Ouverture de la 39e session ordinaire du Conseil des droits de l’Homme des Nations Unies : l’impératif de justice pour toutes les victimes birmanes à l’ordre du jour

Ouverture de la 39e session ordinaire du Conseil des droits de l’Homme des Nations Unies : l’impératif de justice pour toutes les victimes birmanes à l’ordre du jour

La 39e session ordinaire du Conseil des droits de l’Homme (CDH) des Nations Unies s’ouvre aujourd’hui à Genève. Son examen de la situation en Birmanie devrait avoir lieu le 18 septembre. A cette occasion, le CDH va prendre connaissance de l’intégralité du rapport de la mission d’établissement des faits qu’il avait mandatée en mars 2017 pour recueillir des informations sur les violations des droits humains dans ce pays.

Comme le souligne la nouvelle Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’Homme, Michelle Bachelet, dans son discours prononcé aujourd’hui devant le CDH, l’impératif de justice pour les victimes birmanes dans leur ensemble est criant. Elle rappelle que « les crimes les plus graves en droit international », évoqués par les enquêteurs de l’ONU dans leur pré-rapport, concernent la situation dans l’état d’Arakan, mais aussi dans les états Shan et Kachin (1).

La mise en place d’un mécanisme international et indépendant de recueil et d’analyse des preuves en vue d’accélérer la tenue de procès, appelée de ses vœux par Michelle Bachelet lors de son discours, serait une première étape.

Il est d’autant plus important que cette session du CDH soit marquée par des avancées concrètes vers la justice internationale que les autorités birmanes n’ont ni la volonté ni la capacité de rendre justice dans un système politique et légal qui érige l’impunité des militaires au rang de principe.

La décision inédite que la Cour Pénale Internationale (CPI) a rendue le 6 septembre dernier sur sa compétence pour connaître de la déportation des Rohingya au Bangladesh marque une avancée, mais seule une saisine de la CPI par le Conseil de sécurité des Nations Unies permettrait à l’ensemble des victimes birmanes des crimes les plus graves d’accéder à la justice internationale.

Il appartient au Conseil des droits de l’Homme des Nations Unies d’œuvrer à la création d’un mécanisme ad hoc de collecte des preuves et d’appuyer une saisine de la CPI par le Conseil de sécurité des Nations Unies.  

 

1 / Le pré-rapport des enquêteurs de l’ONU publié le 27 août 2018 fait en effet état de crimes contre l’Humanité et de crimes de guerre dans les états Shan, Kachin et d’Arakan, et évoque un génocide des Rohingya dans l’état d’Arakan.

Liberté de la presse en Birmanie : deux pas en avant, trois en arrière

Liberté de la presse en Birmanie : deux pas en avant, trois en arrière

Info Birmanie, en partenariat avec Reporters Sans Frontières, publie un dossier sur la criminalisation des pratiques journalistiques en Birmanie.

En perdant six places dans le classement 2018 de Reporters sans Frontières, le gouvernement birman dirigé par Aung San Suu Kyi a perdu toute crédibilité quant à sa volonté de donner à la presse toute sa place en tant que fondement essentiel de la démocratie. Le pays se retrouve cette année à la 137e place sur 180.

La très lourde condamnation des deux journalistes de Reuters et un contexte de répression accrue

Le 3 septembre 2018, Wa Lone et Kyaw Soe Oo, deux journalistes birmans travaillant pour Reuters, ont été condamnés à une peine de sept ans d’emprisonnement par un tribunal de Rangoun. Interpellés le 12 décembre 2017 alors qu’ils enquêtaient sur l’exécution sommaire de Rohingya par des militaires, ils sont depuis lors derrière les barreaux. En dépit de preuves de leur innocence, les deux hommes ont été condamnés pour « atteinte au secret d’Etat » pour avoir enquêté sur le massacre par l’armée birmane de dix civils Rohingya, le 2 septembre 2017, dans le village de Inn Din situé dans le nord de l’Arakan. Ce verdict marque un pas dans les atteintes à la liberté de la presse constatées en Birmanie et les réactions de la communauté internationales sont unanimes pour dénoncer une parodie de justice et en appeler à la libération immédiate des deux journalistes. Comme l’indique un rédacteur en chef de Reuters, ce verdict a pour but de « museler l’enquête des journalistes et d’intimider la presse ».

Si les journalistes birmans nourrissaient l’espoir d’en finir avec les arrestations et emprisonnements avec l’arrivée au pouvoir de la Ligue Nationale pour la Démocratie (LND), ils constatent amèrement que la liberté de la presse ne fait pas partie des priorités du gouvernement en place. « Je voulais me rendre dans l’état d’Arakan au début de la crise. Mais je savais que ce n’était pas une bonne idée. Si j’avais appris quelque chose, j’aurais été contraint d’écrire à ce sujet et puis j’aurais eu des ennuis. Si tu ne partages pas ce que tu sais, tu te sens coupable », réagit à la situation un journaliste birman, actuellement poursuivi en justice.

