre les entreprises détenues par les militaires
Version originale du communiqué / Contacts Presse :

Mr. Nsang Gum San (Etats Unis)                          +1 443 415 8683

Mr. Zauring Hpunggan (Nouvelle-Zélande)         +64 021 183 1134

Mr. Myitung Naw Ja (République Tchèque)           +420 604 220 209

Mr. Nlam La Seng (Canada)                                 +1 416 910 8475

Contact Info Birmanie : Sophie Brondel 07 62 80 61 33 sophie@info-birmanie.org

Samedi 07/09 : ne manquez pas la projection de Ghost Fleet à la Fondation GoodPlanet

Samedi 07/09 : ne manquez pas la projection de Ghost Fleet à la Fondation GoodPlanet

Vos crevettes ont-elles été pêchées par des esclaves?

Le samedi 7 septembre 2019, Info Birmanie organise, avec la Fondation GoodPlanet, une projection-débat autour du film Ghost Fleet.
Ce documentaire, réalisé par Shannon Service et Jeffrey Waldon (90/VOSTF/2018) suit le parcours d’un groupe de militants qui luttent au péril de leur vie pour l’accès à la justice et la libération de pêcheurs réduits en esclavage sur des îles isolées d’Indonésie. Patima Tungpuchayakul, une abolitionniste thaïlandaise basée à Bangkok, consacre sa vie au sauvetage de ces hommes “perdus” pour les aider à rentrer chez eux. Bravant la maladie, les menaces de mort, la corruption et l’inaction, la détermination sans bornes de Patima pour que justice soit rendue est source d’inspiration, non seulement pour son pays, mais pour le monde entier.
Parmi ces hommes, de nombreux migrants birmans n’ont pas vu leurs familles depuis des années…
Acclamé au Festival International du Film et Forum des Droits Humains de Genève, diffusé au siège de l’ONU, Ghost Fleet fait les gros titres de festivals de films à travers les Etats-Unis et au Canada…
Vous souhaitez en savoir plus sur l’envers du décor de l’industrie de la pêche thaïlandaise à travers le combat d’une femme hors-du-commun? Venez découvrir ce film unique, en avant-première en France ! RV le samedi 7 septembre 2019 à la Fondation GoodPlanet à Paris, de 15h00 à 17h00.
Cette projection-débat s’inscrit dans le cadre d’un projet visant à réduire la vulnérabilité des migrants entre la Thaïlande et la Birmanie, mené par Terre des Hommes France (TDH) en partenariat avec Info Birmanie.
La projection sera suivie d’un débat avec Info Birmanie et Cécile Allegra, reporter de guerre et co-réalisatrice du documentaire Voyage en Barbarie, qui a remporté le prix Albert Londres en 2015 pour son enquête sur les camps de torture situés dans le nord-est du Sinaï, une région devenue le théâtre d’un gigantesque trafic d’êtres humains.
Rendez-vous sur la page Facebook de l’événement…
Inscription obligatoire (gratuite) : https://www.weezevent.com/projection-ghost-fleet
Pour en savoir plus sur la réalisation du documentaire et sur l’exploitation des hommes dans l’industrie de la pêche en Thaïlande, n’hésitez pas à consulter le site internet de la production de Ghost Fleet.
Contact : Sophie Brondel 07 62 80 61 33 sophie@info-birmanie.org 
Nouvelle enquête de l’ONU sur les violences sexuelles à l’encontre des minorités ethniques

Nouvelle enquête de l’ONU sur les violences sexuelles à l’encontre des minorités ethniques

 23 août 2019

« Le viol est utilisé dans mon pays comme une arme contre ceux qui aspirent simplement à vivre en paix et à la garantie de droits humains basiques. Il est utilisé par les forces armées comme une arme pour intimider les nationalités ethniques et diviser notre pays.»

Publié le 22 août, le nouveau rapport des enquêteurs de l’ONU sur les violences sexuelles subies par les minorités ethniques (Sexual and gender-based violence in Myanmar and the gendered impact of its ethnic conflicts) commence par ces mots, prononcés par Aung San Suu Kyi en 2011. Aujourd’hui, le gouvernement persiste à nier catégoriquement toute accusation de violence sexuelle visant l’armée birmane (Tatmadaw).

