Airbus se désengage d’une entreprise d’armement chinoise à la suite d’une campagne internationale

Airbus se désengage d’une entreprise d’armement chinoise à la suite d’une campagne internationale

Justice For Myanmar et Info Birmanie se félicitent de cette initiative et demandent à Airbus d’utiliser ses activités en Chine comme levier pour mettre fin à la fourniture d’armes à l’armée birmane.

Justice For Myanmar et Info Birmanie se félicitent de la décision d’Airbus de se désengager d’AviChina Industry & Technology Company Limited (AviChina), dont elle était le principal actionnaire international avec 5,03 %. L’investissement était évalué à 140 millions de dollars américains au 30 juin 2024.

Ce désinvestissement fait suite à une vaste campagne impliquant des organisations de la société civile, des groupes de grève, des syndicats, des manifestants et des particuliers du monde entier, qui ont fait campagne pour qu’Airbus use de son influence sur Aviation Industry Corporation of China (AVIC) afin qu’elle mette fin à ses relations commerciales avec l’armée de Birmanie (Myanmar), ou qu’elle se désinvestisse.

Un rapport publié en septembre 2024 par Justice For Myanmar et Info Birmanie a révélé l’investissement significatif d’Airbus dans la filiale d’AVIC cotée en bourse, AviChina Industry & Technology Company Limited.

Les produits d’AviChina comprennent l’avion léger d’entraînement et d’attaque K-8 et l’avion polyvalent Y-12, qui continuent tous deux d’être utilisés par l’armée de l’air birmane pour des frappes aériennes indiscriminées dans l’ensemble du pays.

Airbus a achevé son désinvestissement d’AviChina le 1er avril 2025 et l’a reconnu dans les informations financières publiées pour la période de trois mois se terminant le 31 mars. Dans une réponse par courriel à Justice For Myanmar et Info Birmanie, un porte-parole d’Airbus a confirmé : « Airbus SE a achevé la vente de la totalité de ses actions dans AviChina Industry & Technology Company Limited, une filiale d’Aviation Industry Corporation of China (AVIC). Airbus ne détient aucune participation dans AVIC ».

L’entreprise a refusé de faire d’autres commentaires, invoquant une plainte en cours auprès de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) aux Pays-Bas concernant les relations commerciales entre Airbus et AVIC, plainte déposée par une organisation de la société civile birmane.

Airbus reste un investisseur important dans l’industrie aéronautique chinoise, malgré la stratégie bien documentée de la Chine en matière de fusion entre le militaire et le civil. Comme le précise le rapport d’Airbusted, Airbus exploite de multiples entités juridiques en Chine, y compris des coentreprises, en grande partie avec AVIC et ses filiales.

Les partenariats d’Airbus avec des entreprises contrôlées par AVIC sont incompatibles avec les responsabilités d’Airbus en matière de diligence raisonnable dans le domaine des droits humains, car les entreprises opérant sous le contrôle d’AVIC continuent de fournir des armes – y compris des avions militaires – à l’armée birmane. Ce faisant, AVIC risque d’aider et de cautionner les crimes internationaux commis par l’armée de Birmanie.

On ne sait toujours pas dans quelle mesure, et si, Airbus a utilisé son influence sur AVIC pour s’opposer à la poursuite des exportations d’armes vers la junte birmane.

Pourtant, en vertu des normes internationales relatives aux entreprises et aux droits humains – notamment les principes directeurs des Nations Unies relatifs aux entreprises et aux droits de l’Homme et les principes directeurs de l’OCDE à l’intention des entreprises multinationales – Airbus devrait user de son influence pour faire pression sur AVIC afin qu’elle cesse toute relation commerciale avec l’armée de Birmanie (Myanmar) ou, en cas d’échec, qu’elle se désengage de manière responsable de ses partenariats avec AVIC.

En Birmanie, les attaques aériennes aveugles se sont poursuivies alors même que les secouristes recherchaient des survivants à la suite du tremblement de terre dévastateur dit de Sagaing, qui a frappé le pays en mars 2025.