En 2017, l’article 66(D) de la loi sur les télécommunications qui criminalise la diffamation a été utilisée pour poursuivre une trentaine de journalistes. Mais les pires atteintes à la liberté de la presse ont lieu depuis le 25 août 2017, tournant où la violente offensive militaire dans l’état d’Arakan a poussé à l’exode près de 700 000 Rohingya vers le Bangladesh. Alors que le pré-rapport de la mission d’enquête de l’ONU publié le 27 août 2018 évoque un « génocide » à l’encontre des Rohingya, la zone est devenue un trou noir de l’information. En juin dernier, Radio Free Asia (RFA) a ainsi été interdite de diffusion pour avoir employé le terme de « Rohingya ».

La censure gouvernementale laisse place aux menaces de poursuites judiciaires

Malgré la levée officielle de la censure préalable à toute publication en 2012, sous le gouvernement Thein Sein, les médias continuent d’être soumis à un contrôle strict de leur contenu. L’autocensure est la règle. La couverture de la crise des Rohingya a été marquée par le développement des discours de haine relayés sur les réseaux sociaux, essentiellement sur Facebook. Tous les journalistes qui ne suivraient pas le credo antimusulmans se font violemment harceler par les extrémistes bouddhistes. Aussi, les conflits qui touchent les minorités Shan et Kachin, dans le nord-est du pays, représentent une prise de risques pour les journalistes qui osent les aborder. Traités avec défiance, privés d’accès physique à certaines zones du pays et aux sources primaires d’informations, les journalistes sont bien trop souvent contraints de relayer les déclarations officielles que les officiels birmans et l’armée consentent à donner.

« À la suite de la crise dans l’état d’Arakan, les médias se sont auto-censurés pour ne pas enquêter sur la situation », indique un membre de la LND, souhaitant rester anonyme.

Chronologiquement, l’année 2013 a été marquée par le premier emprisonnement d’un journaliste depuis l’autodissolution de la junte militaire. Quant à l’année 2014, elle a été endeuillée par la mort, le 4 octobre, du journaliste freelance Aung Kyaw Nang, abattu par un soldat durant sa détention. En 2015, alors que se déroulaient les élections parlementaires – où pour la première fois depuis plusieurs décennies, les birmans ont pu voter librement – les partis étaient tous sujets à une interdiction de critiquer l’armée à travers les médias. Le 3 mai 2015, lors de la journée mondiale de la liberté de la presse, l’armée birmane a menacé de poursuite toute personne qui relayerait les déclarations des groupes armés ethniques du pays.

Des lois désuètes toujours en vigueur

A ce jour, la législation birmane comporte toujours certains héritages de la période coloniale britannique et ne respecte pas les standards internationaux. Tout comme l’ancien régime militaire, certains membres de la LND se servent de ces outils législatifs d’un autre temps pour limiter la liberté de la presse. C’est le cas pour les deux journalistes de Reuters, poursuivis et condamnés en vertu de l’Official Secrets Act, une loi datant de 1923.

Au niveau du code pénal, c’est l’article 500 qui se doit d’être souligné. Ce dernier prévoit jusqu’à deux ans d’emprisonnement pour diffamation. Le 12 juillet 2016, un tribunal local a reconnu deux journalistes coupables de diffamation envers un ancien officier de l’armée. Dawe Mar Aye, juge du tribunal de Thae Gone Township, s’est prononcé contre le rédacteur en chef du Ladies News Journal, Sai Sai, et le journaliste Maung Mae à la suite d’une plainte déposée par un officier de l’armée. Les journalistes ont été condamnés à une amende de 20 000 kyats chacun ou à six mois d’emprisonnement. Ils ont payé la pénalité.

De même, sur les 38 journalistes inculpés depuis l’arrivée au pouvoir de la LND, 18 l’ont été sous la clause de diffamation contenue dans la Telecommunication Law, adoptée en 2013. Avant l’amendement en 2017 de l’article 66(d), qui criminalise la diffamation en ligne et peut entraîner une peine pouvant aller jusqu’à deux ans d’emprisonnement, il était possible pour une tierce personne de déposer une plainte en justice. A ce jour, l’amendement reste largement insuffisant. Ce dernier n’ayant pas été fait avec la consultation de la société civile, incluant six organisations journalistiques, il n’a pu être évité que le rédacteur en chef du site Myanmar Now soit poursuivi sur le fondement de l’article 66(d) pour avoir relayé sur Facebook un article dénonçant le discours haineux du tristement célèbre moine Wirathu.