En Birmanie, ces violences de l’armée relèvent de crimes de guerre, de crimes contre l’Humanité et d’actes de génocide. Elles sont mêmes, au vu des conclusions de ces enquêteurs, la « marque de fabrique » des opérations militaires. Principalement subies par des femmes et des filles appartenant à des minorités ethniques, elles sont perpétrées comme tactique de guerre et dans l’intention d’intimider, de terroriser et de punir la population civile.

Dans son rapport de septembre 2018, la Mission d’établissements des faits de l’ONU avait conclu que le viol et autres formes de violence sexuelle sont une figure récurrente et particulièrement extrême de la prise pour cible des populations civiles par l’armée birmane dans les états Kachin, Shan et d’Arakan depuis 2011. Face à l’impunité totale de l’armée, la Mission d’établissement des faits de l’ONU a continué d’enquêter sur les violences sexuelles subies par les minorités ethniques dans ces trois états, en interrogeant des centaines de survivant(e)s et de témoins.

Dans l’état d’Arakan

Violences sexuelles contre les Rohingya : une intention génocidaire

Ce rapport vient corroborer le fait que les violences sexuelles à l’encontre des Rohingya lors des opérations militaires de 2017 participent de la caractérisation de l’intention génocidaire de l’armée, « massacrant systématiquement des femmes et des filles, sélectionnant systématiquement des femmes et des filles en âge de procréer en vue de les violer, attaquant des femmes enceintes et des bébés, et mutilant leurs organes reproducteurs ».

La Mission revient aussi sur les violences de 2012 et de 2016 et souligne qu’une volonté politique des autorités, des réformes législatives et des poursuites judiciaires auraient probablement empêché (ou en tout cas amoindri la portée de) la catastrophe de 2017.

Deux ans plus tard, c’est toujours l’impunité totale et la Mission relève que le gouvernement birman nie notoirement toute responsabilité, et qu’il n’y a eu aucune réforme législative significative pour remédier à l’impunité des militaires et mettre un terme à la discrimination structurelle et institutionnelle subie par les Rohingya.

La Mission conclut non seulement que le Gouvernement a failli à son obligation de faire rendre des comptes aux auteurs de ces violences, mais que sa responsabilité en tant qu’Etat est engagée aux termes de la Convention de 1948 sur le Génocide, pour ne pas avoir enquêté et jugé les actes de génocide, ni adopté les mesures législatives de nature à rendre cette Convention effective.

Situation de la minorité Rakhine

Alors que les combats se poursuivent dans l’état d’Arakan entre l’armée et l’Armée de l’Arakan (AA), il est aussi question de la minorité Rakhine, dont la situation avait déjà été abordée dans le rapport de septembre 2018. Dans ce nouveau rapport, la Mission documente aussi les violences sexuelles subies par cette minorité, tout en indiquant ne pas avoir établi une pratique généralisée et systématique de ces violences par l’armée dans ce contexte de guerre. Sont pourtant déployés, pour partie, les mêmes bataillons que ceux qui sont intervenus en 2017, ce qui fait dire à la Mission que les plus hauts-gradés de l’armée semblent en mesure de contrôler les situations dans lesquelles leurs troupes ont ou n’ont pas recours à la violence sexuelle contre les populations civiles.

États Shan et Kachin : des violences sexuelles dans un contexte d’insécurité et de discriminations sévères

La Mission établit le lien entre le degré de militarisation d’un territoire et de hauts niveaux de violence sexuelle. Sur la base de ses investigations menées depuis septembre 2018 dans les états Shan et Kachin, La Mission réaffirme ses conclusions sur la persistance des violences sexuelles dans ces états du nord : le viol et d’autres formes de violences sexuelles y constituent des violations massives du droit international des droits de l’Homme. En dépit du cessez-le-feu unilatéral décrété par l’armée en décembre 2018 jusqu’au 31 août 2019, les hostilités se sont poursuivies, impactant les populations civiles.