L’armée de l’air birmane ne peut mener sa campagne de terreur aérienne que grâce à la fourniture continue d’avions et d’armes associées, de matériel essentiel et de services de maintenance, de réparation et de révision par des partenaires étrangers.

En investissant dans AviChina, Airbus soutenait financièrement et profitait du développement continue et de la commercialisation d’avions militaires par AviChina et de l’exportation de ces derniers vers l’armée birmane.

Yadanar Maung, porte-parole de Justice For Myanmar :

« Le désinvestissement d’Airbus envoie un signal fort à AVIC et au gouvernement chinois : la fourniture d’avions militaires et d’armements associés à la junte birmane a un coût financier et un coût réputationnel. »

« La Chine reste le principal fournisseur d’armes, de biens à double usage, de technologies et de formations à l’armée birmane. Cette complicité doit cesser. »

« Il est impératif qu’Airbus prenne des mesures supplémentaires et utilise l’influence qu’il a sur AVIC en Chine pour qu’il cesse tout soutien à l’armée birmane, ou qu’Airbus mette fin à ses activités avec AVIC. »

Johanna Chardonnieras, coordinatrice d’Info Birmanie :

« Ce désinvestissement doit être un signal d’alarme pour les autres entreprises, en particulier les entreprises européennes, directement ou indirectement impliquées avec la junte birmane. Il existe un cadre juridique aux niveaux national, européen et international, ainsi qu’une vaste documentation sur les crimes de guerre commis par la junte birmane, que les entreprises ne peuvent plus ignorer. »

« Le désinvestissement discret d’Airbus d’AviChina ne marque pas la fin d’une responsabilité, mais plutôt une prise de conscience. Il appartient désormais à nos institutions, en particulier aux institutions françaises, espagnoles et allemandes dont les gouvernements sont les trois principaux actionnaires d’Airbus, de faire toute la lumière sur les contrats et les liens entre Airbus et le groupe AVIC et ses filiales. »

« Les outils juridiques, tels que les sanctions européennes et le devoir de vigilance, doivent être appliqués. Lorsque nos institutions ne les appliquent pas, elles mettent en péril leur crédibilité, reléguant l’application de leurs décisions aux acteurs de la société civile. »

Ce communiqué de presse est disponible en français, en anglais et en birman.

Pour plus d’information :

Lire notre rapport Airbusted, disponible en français et anglais.

L’article de Disclose « Birmanie : Airbus impliqué dans l’armement de la junte militaire »



Rapport | Fermez le ciel

Rapport | Fermez le ciel

Les conséquences désastreuses de l’inaction sur le carburant d’aviation en Birmanie

Un rapport, riche de témoignages, publié par la Blood Money Campaign,  maintenant disponible en français.

Résumé

Cela fait plus de trois ans que l’armée birmane utilise diverses stratégies et tactiques pour réprimer le peuple en révolte depuis la tentative de coup d’État. L’armée birmane s’est également emparée des finances, de l’économie et des revenus tirés des ressources naturelles du pays. Les revenus commerciaux sont également utilisés à des fins militaires. Nous sommes notamment préoccupés par le fait que l’armée birmane détourne le carburant d’aviation commercial à des fins militaires pour cibler les civils. Ces frappes aériennes ont non seulement causé des pertes en vies humaines, mais elles ont également perturbé les moyens de subsistance, déplacé des communautés et détruit des infrastructures, aggravant encore la crise humanitaire.


La faiblesse des mécanismes de contrôle et l’insuffisance des sanctions ont permis non seulement le détournement de carburant d’aviation commercial à des fins militaires, mais aussi l’importation de carburant d’aviation directement par l’armée birmane. Dans ce contexte, les gouvernements des États-Unis, de l’Union Européenne et de l’ANASE doivent prendre des mesures bloquant l’accès de l’armée birmane à toute la chaîne d’approvisionnement en carburant d’aviation en collaborant avec les organisations de sociétés civiles, les instituts de recherche et les défenseurs des droits humains pour surveiller les itinéraires d’expédition et les installations de stockage afin d’adopter des mesures de contrôle, garantissant l’utilisateur final.