Un autre outil législatif criminalisant la diffamation se trouve dans la News Media Law. Cette loi, instaurée en 2014, impose un code de conduite pour les journalistes ou professionnels des médias. Selon l’article 9(g), la rédaction d’articles affectant de manière délibérée la réputation d’une personne ou d’une organisation peut contraindre leurs auteurs à une amende pouvant allant jusqu’à un million de kyats (900 dollars). En 2014, le Ministère de l’Information a poursuivi 11 travailleurs du Myanmar Thandawsint pour avoir publié des commentaires critiques sur le président Thein Sein, dont le contenu violait le code de conduite. En juillet 2015, l’ancien rédacteur en chef et un rédacteur en chef adjoint ont été condamnés à payer l’amende la plus forte. Les neuf autres personnes ont été acquittées.

La News Media Law a également établi un Conseil des médias, chargé de surveiller le respect dudit code de conduite et de développer le recours à la médiation pour régler les différends. Cependant, tous les types de médias, y compris les médias imprimés, diffusés et en ligne, restent sous le contrôle du gouvernement par le biais de cette structure qui n’est pas indépendante.

De son côté, la Electronic Transaction Law a été créée sous le gouvernement militaire pour réglementer Internet et contrôler ses utilisateurs via de sévères sanctions pénales. Une enquête menée entre 2015 et 2016 par Free Expression Myanmar révèle que les citoyens birmans ont classé la Electronic Transaction Law comme la plus grande menace à la liberté d’expression à 19%. Et pour cause, l’article 33 de la Electronic Transaction Law incrimine la réception, l’envoi ou la distribution d’informations électroniques qui portent atteinte à la sécurité nationale, à la paix communautaire, à la solidarité, à l’économie ou à la culture, avec une peine d’emprisonnement pouvant atteindre 15 ans. L’article 34 criminalise la création ou la modification d’informations électroniques portant atteinte à la dignité de toute personne ou organisation, avec une peine d’emprisonnement de cinq ans. Il n’y a aucune définition de l’un de ces actes alors même que les normes internationales imposent que toute restriction à la liberté d’expression doit être clairement précise et définie dans une démocratie. De ce fait, la loi pourrait facilement être utilisée pour censurer les internautes birmans.

Des lois au service des intérêts politiques

Aujourd’hui, les sujets liés aux conflits ethniques et aux agissements des membres des forces de sécurité sont susceptibles de déclencher des représailles. En juin 2017, les journalistes Pyae Phone Naing et Aye Nai de Democratic Voice of Burman et Thein Zaw de The Irrawaddy ont été arrêtés et détenus en vertu de l’article 17(1) de la Unlawful Association Law, pour un reportage réalisé auprès de la Ta’ang National Libertaion Army (TNLA), un groupe ethnique armé. Ils étaient alors passibles de trois ans de prison, mais les charges ont été abandonnées.

« Pourquoi le nouveau gouvernement ne fait-il pas tout ce qui est en son pouvoir pour promouvoir et protéger la liberté d’expression ? Parce que le gouvernement civil a fait de sa priorité le processus de réconciliation avec l’armée. Nous ne pouvons nuire à leur relation à aucun prix », soulève un journaliste poursuivi en justice, souhaitant conserver l’anonymat.

Sous la Constitution actuelle, l’armée contrôle trois ministères clefs : la Défense, les Affaires frontalières et l’Intérieur. Aussi, la prédominance de l’armée dans les affaires du pays, ainsi que l’impunité dont elle jouit, sont l’un des plus grands obstacles à la liberté d’expression dans le pays. Pourtant, il est important de rappeler que le parti d’Aung San Suu Kyi, la Ligue Nationale pour la Démocratie (LND), dispose de la majorité nécessaire au parlement pour amender les lois ordinaires du pays. Il semblerait que ces dispositifs législatifs s’avèrent utiles aux yeux du nouveau gouvernement pour faire taire les voix dissidentes.

« Je suis moi-même effrayé de toutes les qu’ils [le gouvernement civil et l’armée] peuvent utiliser. Même en tant que membre de la LND, je ne me sens pas à l’abri ».

Qu’en est-il des médias internationaux ?

En septembre 2017, la BBC a annoncé mettre fin à l’accord sous lequel le média diffusait depuis 2014 un programme d’information quotidien sur la chaîne MNTV. Le média a invoqué des interférences et une censure qui auraient été appliquées sur des programmes incluant le mot « Rohingya ». Un mois plus tôt, Aung San Suu Kyi avait mis en garde les médias « d’écrire des articles en faveur du groupe armé [l’Arakan Rohingya Salvation Army]» et les avait enjoints à désigner ce dernier comme terroriste et non insurgent. Il est évident que les médias étrangers doivent faire face à la défiance si ce n’est l’hostilité du gouvernement et parfois même de la population locale. En novembre 2017, une correspondante de l’agence AP, Esther Htusan, a quitté la Birmanie après avoir reçu des menaces de mort sur les réseaux sociaux et avoir été suivie par des hommes jusqu’à son domicile.