Les violations des droits humains et du droit international humanitaire contre les minorités ethniques sont commises dans un contexte de discriminations sévères sur des bases ethniques et de genre, souvent dans une intention discriminatoire. La Mission a relevé que l’armée utilise le viol et d’autres formes de violences sexuelles, parfois suivies de meurtre, pour cibler les femmes et les filles lors de ses opérations de terrain, lors du travail forcé ou dans un contexte de forte militarisation, avec l’intention particulière de punir ou de déshumaniser les victimes en raison de leur genre, de leur appartenance ethnique ou religieuse.

Elle évoque des informations crédibles faisant état de pratiques d’esclavage sexuel et souligne que le contexte d’insécurité qui prévaut dans le nord du pays, la stigmatisation des survivants à ces violences sexuelles et la présence continue de l’armée et de groupes armés suggèrent une sous-documentation significative des violations des droits de l’Homme dans les états Shan et Kachin.

Le rapport revient sur le conflit dans cette région. Les populations des états Kachin et Shan se composent de différents groupes ethniques et religieux. Nombre d’entre eux luttent depuis des décennies pour une plus grande autonomie et s’opposent à un Etat central perçu comme favorisant la majorité bamar-bouddhiste sur le plan politique et économique. Ces revendications ont été exacerbées par les pratiques contre-insurrectionnelles de l’armée birmane qui ciblent directement les populations civiles. Dans certaines régions du nord, l’armée cible intentionnellement et fréquemment les populations civiles par le simple fait qu’elles ont la même appartenance ethnique que les organisations ethniques armées (OEA). Depuis 2011, des villages ont été vidés et des terres brûlées. Des milliers de civils ont été déplacés et plus de 106 500 personnes vivent dans 169 camps de déplacés, dont 36 % dans des zones contestées et contrôlées par les OEA auxquelles l’ONU n’a pas accès. Les conflits y sont aussi nourris par l’exploitation des ressources naturelles, l’accès à la terre, le développement de grands projets d’infrastructure et le trafic de drogue.

Violences sexuelles commises par des organisations armées ethniques

La Mission a aussi enquêté sur les violences sexuelles perpétrées par des organisations ethniques armées (OEA) dans les états Shan et Kachin. Si elle en relève l’existence, elle indique qu’elles sont de moindre ampleur que celles commises par l’armée, qui reste le principal auteur de ces violences. L’impunité est cependant également de mise.

Fortes inégalités de genre : violence et impunité

Enfin, ce rapport intègre le genre dans son étude de l’impact des conflits en Birmanie. Dans un contexte de très fortes inégalités de genre, les femmes appartenant à des minorités ethniques sont doublement victimes, en tant que femme et en tant que membre d’une minorité ethnique. Les inégalités de genre alimentent le climat de violence et d’impunité pour les auteurs de ces crimes, au même titre que le manque d’Etat de droit.

Violences sexuelles contre des hommes et des garçons / des personnes transgenres

La Mission s’est aussi penchée sur les violences sexuelles subies par des hommes et garçons, sous-documentée, en particulier dans le contexte de la détention, et par les personnes transgenres.

Conclusion : un besoin criant de justice et un manque total de volonté politique

Pour conclure, les enquêteurs de l’ONU pointent, de nouveau, l’enjeu majeur de justice et de lutte contre l’impunité. Face à l’ampleur de ces violences sexuelles, aucun haut-gradé n’a été mis en cause. Outre les obstacles légaux, il est surtout question de l’absence de volonté politique de faire juger les auteurs de ces crimes au caractère systématique.

Le 7 février 2019, en réponse à la documentation préexistante de ces crimes par l’ONU et par des organisations de défense des droits de l’Homme, le gouvernement birman déclarait devant le Comité de l’ONU pour l’élimination des discriminations contre les femmes : « Alors qu’il y a eu des cas allégués et des accusations portées contre des membres des forces de sécurité, il n’y a pas eu de preuve et d’éléments suffisants pour condamner quiconque. Des actions en justice ne peuvent se fonder sur des récits et des rumeurs émanant de sources dénuées de fiabilité.»