Fermez le ciel : Les conséquences désastreuses de l’inaction sur le carburant d’aviation en Birmanie | Blood Money Campaign

Rapport complet en français disponible ICI


La junte birmane reçoit de nouveaux avions d’AVIC, proche partenaire d’Airbus, contribuant à des attaques aériennes indiscriminées

La junte birmane reçoit de nouveaux avions d’AVIC, proche partenaire d’Airbus, contribuant à des attaques aériennes indiscriminées

23 décembre 2024

La junte militaire birmane a mis en service au moins huit nouveaux avions fournis par l’Aviation Industry Corporation of China (AVIC), un partenaire proche du géant européen de l’aérospatiale Airbus qui y détient des parts.

Un examen des médias contrôlés par la junte lors de l’anniversaire de l’armée de l’air birmane, qui a eu lieu le 15 décembre 2024, montre un avion d’attaque léger Hongdu K-8 (numéro de queue MAF/3941), au moins six avions de combat légers FTC-2000G (dont les numéros de queue MAF/1407, MAF/1411, MAF/1412 et MAF/1413) et un avion de transport militaire Shaanxi Y-8 (numéro de queue MAF/5922).

Ces types d’avions sont régulièrement utilisés par la junte militaire pour effectuer des frappes aériennes indiscriminées sur la population civile. Entre février 2021 et août 2024, la junte a tué, à minima, 1749 civils dans des milliers de frappes aériennes en toute impunité.

Le dernier transfert de nouveaux avions AVIC montre que l’entreprise continue d’aider et de soutenir les crimes de guerre perpétrés par la junte.

Malgré l’attention croissante du public et les preuves des graves violations des droits humains, impliquant AVIC, Airbus a publiquement nié tout investissement préjudiciable.

Une enquête menée par Info Birmanie et Justice For Myanmar a établi le lien entre Airbus et AVIC, qui a livré de nombreux avions à l’armée birmane, notamment depuis la tentative de coup d’État de 2021 et en dépit du règlement n° 401/2013 du Conseil de l’Union Européenne concernant des mesures restrictives à l’encontre du Myanmar/Birmanie.

Cette situation a donné lieu à des manifestations exigeant qu’Airbus utilise son influence sur AVIC pour mettre fin aux livraisons continues d’avions militaires, d’armes et de services de maintenance, de réparation et de révision d’aéronefs à la junte de Birmanie.

Dans une récente déclaration publique, Airbus a défendu sa relation avec AVIC, qu’il décrit comme « un groupe public chinois d’entreprises d’aviation civile, d’aérospatiale et de défense », et a confirmé qu’il détient une participation de 5 % dans AviChina Industry & Technology Company Limited (AviChina), faisant d’Airbus le premier actionnaire international de cette filiale clé d’AVIC.

Alors qu’Airbus insiste sur le fait que sa participation financière et ses relations commerciales avec AVIC « sont exclusivement axées sur l’aviation civile et les services », il est impossible de dissocier les activités civiles et militaires d’AVIC, notamment en raison de la politique chinoise de fusion entre le militaire et le civil, qui intègre la recherche civile dans les industries militaires.

Dans ce contexte, nous ne voyons pas comment Airbus peut garantir que son activité avec AVIC est limitée à l’aviation civile et notons qu’Airbus n’a pas pris en compte cette situation dans son plan de vigilance.

En tant qu’actionnaire d’AviChina, Airbus est tenu de respecter les normes internationales en matière de commerce et de droits humains, notamment les principes directeurs de l’OCDE à l’intention des entreprises multinationales, qui exigent des entreprises qu’elles fassent preuve d’une diligence raisonnable en matière de droits humains dans le cadre de leurs relations d’affaires.

La position d’Airbus contraste fortement avec les actions d’autres investisseurs institutionnels, notamment le fonds souverain norvégien et d’importants investisseurs et fonds de pension néerlandais, qui se sont tous retirés d’AviChina en raison de préoccupations éthiques et des risques pour les droits humains posés par le transfert par AVIC de matériel militaire vers la Birmanie.

La défense par Airbus de son partenariat avec AVIC soulève de sérieuses questions quant à son engagement à réduire le risque que ses investissements contribuent à porter atteinte aux droits humains.