En août 2015, le Parlement a ratifié la Broadcasting Law sur la radiodiffusion. Cette loi permet aux compagnies privées d’entrer sur le marché de la radiodiffusion tout en maintenant le contrôle présidentiel sur le secteur par le biais d’un Boradcast Council. Les radiodiffuseurs étaient auparavant tenus de s’associer à la Radio et Télévision du Myanmar (MRTV). De même, la Printers and Publishers Registration Law de 2014 confère au gouvernement le droit de restreindre l’attribution de licences aux médias ainsi que d’interdire des reportages nocifs pour « la sécurité nationale, l’Etat de droit, la paix et la tranquillité sociale ou qui insultent la religion ou violent la Constitution ». Toutefois, en 2017, les médias Democratic Voice of Burma (DVB) et Mizzima, anciennement « exilés » à l’étranger, ont été choisis pour opérer des chaînes TV sous l’égide de la télévision et radio d’Etat MRTV.

L’essor des réseaux sociaux : un nouveau paysage médiatique

Alors que la population est estimée à près de 53 millions d’habitants, on dénombre en Birmanie 33 millions d’abonnements mobiles actifs. L’offre numérique bouleverse depuis quelques années la façon dont s’informent les birmans. Une enquête publiée en août 2017 par l’International Republican Institute (IRI) montrait que sur un échantillon de 3 000 citoyens birmans, 38% obtenaient une majorité de leurs informations via Facebook. Dans cette même enquête, les réseaux sociaux se plaçaient avant la presse écrite en termes de source d’information.

Aujourd’hui, les journalistes se voient concurrencés par le citoyen lambda qui diffuse des informations – pas forcément vérifiées – sur les réseaux sociaux. Selon l’IRI, 60% des sondés déclaraient penser que la quasi-totalité ou la plupart du contenu qu’ils consultaient sur Facebook était vrai. L’enjeu est alors d’éduquer les citoyens comme les journalistes aux problèmes des fake news.

« Les citoyens croient ce qu’ils voient sur Facebook. Dans leurs esprits, Facebook dit la vérité. Ils ne connaissent pas le phénomène des fake news. Ils ne peuvent pas faire la différence entre le faux et le vrai. Ils n’ont pas les clefs de vérifications », déclare M.S., membre de la LND.

Pour l’heure, c’est à la société civile birmane de palier les manquements de l’Etat birman. C’est ce que propose le Myanmar ICT Development Organization (MIDO), organe de défense pour un accès au contenu internet de qualité et égal pour tous en Birmanie. Lancé en 2012, MIDO collabore avec la fonction publique pour surveiller et sensibiliser les citoyens aux discours de haine sur internet et propose des cours d’alphabétisation. De même, le Myanmar Journalism Institute, créé en 2014, permet aux aspirants journalistes de bénéficier d’une formation d’un an où l’enseignement est conforme aux standards internationaux : respect des règles d’éthique, de la neutralité, du pluralisme et de la méthodologie de l’investigation.

Alors que liberté d’expression, liberté de la presse et droit à l’information sont intrinsèquement liés, les enjeux relatifs à l’accès et la qualité des informations disponibles pour les citoyens birmans après 60 ans de dictature militaire se multiplient toujours. Le Myanmar Press Council est actuellement en train de travailler avec le gouvernement sur un projet de loi portant sur « le droit à l’information ».  Une telle loi doit respecter les standards internationaux sur la promotion et la protection du droit à la liberté d’opinion et d’expression et inclure des principes fondamentaux comme l’obligation pour l’Etat de faciliter l’accès aux informations d’intérêt public et la protection des lanceurs d’alerte. Cette initiative est une étape importante dans la promotion et la protection de la liberté de la presse en Birmanie. Toutefois, tant que le processus de création des lois n’est pas transparent et inclusif – impliquant une consultation systématique et appropriée avec la société civile et le public birman – elle pourrait n’être qu’un coup d’épée dans l’eau. Une fois encore, le lien étroit entre démocratie et liberté de la presse apparaît comme évident.

Pauline Autin

Violations massives des droits de l’Homme en Birmanie : la mission d’établissement des faits mandatée par le Conseil des Droits de l’Homme des Nations Unies publie un rapport intermédiaire

Violations massives des droits de l’Homme en Birmanie : la mission d’établissement des faits mandatée par le Conseil des Droits de l’Homme des Nations Unies publie un rapport intermédiaire

 

27 août 2018

En mars 2017, le Conseil des droits de l’Homme des Nations Unies a mandaté une mission d’établissement des faits sur la situation des droits humains en Birmanie. Son rapport complet sera publié le 18 septembre 2018 lors de la prochaine session ordinaire du Conseil des droits de l’Homme.