Les autorités birmanes vont-elles rejeter en bloc, comme elles l’ont fait jusqu’à présent, les conclusions de ce nouveau rapport ? Lors de sa conférence de presse de présentation à New York le 22 août, Mme Radhika Coomaraswamy, membre de la Mission, a pourtant rappelé qu’il est, ici aussi, encore question de la supervision de l’armée par le pouvoir civil. Tout le travail mené par cette Mission de l’ONU relie les éléments les uns aux autres. Son précédent rapport du 5 août sur le poids économique de l’armée liait aussi son sujet à cette nécessaire supervision. Pour en finir un jour avec l’impunité et la violence.

Les recommandations de ce rapport ont pour objectif de permettre aux victimes d’obtenir justice et en appellent au gouvernement birman, à toutes les parties aux conflits et à la communauté internationale pour faire rendre des comptes aux auteurs de ces violences sexuelles. L’armée birmane doit cesser de recourir à la violence sexuelle pour terroriser et punir les minorités ethniques.

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A venir / Pour débattre de ce sujet :

Info Birmanie organise le mercredi 18 septembre 2019 une projection-débat autour du film « Mother, Daughter, Sister » (VOSTF) de Jeanne Hallacy. Ce documentaire, présenté en avant-première en France, donne la voix à des femmes Rohingya et Kachin qui appellent à la fin des violences sexuelles dans les conflits. Débat en présence d’Info Birmanie et de Véronique Nahoum-Grappe, anthropologue, qui évoquera avec nous les spécificités du viol en temps de guerre  / Projection-débat du 18/09 à 19h30, REV CAFE 54ter rue Robespierre 93100 Montreuil / Contact / Inscription (gratuite) : Sophie Brondel 07 62 80 61 33 sophie@info-birmanie.org 

Rohingya : deux ans après

Rohingya : deux ans après

22 août 2019

Le 25 août 2019 marquera les deux ans du début des opérations militaires menées contre les Rohingya en Birmanie, provoquant l’exode de plus de 700 000 d’entre eux au Bangladesh. Au cours de celles-ci, 10 000 Rohingya ont été tués, des milliers de femmes violées et des centaines de villages brûlés. Les éléments génocidaires des crimes alors commis par l’armée birmane sont désormais reconnus.

A l’approche de cette date commémorative, les autorités bangladaises et birmanes semblent rejouer la partition de janvier et de novembre 2018 en annonçant, pour la troisième fois, le rapatriement imminent de quelques milliers de Rohingya, sur la base d’une liste de noms soumise par les autorités bangladaises.

Alors que la pression internationale devrait amener à un véritable changement de politique des autorités birmanes vis-à-vis de cette minorité apatride et opprimée, elle se borne malheureusement à susciter des effets d’annonce de ce type. Car sur le terrain, la politique d’apartheid à l’encontre des Rohingya se poursuit.

Le Haut-Commissariat aux Réfugiés de l’ONU (HCR), qui participe à l’évaluation du caractère volontaire de ce retour annoncé, émet de fortes critiques sur le processus de rapatriement lui-même et sur les conditions du retour. Celles-ci ne sont toujours pas réunies et les Rohingya expriment de nouveau toutes leurs craintes et leur refus d’un retour en l’absence de perspectives de justice et de garanties en termes de sécurité, de restitution de leurs terres, de reconnaissance de leur citoyenneté et de leurs droits. En toute logique, ce rapatriement ne devrait donc pas – comme les fois précédentes – avoir lieu.

Dans un communiqué du 20 août, Human Rights Watch (HRW) appelle les autorités bangladaises et birmanes à ne pas mettre en œuvre le rapatriement annoncé. Et rappelle que le Bangladesh – qui n’a pas ratifié la Convention de Genève de 1951 sur le statut de réfugié – ne peut procéder au rapatriement forcé des réfugiés Rohingya par application du droit international coutumier.

HRW rapporte également les propos d’un réfugié Rohingya au Bangladesh : « Nous savons que des milliers de Rohingya en Birmanie demeurent dans des camps de détention » – faisant référence aux 125 000 Rohingya confinés dans des camps à ciel ouvert dans le centre de l’Arakan depuis 2012. « S’ils sont libérés et qu’ils retournent dans leurs villages, alors nous saurons que nous pouvons rentrer en sécurité et nous le ferons ». 