Le déni public d’Airbus de toute responsabilité éthique n’a fait qu’intensifier les appels à la responsabilité, y compris des manifestations en Birmanie et à Londres, ainsi qu’une lettre ouverte adressée au PDG d’Airbus, Guillaume Faury, par plus de 300 organisations internationales et locales de la société civile, dont Justice For Myanmar et Info Birmanie, appelant à mettre fin à tous les investissements dans des entreprises qui permettent les crimes de guerre commis par la junte militaire birmane.

La lettre demande à Mr. Faury de prendre « la responsabilité de s’assurer que vous ne permettez pas des crimes d’atrocité par les liens financiers et stratégiques d’Airbus avec AVIC et ses sociétés directement associées telles que AviChina ».

Si Airbus veut se conformer aux normes internationales en matière de droits humains, l’entreprise doit user de son influence sur AVIC pour mettre un terme au flux continu d’armes, d’avions militaires et de services de maintenance fournis à l’armée birmane par AVIC et ses filiales.

Pour plus d’informations

Lire le rapport #Airbusted en français et en anglais ici et l’article de Disclose « Birmanie : Airbus impliqué dans l’armement de la junte militaire »

Communiqué en anglais, format PDF

Communiqué en français, format PDF

#AIRBUSTED

#AIRBUSTED

Comment un proche partenaire d’Airbus, AVIC, fournit des armes à l’armée birmane et ce qu’Airbus devrait faire à ce sujet

Le géant français de l’aérospatiale Airbus est un investisseur et un partenaire d’ Aviation Industry Corporation of China-AVIC, un fournisseur clé d’aéronefs de l’armée birmane, qui sont utilisés pour commettre des crimes internationaux.

Airbusted, un rapport conjoint avec Justice For Myanmar, détaille les affaires d’AVIC avec l’armée birmane et les liens d’Airbus avec AVIC. Malgré le rôle évident d’AVIC dans l’armement de la junte birmane, Airbus a non seulement maintenu, mais augmenté ses investissements et sa collaboration avec les entreprises d’AVIC.

Justice For Myanmar et Info Birmanie demandent à Airbus d’utiliser son influence pour faire pression sur AVIC afin qu’elle cesse toute activité avec l’armée birmane, ou qu’Airbus se désengage de manière responsable.

Notre rapport en français et notre communiqué de presse

Lire l’article de Disclose « Birmanie : Airbus impliqué dans l’armement de la junte militaire »

Our report in english and our press release in burmese

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« Airbus ferme les yeux depuis trop longtemps sur les affaires douteuses conclues par AVIC avec la brutale junte militaire du Myanmar.


« Avec la documentation et les rapports crédibles des Nations Unies sur la crise des droits humains au Myanmar, Airbus devait savoir que son partenaire commercial clé, AVIC, fournissait des aéronefs, des armes et des services de maintenance technique à la junte du Myanmar.


« Airbus et ses États actionnaires doivent mettre fin au flux d’armes d’AVIC vers l’armée génocidaire du Myanmar, ou s’assurer qu’Airbus cesse définitivement ses activités avec AVIC.


« Comment prendre au sérieux les condamnations de l’Espagne, de l’Allemagne et de la France si leurs investissements soutiennent la junte au Myanmar ?


Yadanar Maung, porte-parole de Justice For Myanmar

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« De multiple outils ont été mis en place, en France, au niveau européen et international pour garantir la responsabilité des entreprises. Notre enquête établit de sérieux doutes sur la capacité d’Airbus à les respecter sur la conflit birman.


« Airbus n’est pas une entreprise comme les autres, de par sa production liée à la défense et du fait de l’identité de ses actionnaires fixes : des Etats. Les gouvernements français, espagnol et allemand ont une responsabilité et un devoir d’agir lorsque le partenaire d’Airbus est lié à des crimes de guerre.


« Les gouvernements français, espagnol et allemand, aux côtés de l’Union Européenne ont condamné les atrocités commises en Birmanie. Aujourd’hui ils ont l’occasion de montrer leurs capacité d’actions, en cohérence avec leurs discours, valeurs et prise de sanctions.

Johanna Chardonnieras, coordinatrice d’Info Birmanie