Alors qu’une réunion d’information sur la Birmanie doit avoir lieu au Conseil de sécurité des Nations Unies le 28 août 2018, la Mission de l’ONU publie aujourd’hui un rapport intermédiaire qui détaille l’ampleur et la gravité des crimes commis dans l’état d’Arakan, l’état Shan et l’état Kachin. Il cible et nomme six hauts-gradés de l’armée birmane, en particulier Min Aung Hlaing, le commandant en chef de l’armée. Il pointe également le rôle des autorités civiles et dénonce le climat d’impunité totale dont bénéficie l’armée birmane. Il en appelle à la justice internationale pour mettre un terme à l’impunité.

La Mission indique disposer de suffisamment d’éléments pour appeler à des enquêtes et à la poursuite des principaux hauts gardés de l’armée pour génocide dans l’état d’Arakan. Six hauts gradés de l’armée, parmi lesquels Min Aung Hlaing, le commandant en chef des armées, sont ainsi nommément mis en cause pour génocide dans le nord de l’état d’Arakan. Ils sont également mis en cause pour crimes contre l’Humanité et crimes de guerre dans les états d’Arakan, Kachin et Shan.

La Mission indique conserver une liste additionnelle de noms, dans la perspective de poursuites ultérieures dans le respect des standards internationaux.

La mission établit l’existence de violations massives des droits de l’Homme et documente la commission des crimes les plus graves en droit international, principalement commis par l’armée, mais également par d’autres forces de sécurité.

Les crimes contre l’Humanité documentés dans les états d’Arakan, Kachin et Shan incluent le meurtre, l’emprisonnement, la disparition forcée, la torture, le viol, l’esclavage sexuel et d’autres formes de violence sexuelle, la persécution et l’esclavage. Tandis que dans l’état d’Arakan, les éléments des crimes contre l’humanité d’extermination et de déportation sont aussi présents.

Tout en indiquant que les autorités civiles ont peu de contrôle sur les actions de la Tatmadaw, le rapport note que par leurs actes et leurs omissions, les autorités civiles ont contribué à la commission des crimes.

La Mission pointe le déni et l’impunité qui accompagnent ces crimes et indique que la Tatmadaw est au-dessus des lois. De ce fait, la perspective de faire rendre des comptes ne peut venir que de la communauté internationale.

Elle documente aussi les abus et les violations des droits humains perpétrés par des groupes armés non-étatiques.

Le rapport intermédiaire en appelle à la saisine de la Cour Pénale Internationale ou à la création d’un tribunal international ad hoc. Il appuie également la mise en place d’un mécanisme indépendant, notamment chargé de collecter des preuves en vue d’un procès.

La Mission recommande aussi l’adoption de sanctions individuelles à l’encontre des individus nommés.

Enfin, le rapport intermédiaire replace les crimes documentés dans leur contexte historique sur le plus long terme. Il fait valoir que le gouvernement et l’armée ont alimenté un climat dans lequel les discours de haine prospèrent, les violations des droits humains sont légitimées et les incitations à la violence et à la discrimination facilitées.

Les conclusions de la Mission d’établissement des faits étaient attendues dans la perspective d’appuyer les revendications de plus en plus fortes de justice internationale.

Dans un communiqué du 24 août 2018, Info Birmanie enjoint à la France d’appuyer une saisine de la CPI par le Conseil de sécurité des Nations Unies.

Rohingya : un an … et si peu d’avancées

Rohingya : un an … et si peu d’avancées

Le 25 août 2018 marque les un an du début de la violente offensive militaire à l’encontre de la minorité Rohingya en Birmanie, officiellement en réaction à l’attaque simultanée de postes de police menée par l’Armée du Salut des Rohingya d’Arakan (ARSA). Face à l’ampleur des violences, ce sont près de 700 000 Rohingya qui ont dû fuir la Birmanie et trouver refuge au Bangladesh, rejoignant ainsi les 200 000 qui avaient déjà fui les vagues de persécution antérieures.

Une situation humanitaire dégradée

Aujourd’hui, ce sont toujours plus de 900 000 Rohingya qui vivent dans des camps au Bangladesh. Le camp de Kutupalong-Balukhali, où vivent près de 600 000 réfugiés, est d’ailleurs le camp de réfugiés le plus grand et le plus densément peuplé.

Les conditions matérielles, sanitaires et sécuritaires y sont particulièrement difficiles et elles tendent à se dégrader. Dans un communiqué commun du 16 mars 2018, le Haut-Commissariat aux Réfugiés (HCR) et l’OIM (Office International des Migrations) indiquaient que plus de 150 000 réfugiés sont exposés à un risque d’inondation et de glissement de terrain. Et le projet de relocalisation de réfugiés Rohingya sur l’île de Bhasan Char annoncé par les autorités bangladaises suscite l’inquiétude des acteurs humanitaires, tant du point de vue de la viabilité du site que de son isolement géographique.

