Le gouvernement birman ordonne à Médecins Sans Frontières de quitter l’État d’Arakan

Le gouvernement birman ordonne à Médecins Sans Frontières de quitter l’État d’Arakan

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Au début du mois de février, des bouddhistes de l’État d’Arakan ont accusé Médecins Sans Frontières (MSF) d’accorder un traitement préférentiel aux musulmans Rohingyas de la région. Suite aux violences du mois de janvier dans le village de Du Chee Yar Ta, l’organisation humanitaire a confirmé avoir soigné 22 personnes. Cette déclaration a accentué le mécontentement des activistes bouddhistes qui ont organisé des manifestations et demandé le départ de l’ONG.

Les bouddhistes Arakanais reprochent à MSF de ne pas avoir communiqué clairement sur les événements et d’être à l’origine de « mauvaises informations ». Ces accusations sont directement liées aux déclarations du Bureau du Haut-Commissaire aux droits de l’homme des Nations unies qui a indiqué avoir reçu des « informations crédibles » sur la mort d’au moins 48 Rohingyas suite aux violences du mois de janvier. MSF serait, aux yeux des bouddhistes Arakanais, cette source, et aurait menti.

Malgré les invitations de MSF à dialoguer, les manifestants ont refusé de s’entretenir avec l’organisation et ont manifesté pendant plusieurs jours. « Nous attendons seulement de voir si le Président Thein Sein va écouter les demandes de notre peuple ou non » a déclaré une des activistes Arakanaises.

Le gouvernement birman qui insistait également sur le fait qu’un seul policier avait trouvé la mort pendant les violences du mois de janvier, a finalement déclaré le 28 février que l’ONG internationale Médecins Sans Frontières devait quitter l’État.

Ye Htut, le porte-parole du président aurait déclaré que l’ONG employait des « Bengalis » (terme péjoratif utilisé à la place de « Rohingyas »), il a également critiqué la qualité des informations relayées suite aux violences du mois de janvier et le manque de transparence de MSF dans un État déchiré par les violences sectaires.

Présente en Birmanie depuis 1992, MSF s’est attaché à rester indépendante de la politique et des conflits pour être autorisée à soigner les populations les plus vulnérables sans distinctions ethniques ni religieuses. Depuis le regain des violences à l’encontre des musulmans en 2012, l’organisation a travaillé dans 15 camps de déplacés de l’État d’Arakan. Son contrat ne sera pas renouvelé et elle risque d’être interdite dans l’ensemble du pays alors que l’ONG constitue très souvent le seul recours des populations pour accéder aux soins. En effet, ces personnes, en grande majorité musulmane, n’ont souvent ni le droit de circuler en dehors des camps, ni les moyens d’accéder aux hôpitaux bouddhistes.

Pour en savoir plus :

–          Pour en savoir plus sur les événements du mois de janvier : lire ici
–          La Birmanie accusée de crime contre l’humanité à l’encontre des Rohingyas (Lire)
–          STOP au massacre des Rohingyas : Écrivez à Laurent Fabius! (Lire)

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