Malheureusement, deux ans après l’exode de 2017, la situation des Rohingya est alarmante. Dans une déclaration commune du 20 août 2019, 61 organisations humanitaires alertent la communauté internationale sur leur précarité dans les camps et sur l’aggravation de la crise en Birmanie. Elles soulignent aussi que pour l’année 2019 seuls 34 % des engagements de financement au titre de l’aide humanitaire ont été couverts. La générosité internationale s’étiole tandis que les perspectives du retour s’éloignent ?

Le rapport récemment publié par l’Australian Strategic Policy Institute (ASPI), que nous avions évoqué dans un article du 25 juillet, met en doute, images satellitaires à l’appui, les affirmations des autorités birmanes selon lesquelles des mesures seraient prises en vue d’assurer le retour des Rohingya dans des « conditions sûres et dignes ». Rien n’indique qu’un tel retour soit préparé, la nouveauté de ce rapport consistant dans ses sources documentaires, qui révèlent, en particulier, que la destruction de villages Rohingya a continué bien après août 2017, tout au long de l’année 2018 et jusqu’à présent.

Quant à la Mission d’établissement des faits de l’ONU, elle affirme dans son nouveau rapport du 5 août 2019 que des projets menés par l’UEHRD dans le nord de l’état d’Arakan (Union Enterprise for Humanitarian Assistance, Resettlement and Development in Rakhine) ont en réalité contribué à la commission de crimes en droit international. Le 4 mars dernier, le MEDEF avait reçu l’UEHRD à Paris, un programme « de développement » mené par Aung San Suu Kyi sous la forme de partenariats public / privé.

Dans ce contexte, et face à l’impuissance de l’ONU – et d’un Conseil de sécurité paralysé – l’ASEAN ne propose pas d’alternative. Ce regroupement régional à vocation économique cultive le principe de non-ingérence et s’aligne sur la politique des autorités birmanes dans un récent projet de rapatriement des Rohingya fortement décrié.

S’il y a eu, depuis 2017, des avancées dans la documentation et la caractérisation des crimes dont les Rohingya ont été victimes (l’ONU évoquant des éléments de génocide, des crimes contre l’Humanité et des crimes de guerre), dans la décision de mettre en place un mécanisme international ad hoc de recueil des preuves de ces atrocités et dans l’auto-saisine de la Cour Pénale Internationale (CPI), force est de constater que ce sont les seules.

La Birmanie maintient sa posture de déni face aux crimes documentés et inscrit toujours les Rohingya dans le processus de demande d’une « National Verification Card » (NVC) en cas de retour. Cette carte a pourtant toujours servi à renvoyer les Rohingya à un statut d’étrangers depuis qu’ils ont été rendus apatrides par application de la Loi de 1982 sur la citoyenneté. En réponse au Ministre des affaires étrangères japonais qui lui enjoignait d’améliorer son programme de rapatriement, Aung San Suu Kyi déclarait : « les problèmes liés au migrants doivent principalement être résolus par le Bangladesh et le Myanmar, mais j’apprécie la bonne volonté des autres nations qui veulent nous aider ».

Si une délégation birmane s’est rendue à deux reprises dans les camps au Bangladesh pour y rencontrer des Rohingya, rien n’indique, jusqu’à présent, que la politique des autorités birmanes puisse être infléchie en termes de reconnaissance de leur identité et de leurs droits en Birmanie. Un Ministre a récemment utilisé le terme de « nationaux » pour qualifier les Rohingya dans un média d’Etat? Le porte-parole de la Présidence birmane annonce des poursuites judiciaires.

500 000 réfugiés Rohingya en exil au Bangladesh viennent de se voir attribuer une carte d’identité dans le cadre d’un programme d’enregistrement mené par le Bangladesh et le HCR. Il y est fait mention de leur pays d’origine : Myanmar. Une avancée… de papier ?

Contact : Sophie Brondel 07 62 80 61 33 sophie@info-birmanie.org