Le Bangladesh, qui fait face à un défi de prise en charge énorme, insiste sur le caractère provisoire de l’accueil des Rohingya sur son territoire. Mais dans le même temps, ces derniers se retrouvent actuellement sans perspective de retour sécurisé dans leur pays. Et des Rohingya continuent de traverser la frontière pour trouver refuge au Bangladesh en raison de leurs craintes de persécution en Birmanie, comme l’indique le HCR dans ses derniers rapports.

Les accords de rapatriement et la difficile question du retour

Les accords que la Birmanie a signé pour le rapatriement des Rohingya, tant avec le Bangladesh (23/11/17), qu’avec le HCR et le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) (06/06/18), soulèvent bien des inquiétudes. Théoriquement, l’accord signé avec le HCR et le PNUD vise à permettre à l’ONU d’aider les autorités birmanes à créer des conditions propices à un retour volontaire et sécurisé, mais début août 2018 le HCR et le PNUD déploraient ne toujours pas avoir « un accès effectif » à l’Etat d’Arakan. Cette situation de blocage de la part des autorités birmanes reste d’actualité.

Les Rohingya questionnés dans les camps sur un éventuel retour souhaitent pouvoir rentrer chez eux, mais ils veulent pouvoir s’assurer qu’ils ne seront plus exposés à des violences, que leur citoyenneté sera reconnue et leurs droits respectés, notamment leur liberté de mouvement (rapport HRW « Bangladesh is not my country », Août 2018). En juillet 2018, le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, en visite dans un camp, déclarait : « À Cox’s Bazar, Bangladesh, j’ai entendu à l’instant d’inimaginables récits de tueries et de viols de la part de réfugiés rohingyas qui ont récemment fui… Ils veulent la justice et un retour chez eux dans des conditions sûres ».

Mais quelles seront les modalités concrètes de mise en œuvre de ces accords de rapatriement si la politique de la Birmanie à l’encontre des Rohingya ne change pas ? Quelles sont les garanties dont ils disposent ? Aujourd’hui, les conditions d’un retour volontaire, sûr et respectueux des droits des Rohingya ne sont absolument pas réunies. Ces conditions sont une question centrale et la communauté internationale doit s’assurer que le retour des Rohingya ne s’effectue pas au détriment de leur sécurité et de leurs droits. Dans un communiqué du 21 août 2018, HRW rapporte que des Rohingya ayant récemment traversé la frontière pour rentrer en Birmanie ont été torturés par les forces de sécurité birmanes. Les quelques 120 000 Rohingya qui avaient été déplacés par les violences de 2012 survivent aujourd’hui encore dans des camps dans un environnement très dégradé, privés de toute liberté de mouvement.

Des crimes contre l’humanité documentés, voire des « éléments de génocide »

Les opérations militaires de l’armée birmane contre les Rohingya ont été particulièrement violentes et meurtrières. Bien que la Birmanie bloque l’accès à son territoire à toute équipe d’observateurs ou d’enquêteurs internationaux, de nombreuses informations ont pu être recueillies sur les crimes contre l’Humanité visant les Rohingya grâce aux témoignages de réfugiés et à l’utilisation de satellites. Les rapports tant de l’ONU que de nombreuses ONG de défense des droits de l’Homme documentent le « nettoyage ethnique » subi par les Rohingya et évoquent pour certains des « éléments de génocide ».

Dans un rapport publié le 21 novembre 2017, Amnesty International dénonçait par ailleurs le « système de discrimination cautionnée par l’Etat, institutionnalisée, qui s’apparente à de l’apartheid » instauré dans l’état d’Arakan et expliquait que « la violente campagne de nettoyage ethnique des forces de sécurité au cours des trois derniers mois n’est que la manifestation extrême de cette politique scandaleuse ». Lors de la session extraordinaire du 5 décembre 2017 du Conseil des droits de l’Homme des Nations Unies sur la situation en Birmanie, le Haut-Commissaire aux droits de l’homme, M. Zeid Ra’ad Al Hussein, a condamné « les attaques généralisées, systématiques et brutales contre les musulmans Rohingya. »

Sont attendues dans les semaines qui viennent un rapport d’investigation du Département d’Etat américain, sur la base de témoignages recueillis au Bangladesh. La mission d’établissement des faits sur la situation des droits humains en Birmanie, établie en mars 2017 par le Conseil des droits de l’Homme des Nations Unies en réponse à l’offensive militaire menée en octobre 2016 contre les Rohingya, doit également remettre ses conclusions.

La Birmanie a entravé les déplacements de cette mission sur son territoire, mais celle-ci n’en a pas moins recueilli des centaines de témoignages au Bangladesh, en Thaïlande et en Malaisie. L’un des membres de la mission, l’ancien commissaire australien aux droits de l’Homme, Christopher Sidoti, fait valoir que « Les modèles de violence observés depuis l’année dernière ne le sont pas seulement dans l’Etat d’Arakan, ils sont en ligne avec ceux des abus contre les minorités « en général en Birmanie » ». La mission doit soumettre son rapport lors de la prochaine session ordinaire du Conseil des droits de l’Homme des Nations Unies qui débute le 10 septembre 2018. La situation de la Birmanie devrait y être abordée le 18 septembre.

