Déclaration conjointe : l’APHR et des membres du Parlement européen appellent à une action renforcée de l’UE pour rejeter les élections de la junte du Myanmar/Birmanie et donner la priorité à la protection humanitaire

17 octobre 2025

Traduction d’Info Birmanie, le texte d’origine disponible ici en anglais

Bruxelles, le 17 octobre 2025 — Aujourd’hui, des membres des Parlementaires de l’ASEAN pour les droits humains (APHR), rejoints par des députés du Parlement européen, se sont réunis pour attirer l’attention sur la crise humanitaire transfrontalière croissante qui touche les réfugiés rohingyas à Cox’s Bazar et les personnes déplacées à l’intérieur du Myanmar (Birmanie).

Face à la violence incessante, aux déplacements massifs, à l’effondrement des services et à la réduction de l’accès humanitaire, la situation exige une action internationale immédiate. Près de 22 millions de personnes ont besoin d’aide, dont plus de 3 millions de déplacés internes, subissant des frappes aériennes répétées, la violence et la destruction de leurs écoles, hôpitaux et habitations, tandis que des milliers d’autres restent bloqués le long de la frontière thaïlando-birmane, avec une aide humanitaire gravement sous-financée. Pendant ce temps, les réfugiés rohingyas de Cox’s Bazar font face à une diminution de l’aide, à des pénuries alimentaires et à un blocage des efforts de rapatriement.
Nous faisons écho aux conclusions initiales de l’APHR à l’issue de sa récente visite dans les camps de réfugiés rohingyas à Cox’s Bazar : les besoins désespérés dans ces camps nécessitent une action urgente et collective de l’ASEAN et de la communauté internationale.

Les récentes mesures prises par la junte militaire du Myanmar (Birmanie) — y compris la restructuration des institutions étatiques, l’imposition de la loi martiale dans 63 cantons, la suspension des protections juridiques prévues par les articles 5, 7 et 8 de la Loi sur la vie privée et la sécurité, ainsi que la préparation d’une élection frauduleuse en décembre — ont aggravé la souffrance des civils et rendu la survie de base encore plus précaire.
Ces mesures ne créent en aucun cas les conditions d’une gouvernance crédible ni celles permettant un retour sûr et volontaire des réfugiés et des personnes déplacées. La position de l’ASEAN selon laquelle « des élections ne sont pas une priorité tant que la violence ne cesse pas » doit être respectée : aucun acteur international ne doit légitimer un scrutin organisé sous un régime militaire.

Conformément à la position de l’APHR, nous exhortons l’Union Européenne à renforcer son soutien à la démocratie et aux droits humains au Myanmar (Birmanie). En particulier, l’UE doit intensifier les sanctions et la pression diplomatique sur les dirigeants de la junte. L’APHR a maintes fois souligné que l’ASEAN et ses partenaires doivent mener une « isolation diplomatique de la junte » et imposer des « sanctions ciblées » dans le cadre d’une réponse décisive.

L’embargo actuel de l’UE sur les armes destinées au Myanmar (Birmanie) doit être rigoureusement appliqué et étendu ; nous nous joignons à l’APHR pour demander un embargo complet sur les armes et une interdiction du carburant d’aviation afin de neutraliser les frappes aériennes de la junte.

Dans le même temps, il faut reconnaître et soutenir les efforts courageux des forces démocratiques du Myanmar (Birmanie) ainsi que les initiatives de « fédéralisme par la base ».
Les organes communautaires et ethniques de gouvernance, qui mettent en œuvre des services de santé et d’éducation inclusifs et promeuvent les Articles relatifs à l’accord transitoire fédéral (AFTA) en tant que feuille de route vers une union démocratique fédérale, méritent un soutien et une reconnaissance internationale durables.

À la lumière de ces développements, nous appelons l’Union européenne, ses États membres et ses partenaires internationaux à placer la protection humanitaire et l’aide vitale au cœur de leur agenda de solidarité internationale. Nous les exhortons à :

  1. Refuser de reconnaître toute élection ou tout gouvernement soutenu par la junte ; au contraire, toutes les parties doivent exiger un cessez-le-feu immédiat et la libération des prisonniers politiques avant toute transition crédible ;
  2. Soutenir le fédéralisme par la base (federalism from bottom-up) en renforçant la reconnaissance politique et le soutien aux acteurs démocratiques légitimes du Myanmar (Birmanie), notamment le Gouvernement d’unité nationale (NUG), les organisations révolutionnaires ethniques (ERO) et la société civile, en tant que partenaires clés pour façonner un avenir fédéral et démocratique ;
  3. Augmenter le financement humanitaire pour les réfugiés rohingyas à Cox’s Bazar (Bangladesh), les personnes déplacées internes au Myanmar/Birmanie et les réfugiés à la frontière thaïlando-birmane ;
  4. Renforcer les sanctions ciblées et maintenir la pression diplomatique sur la junte, y compris un embargo complet sur les armes pour mettre fin aux atrocités et violations des droits humains, ainsi qu’une interdiction du carburant d’aviation pour stopper les frappes aériennes ;
  5. Consolider la coopération UE-ASEAN afin d’assurer une position unifiée et fondée sur des principes qui donne la priorité aux droits humains et à la justice au Myanmar (Birmanie).

Enfin, cette déclaration conjointe réaffirme l’engagement continu de l’APHR en faveur de la démocratie et des droits de l’homme en Asie du Sud-Est, et vise à promouvoir une coopération plus étroite entre l’UE et l’ASEAN sur les questions qui touchent les populations du Myanmar (Birmanie), les Rohingyas et d’autres communautés marginalisées.

Comme l’a souligné l’APHR, « il n’y a pas d’avenir dans l’indifférence » face à la campagne de terreur de la junte. Les institutions et le Parlement européens, aux côtés des parlementaires d’Asie du Sud-Est, doivent agir dès maintenant pour défendre la paix, les droits humains et les aspirations démocratiques au Myanmar (Birmanie).


Citations de parlementaires

Wouter Beke, député européen, président de la délégation du Parlement européen pour les relations avec les pays d’Asie du Sud-Est et l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN) :

« Une fois de plus, nous condamnons fermement la violence en cours au Myanmar, les élections truquées planifiées et les violations des droits humains. Nous appelons à la mise en œuvre complète du plan de paix en cinq points, à l’intensification des sanctions, à un soutien accru à la résistance démocratique et à une aide humanitaire urgente. Nous exigeons la responsabilité et affirmons notre solidarité avec le peuple du Myanmar/Birmanie dans sa lutte pour la démocratie et la paix. »

Mercy Chriesty Barends, présidente de l’APHR et membre de la Chambre des représentants d’Indonésie :

« Nous sommes solidaires du peuple du Myanmar et des réfugiés rohingyas, et réaffirmons notre engagement commun pour un avenir démocratique fondé sur la justice. Cette mission de l’APHR à Bruxelles souligne l’appel urgent du réseau — les considérations humanitaires doivent guider les politiques. »


Note à la rédaction :
Cette déclaration conjointe est publiée dans le cadre de la mission internationale de plaidoyer de l’APHR auprès du Parlement européen et de la Commission européenne, du 14 au 18 octobre 2025, réunissant des parlementaires actuels et anciens de toute l’Asie du Sud-Est pour dialoguer avec les institutions de l’UE, les médias internationaux et les communautés de la diaspora du Myanmar/Birmanie.