Communiqué d’Info Birmanie – 15 mai 2013
Un rapport de l’organisation Revenue Watch Institute, le [1], qui évalue la transparence et la redevabilité de 58 pays du monde dans les secteurs du pétrole, du gaz et de l’exploitation minière, classe la Birmanie à la dernière place du classement, attestant qu’aucune norme satisfaisante en matière de gestion de ses ressources naturelles n’a été mise en place.
L’Indice établit également un classement de 45 entreprises publiques du secteur pétrolier et de l’exploitation minière, en fonction de leurs niveaux de transparence et de redevabilité. L’entreprise nationale birmane se retrouve encore en bas du classement.
Dans le cadre d’un système économique birman opaque et corrompu, où des liens directs existent entre développement d’infrastructures, exploitation des ressources naturelles et violations des droits de l’homme et de l’environnement, la nécessité de transparence et de redevabilité des investissements étrangers en Birmanie semble primordiale. Info Birmanie appelle à la mise en œuvre d’une politique cohérente de responsabilité sociale et environnementale de la part des autorités birmanes et de tous les investisseurs étrangers. Chaque entreprise désireuse de s’implanter en Birmanie devra systématiquement prendre en compte les trois dimensions que sont l’environnement, le social/sociétal et la gouvernance.
Plusieurs secteurs industriels, en particulier l’extraction de ressources naturelles et les projets énergétiques, sont directement liés à la perpétration de violations des droits de l’homme et à la destruction de l’environnement. En effet, malgré les récentes réformes politiques, la Birmanie détient encore et toujours l’un des pires bilans au monde concernant les abus aux droits de l’homme.
Plus de vingt projets de barrages hydroélectriques de grande envergure sont en cours de construction à travers le pays, et une quarantaine de blocs pétroliers et gaziers sont en phase d’exploration. Tous ces projets ont en commun d’être financés et construits par des pays voisins (principalement la Chine et la Thaïlande) et l’énergie produite sera intégralement exportée vers ces mêmes pays, alors qu’environ 50% de la population de Birmanie n’a pas accès à l’électricité. Le mécontentement populaire grandit contre les projets de grande envergure menés aux quatre coins du pays par les voisins asiatiques. Ces investissements n’ont généré que peu d’emplois, tout en imposant aux populations locales un fardeau social et environnemental considérable.
Aucune loi internationale ne contraint les entreprises européennes qui développent des activités en dehors du territoire européen à suivre les règles et principes de fonctionnement de leur pays d’origine. Aujourd’hui le cadre juridique birman souffre de carences graves dans le domaine de la protection des droits des travailleurs, le respect de l’environnement, la réglementation du secteur privé ; et l’absence d’une institution judiciaire indépendante et la corruption endémique sont autant de freins à la mise en application de ces lois, dans l’un des pays les plus corrompus au monde.