Force est donc de constater que ce ne sont pas les informations qui font défaut à la communauté internationale.

La réponse de la communauté internationale

Mais en dépit d’une forte médiatisation et de nombreux rapports et déclarations, il y a eu peu d’actions concrètes. La volonté affichée de ne pas porter atteinte à la transition démocratique birmane semble impacter les prises de position et actions des principaux acteurs susceptibles d’influer sur le terrain.

  • Les sanctions individuelles

Le 25 juin 2018, l’Union Européenne et le Canada ont adopté des sanctions visant cinq généraux de l’armée et deux hauts gradés de la police de sécurité et de la police des frontières. Ces sanctions consistent en un gel de leurs éventuels avoirs dans l’Union Européenne, doublé d’une interdiction de séjour sur le territoire de l’Union. Le 21 décembre 2017, les Etats-Unis avaient adopté des sanctions individuelles à l’encontre d’un général de l’armée birmane, avant d’adopter de nouvelles sanctions le 17 août 2018 à l’encontre de quatre haut-gradés et de deux divisions d’infanterie militaire. Ces sanctions américaines visent de surcroît à empêcher les relations d’affaires entre les entreprises américaines et les individus visés.

Cependant, ces sanctions, nécessaires mais tardives, sont loin d’être suffisantes et de nombreux hauts responsables militaires responsables de violations des droits humains ne sont pas visés, en particulier le Commandant-en-chef de l’armée gouvernementale birmane Min Aung Hlaing, aux commandes des opérations militaires et notamment de celles qui ont pris place dans le nord de l’état d’Arakan à partir du 25 août 2017.

Au-delà de ces sanctions individuelles, l’ONU n’a toujours pas imposé un embargo sur les armes et aucun pays n’a adopté de sanctions économiques ciblant les entreprises détenues ou contrôlés par des membres de l’armée birmane.

  • La justice / la Cour Pénale Internationale

A ce jour, le Conseil de sécurité des Nations Unies n’a pas davantage déféré la situation des Rohingya à la Cour Pénale Internationale (CPI).

Pourtant, un nombre croissant d’acteurs, parmi lesquels des membres de la société civile birmane et de nombreuses ONG de défense des droits humains, appellent à la saisine de la CPI par le Conseil de sécurité des Nations Unies. Dans un appel conjoint du 24 août 2018, 132 parlementaires de l’Asie du Sud-est, parmi lesquels 22 parlementaires de l’APHR (ASEAN Parliamentarians for Human Rights) appuient cette revendication.

Il ressort aussi des témoignages recueillis par les ONG de défense des droits humains que les Rohingya expriment une forte revendication de justice, qui passe notamment par la saisine de la CPI.

Il est à noter que le Canada et la Suède sont les seuls Etats à ce jour à avoir porté cette revendication de manière officielle.

Or l’enjeu est crucial et global, car il s’agit de mettre un terme à l’impunité en Birmanie, face à des violations massives des droits humains qui impactent d’autres minorités opprimées par l’armée, notamment dans les états Shan et Kachin.

L’accès à la justice internationale est rendu plus complexe car la Birmanie n’a pas ratifié le Statut de Rome, le traité fondateur de la CPI. En avril 2018, la Procureure de la CPI, Fatou Bensouda, a cependant soulevé la question de savoir si la CPI pourrait néanmoins exercer sa juridiction étant donné la déportation de Rohingya sur le territoire du Bangladesh, qui lui est un Etat partie au Statut de Rome. Cette procédure inédite et incertaine, de l’aveu même de la Procureure, est actuellement en cours d’examen. Sollicitée par la Procureure pour soumettre des observations, la Birmanie a refusé de coopérer avec la CPI.

La publication de la mission d’établissement des faits mandatée par le Conseil des droits de l’Homme des Nations Unies devrait pousser les membres du Conseil de sécurité à prendre position pour la justice internationale.

L’Union européenne et la France ont un rôle important à jouer, en particulier dans la construction d’un consensus sur la question, face au veto redouté de la Chine et de la Russie. Le Conseil de sécurité, dont la prochaine session d’information sur la Birmanie doit avoir lieu le 28 août 2018, doit saisir la CPI.

La rapporteuse spéciale des Nations Unies sur la situation des droits de l’Homme en Birmanie, Mme Yanghee Lee, avait également défendu la mise en place d’un mécanisme ad hoc d’enquête au niveau de l’ONU dans le but de faciliter toute procédure judiciaire à venir dans le respect des standards internationaux. La création de ce mécanisme doit être soutenue.

