Bureau du Haut-Commissariat aux droits de l’Homme
Préoccupations concernant les prochaines élections au Myanmar
Porte-parole du Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme : Jeremy Laurence, accompagné de James Rodehaver, chef de l’équipe Myanmar (via Zoom depuis Bangkok)
Traduction d’Info Birmanie. Le texte d’origine en anglais est disponible ici.
Le mois prochain, une partie de la population du Myanmar/Birmanie commencera à voter lors d’une élection imposée par la junte. Ce scrutin contrôlé par les militaires se déroulera dans un climat de menaces et de violences, mettant la vie des civils en danger.
L’insécurité croissante et l’absence de mesures visant à protéger les civils suscitent de graves inquiétudes quant à la sécurité des électeurs qui choisissent – ou sont forcés – de participer.
Ces élections se déroulent également dans un contexte où l’armée réprime activement la participation. De nombreux grands partis politiques sont exclus, et plus de 30 000 opposants politiques, dont des membres du gouvernement démocratiquement élu et des représentants politiques, ont été détenus depuis 2021.
La discrimination domine également le processus électoral : les Rohingyas, les Tamouls, les Gurkhas, les Chinois, entre autres, sont exclus du vote. La société civile et les médias indépendants ont peu ou pas de voix. L’armée a intensifié la surveillance électronique de masse pour identifier les dissidents, et l’on craint que cela ne soit utilisé dans les bureaux de vote.
En outre, l’armée ne contrôle pas de vastes zones du pays et ne pourra pas couvrir l’ensemble du territoire de manière significative et représentative. Quelque 56 cantons, où des déclarations de loi martiale sont toujours en vigueur, seront exclus. Dans 31 cantons lors du premier tour, aucun vote n’aura lieu en raison de l’absence de candidats.
Loin d’être un processus susceptible d’ouvrir la voie à une transition politique vers la stabilité et le rétablissement d’un gouvernement civil et démocratique, le Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’homme, Volker Türk, affirme que ce processus semble presque certain d’ancrer encore davantage l’insécurité, la peur et la polarisation dans tout le pays. La priorité absolue doit être de mettre fin à la violence et de garantir l’acheminement de l’aide humanitaire.
Compte tenu de la situation, il est également particulièrement choquant qu’un État renvoie de force des ressortissants du Myanmar/Birmanie qui ont fui le pays par crainte. Dans ce contexte de violations très graves des droits humains, le Haut-Commissaire exhorte les États-Unis à reconsidérer leur intention de mettre fin à leur programme de statut de protection temporaire (TPS) pour les ressortissants du Myanmar/Birmanie.