La position de la Birmanie n’évolue pas

Car depuis le début des événements, les autorités birmanes récusent l’existence du nettoyage ethnique subi par les Rohingya et continuent de mettre en avant une « menace terroriste » pour justifier leurs opérations. Elles accusent la communauté internationale de partialité et n’ont mené aucune enquête effective et indépendante.

C’est la raison pour laquelle l’indépendance et l’effectivité de la dernière commission nationale d’investigation en date sur la situation dans l’état d’Arakan sont sérieusement mises en doute. La présidente de cette commission, Mme Rosario Manolo, ancienne diplomate philippine, a d’ailleurs fait valoir en août 2018 qu’il ne s’agissait pas de faire rendre des comptes. Face au pouvoir des militaires en Birmanie, le cadre légal pour mener des investigations indépendantes n’existe pas.

Or faire rendre des comptes aux auteurs des crimes perpétrés en Birmanie, un an après le nouvel exode massif des Rohingya victimes de nettoyage ethnique, est une exigence première sur laquelle la communauté internationale ne peut pas transiger.

 

Rohingya : la France doit appuyer une saisine de la CPI par le Conseil de sécurité des Nations Unies

Rohingya : la France doit appuyer une saisine de la CPI par le Conseil de sécurité des Nations Unies

Le 24 août 2018

Il y a un an débutait l’opération militaire menée par l’armée birmane dans l’état d’Arakan, dont l’ampleur et la violence allaient entraîner l’exode de plus de 723 000 Rohingya.

Dans les mois qui ont suivi, les crimes documentés par de nombreux témoignages et des images satellite ont été qualifiés par l’ONU : crimes contre l’Humanité, nettoyage ethnique, voire éléments de génocide. Ils ont aussi été replacés dans leur contexte : le régime sous lequel vivent les Rohingya en Birmanie s’apparente à un régime d’apartheid (Amnesty International, 11/2017).

Un an après, le Bangladesh accueille plus de 900 000 Rohingya et des Rohingya continuent de fuir la Birmanie (HRW, 08/2018).  La signature par la Birmanie d’accords pour le rapatriement des Rohingya, avec le Bangladesh puis avec le HCR et le PNUD, n’a pas modifié la donne. Le 21 août 2018, l’ONU a rappelé que ses équipes ne disposaient toujours pas d’un accès effectif à l’état d’Arakan.

Et les Rohingya sont aujourd’hui sans perspective de retour volontaire, sûr et digne dans leur pays, où ils ne disposent d’aucune garantie quant à la reconnaissance de leur citoyenneté et au respect de leurs droits, notamment de leur liberté de mouvement.

Les Rohingya qui témoignent expriment une forte revendication de justice, qui passe notamment par la saisine de la Cour Pénale Internationale.

Et c’est au nom de cette revendication, portée par un nombre croissant d’acteurs, diaspora, société civile, députés de l’Asie de sud-est, que nous interpellons la France sur son action pour la justice.

Le 6 novembre 2017, le Conseil de sécurité avait adopté une déclaration présidentielle à l’initiative de la France et du Royaume-Uni, qui appelait notamment à ce que les responsables de violations des droits de l’Homme soient poursuivis devant la justice.

Aujourd’hui, il n’y a eu aucune avancée sur ce terrain.

Depuis le début des événements, les autorités birmanes récusent l’existence du nettoyage ethnique subi par les Rohingya et continuent de mettre en avant une « menace terroriste » pour justifier leurs opérations. Elles accusent la communauté internationale de partialité et n’ont mené aucune enquête effective et indépendante sur les crimes commis. La dernière commission nationale d’investigation mise en place n’est, de l’aveu même de sa présidente, pas chargée de faire rendre des comptes.

La publication attendue des conclusions de la mission d’établissement des faits mandatée par le Conseil des droits de l’Homme des Nations Unies à l’occasion de sa prochaine session en septembre 2018 doit faire bouger les lignes.

Le 28 août 2018, la situation de la Birmanie sera abordée devant le Conseil de sécurité des Nations Unies pour une session d’information.

La communauté internationale doit adresser un message fort et clair à Min Aung Hlaing, Commandant en chef des formées armées birmanes : les crimes commis ne resteront pas impunis.

Nous appelons la France à :

  • Prendre officiellement position en faveur de la saisine de la CPI par le Conseil de sécurité des Nations Unies, comme l’a fait le Canada
  • Appuyer la saisine de la CPI par le Conseil de sécurité des Nations Unies
  • Construire un consensus sur cette question auprès de ses partenaires, pour influer sur les positions de la Chine et de la Russie
  • Soutenir la mise en place d’un mécanisme ad hoc d’enquête au niveau de l’ONU, dans le but de faciliter toute procédure judiciaire à venir dans le respect des standards internationaux

 

Contact presse :
Camille Cuisset, coordinatrice d’Info Birmanie
camille@info-birmanie.org / 07 62 80 61 33

Version PDF